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345. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Lorsque les Juifs furent prêts de quitter la Judée, & de partir pour être captifs à Babilone, le Seigneur leur parla en ces termes, par son Prophete Jeremie : enfans d’Israël, lorsque vous serés arrivés à Babilone, vous verrés les Peuples qui porteront sur leurs épaules des Dieux d’or & d’argent, de pierre & de bois, pour donner de la crainte aux Nations ; donnés-vous bien de garde de vous laisser entraîner au torrent du mauvais exemple : & ne craignés pas comme les autres ces Divinités impuissantes & chimeriques ; & voiant devant & derriere vous la multitude qui adore ces Idoles, dites dans le fond de vos cœurs : c’est vous seul, ô mon Dieu, qu’il faut adorer : c’est vous seul que nous voulons adorer, & qui seul merités d’être adoré ;* dicite in cordibus vestris : te oportet adorari Domine. […] Je renonce aux maximes de ce monde trompeur : je déteste ses Loix : je ne veux point de commerce avec un Peuple qui vous méconnoît : j’ai en horreur les fausses Divinités qu’il respecte : les Idoles qu’il adore ne sont point des Dieux comme le nôtre : ils sont l’ouvrage de ses mains ; vous seul, ô mon Sauveur, mérités qu’on vous aime, qu’on vous serve, qu’on vous adore ; & les Loix corrompuës de Babilone n’ont rien de commun avec les saintes Loix de Jerusalem.

346. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Il était d’usage que tous les grands Magistrats donnassent des jeux au peuple. […] Personne ne fut la dupe de ce que l’Auteur de sa vie appelle une comédie : « Hac veluti in scena ficte representari, populus non ignorabat. » On jugeait bien qu’un homme qui toute sa vie avait été un modèle de pureté, ne devenait pas tout à coup impudique, et ne le serait pas dans son épiscopat : Nous prenons sur nous votre péché, et nous ne vous élisons pas moins Evêque, s’écria tout le peuple.

347. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

.), est remplie de tant de licence, que du style comique fait pour délecter & corriger les mauvaises mœurs par la moquerie, elle passe dans celui de la bouffonnerie, de l’impudicité & de l’impudence, & ces farces exécrables dont la France fait un dessert de cigue après la piece sérieuse, mériteroient une sévere punition des Magistrats, parce que les mauvais propos que l’on y tient corrompent les mœurs, apprennent au peuple des mots de gueule, des traits de gausserie, des quolibets sales, & le portent à l’imitation des sottises & des fripponneries qu’il voit représenter. […] C’est une fille de la lie du peuple (comme le sont toutes les Actrices), née dans une famille chrétienne & de bonnes mœurs (dans un grand nombre le vice est héréditaire). […] Une de ses fonctions étoit de donner au carnaval des comédies au peuple par des Acteurs qu’on appeloit les Moines ; & pour entretenir des liaisons avec les villes voisines, il les invitoit à venir à ses fêtes, & il alloit aux leurs avec sa troupe.

348. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Bornons-nous à celui de leurs livres, qui, sans exception est le mieux écrit, et dont l'objet est le plus éloigné de ces idées profanes, l’Histoire du Peuple de Dieu. […] Quelques Recteurs plus obéissants n'ont pas souffert des représentations pendant leur règne, mais le grand nombre de ces Pères, soit pour faire briller leur stalents, ou pour ménager les suffrages des Grands et du peuple, dont ils connaissaient le goût, ou dans l'idée que c'est un exercice utile à la jeunesse, ont continué de composer et de faire jouer des pièces de toute espèce. […] Je voudrais les bannir entièrement des théâtres, et qu'ils laissent au peuple l'impureté des spectacles.

349. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Je remarque que les plus sages et les plus réglés d’entre les Païens étant persuadés que le Peuple faisait consister presque tout son culte et son idolâtrie dans les Fêtes dédiées à leurs Dieux, dans certains Spectacles et dans les infamies qui s’y passaient ; ils n’avaient garde de s’opposer à ce torrent, et se dispensaient de déclamer contre des choses qu’ils détestaient dans le fond du cœur, et pour lesquelles ils avaient beaucoup d’horreur ; ils se taisaient, dis-je, de peur de passer parmi le peuple pour impies et pour libertins. […] comme une espèce de rétractation de toutes les libertés qu’il s’était données : car on sait que jamais homme ne fut plus libre en matière de Religion, aussi passa-t-il dans l’esprit du Peuple pour un impie. […] J’avoue que le dessein et la fin de la Comédie ou plutôt de la Tragédie dès son premier commencement, ne fut que d’instruire les peuples d’une manière qui fût capable de les frapper davantage que la simple exposition des choses qu’on voulait leur inspirer. […] Après avoir instruit les peuples on songea à les corriger par le même moyen, ou si vous voulez on les instruisait dans le même temps qu’on les corrigeait. […] Jean Chrysostome, 15e homélie au peuple].

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