C’est pourquoi non seulement ils tâchaient de leur donner une grande horreur du vice ; mais ils les portaient aussi à fuir et à éviter les personnes qui pourraient les y porter. […] Jean de Sarisbery fait la même plainte, et dit que plusieurs personnes riches par une magnificence aveugle et très digne de mépris, prostituent leurs faveurs, et font des dépenses qui doivent plutôt faire pitié, que donner de l’admiration, afin de faciliter à des Comédiens et à des Bouffons le moyen de faire paraître davantage leur méchanceté. […] Vous êtes coupables de la mort d’autant de personnes que vous en auriez pu sauver en les assistant de ce que vous avez prodigué pour votre plaisir.
Au contraire, si j’ai à vous blâmer de quelque chose, c’est d’étendre vos inimitiés trop loin, et d’intéresser dans le démêlé que vous avez avec Desmarets, cent autres personnes dont vous n’avez aucun sujet de vous plaindre. […] Notre siècle qui ne croit pas être obligé de suivre votre jugement en toutes choses, nous donne tous les jours les marques de l’estime qu’il fait de ces sortes d’Ouvrages dont vous parlez avec tant de mépris, et malgré toutes ces maximes sévères que toujours quelque passion vous inspire, il ose prendre la liberté de considérer toutes les personnes en qui l’on voit luire quelques étincelles du feu qui échauffa autrefois ces grands Génies de l’Antiquité. […] Ne lui a-t-on pas même rendu ses louanges dans l’une des Provinciales, et n’est-ce pas elle que l’auteur entend, lorsqu’il parle d’une « personne qu’il admire sans la connaître j » ? […] Vous les accusez de n’envisager dans les personnes que la haine ou l’amour qu’on avait pour leur Compagnie.
Comment peut-on même en juger sur la déclaration d’un tiers, contre celle de la personne intéressée ? […] Le bonhomme fit ainsi le tour du Théâtre, fort embarrassé de sa personne et toujours hué de la belle jeunesse. […] Personne ne se croit obligé d’être un héros, et c’est ainsi qu’admirant l’amour honnête on se livre à l’amour criminel. […] N’est-ce pas la Nature qui pare les jeunes personnes de ces traits si doux qu’un peu de honte rend plus touchants encore ? […] Mais peut-être ne serait-ce le compte ni des uns ni des autres : il n’y aurait plus ni persécutions ni disputes ; les premiers n’auraient personne à tourmenter ; les seconds, personne à convaincre : autant vaudrait quitter le métier.
Arnauld, qui dit expressément qu’il ne voudroit pas condamner de péché mortel les personnes qui n’auroient été aux spectacles que par la nécessité & dans les circonstances dont nous parlons ici. Tels sont les Officiers d’un Prince, & les autres personnes qui sont obligés de suivre leurs Maîtres ou Maîtresses ou de mener leurs enfans aux spectacles. […] Bordelon, où il fait voir que l’aumône exigée pour l’Hôpital général, de ceux qui vont aux spectacles, ne les justifie point ; réfutation d’un écrit favorisant la comédie, in-12. à Paris, chez Edme Couterot 1694 ; lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de qualité, au sujet de la comédie, in-12. à Paris, chez Claude Mazuel, 1694 ; sentimens de l’Eglise & des saints Peres sur la comédie & les comédiens ; le mandement donné par M. l’Evêque d’Arras, (Gui I. de Seve de Rochechouart) contre la comédie, par lequel il défend, sous peine d’excommunication, à tous les Fideles soumis à sa conduite, d’aller à la comédie, in-12. à Paris, chez Pierre Ballard, 1696 ; histoire & abrégé des ouvrages latins, italiens & françois pour & contre la comédie & l’opéra…. […] « Cette auguste Princesse, dit M. l’Abbé Clément, disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de quelque confiance, qu’elle ne concevoit pas comment on pouvoit goûter quelque plaisir aux représentations du théâtre, que pour elle c’étoit un vrai supplice. La personne, à qui elle parloit ainsi, ne put s’empêcher d’en marquer de l’étonnement, & prit la liberté de lui en demander la raison.
Chrysostome, et fait pour quelque chose de mieux que des comédies, fit dès l'an 1580 la pièce de la Pucelle d'Orléans, que personne ne lui demandait, pour divertir à Plombières le Roi et la Reine qui y étaient allé prendre les eaux. […] Il a affronté la poussière des bibliothèques, pour déterrer de vieux bouquins, Allemands, Polonais, Espagnols, dont personne ne soupçonnait l'existence, et il oublie les Auteurs les plus agréables, qui sont entre les mains de tout le monde, qu'on sait par cœur, dont on débite sur cent théâtres les pernicieux principes, parés de toutes les grâces de la poésie, de la déclamation, de la décoration, de la danse, de la musique. De cinq cent mille personnes dans le royaume, qui depuis quarante ans ont assisté aux spectacles des Jésuites, il n'y en a pas deux qui aient seulement vu le dos du livre de Santarellit, et plus de quatre cent mille ont lu et vu jouer ces pièces meurtrières. […] » Les personnes intéressées, dit le Journal de Trevoux (Juin1675. […] L'Athalie et l'Esther de Racine justifieront toujours les essais de ce genre aux yeux des personnes sages et modérées.