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144. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Il nous est défendu d'être spectateurs des duels, de peur que nous ne devenions complices des meurtres qui s'y font: Nous n'osons pas assister aux autres Spectacles, de peur que nos yeux n'en soient souillés, et que nos oreilles ne soient remplies de vers profanes qu'on y récite; comme lors qu'on décrit les crimes, et les actions tragiques de Thyeste, et qu'on représente Terrée mangeant ses propres enfants; et il ne nous est pas permis d'entendre raconter les adultères des Dieux, et des hommes, que les Comédiens attirés par l'espoir du gain, célèbrent avec le plus d'agrément qu'il leur est possible: Mais Dieu nous garde, nous qui sommes Chrétiens, dans qui la modestie, la tempérance, et la continence doivent reluire, qui regardons comme seul légitime le Mariage avec une seule femme, nous chez qui la chasteté est honorée, qui fuyons l'injustice, qui bannissons le péché, qui exerçons la justice, dans qui la Loi de Dieu règne, qui pratiquons la véritable Religion, que la vérité gouverne, que la grâce garde, que la paix protégé, que la parole divine conduit, que la sagesse enseigne, que Jésus-Christ qui est la véritable vie régit, et que Dieu seul règle par l'empire qu'il a sur nous: Dieu nous garde, dis-je, de penser à de tels crimes, bien loin de les commettre. […] Il a été permis aux Epicuriens de se feindre une volupté, en laquelle ils ont établi la vérité du souverain bien; en quoi donc vous offensons-nous ? […] Si les Tragédies et les Comédies sont des représentations de crimes et de passions déréglées, elles sont sanglantes, lascives, impies, et d'une dépense désordonnée, car la représentation d'un crime énorme, ou d'une chose honteuse n'est point meilleure que ce qu'elle représente: Comme il n'est point permis d'approuver un crime dans l'action qui le commet, il n'est pas aussi permis de l'approuver dans les paroles qui nous le font connaître.

145. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

Ces compagnies procurent des amusements que la décence peut permettre. […] Cette joie est inaltérable comme la vertu qui la produit, et n’est jamais sujette à de fâcheux retoursbj. » « Une âme belle et sensible n’a-t-elle pas au sein de sa famille, et dans le goût même des lettres et des arts, des plaisirs plus purs qu’elle puisse se permettre ? […] Je ne veux plus entendre d’autres discours que votre sainte loi12, je ne me permettrai plus d’autres occupations que celle de vous aimer, d’autre amusement que la pratique des bonnes œuvres, persuadé qu’il n’est pas d’autre moyen d’apaiser votre courroux, d’intéresser votre miséricorde, et d’obtenir, avec votre sainte grâce, le gage assuré d’une éternité bienheureuse. » 10.

146. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

S’il n’est point permis de se recréer et divertir les jours de Fêtes et Dimanches(…) [...] […]  : « Pour bien faire connaître, dit-il, qu’est-ce que le théâtre, et en déclarer l’essence, on peut dire que c’est le temple de Vénus, où la volupté est traitée, estimée, honorée et adorée comme une divinité ; c’est la citadelle ou le fort où toutes sortes d’impuretés se pratiquent avec toute licence et effronterie » : ensuite de quoi il rapporte un exemple d’une femme chrétienne, dans le corps de laquelle le diable entra, pendant qu’elle assistait aux spectacles : car comme on faisait les exorcismes pour chasser cet hôte cruel, le chargeant de malédiction de ce qu’il avait été si cruel, que d’entreprendre sur une personne fidèle, il répondit toujours, ‘Dieu l’a ainsi permis, pour rendre témoignage de l’abomination de ces lieux infâmes, et quand j’en ai ainsi usé, ça a été avec justice, l’ayant trouvée sur ma terre, et dans un lieu où je suis le Seigneur et le maître’.

147. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Les Juifs ne permettaient la lecture d’Ezéchiel, du Cantique des Cantiques, et de quelques autres livres, qu’à des gens sages et d’un âge mûr. […] est-ce un point de discipline que les libertés de l’Eglise Gallicane ne permettent pas de recevoir ? […] Cette fiction est sans conséquence dans les histoires profanes ; mais la sainteté de la Bible ne permet pas ce mélange, on doit en respecter les moindres syllabes, et ne jamais répandre des nuages sur la vérité : Adulterare verbum Dei. […] Mais ce qui m’étonne ici, c’est que tandis qu’on interdit les rôles et les habits ecclésiastiques, on permette les rôles des Patriarches, des Prophètes, des Apôtres, des Martyrs, la tiare, le rationnell, les autres habits des souverains Pontifes, consacrés et ordonnés par Dieu même. […] Il est vrai qu’en permettant les pièces ordinaires, s’ils ne blessent pas la majesté de la religion, ils ne ménagent guère la pureté de la morale, et que la véritable piété supprimerait tout.

148. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Sont-ce donc des Athées qui regardent, paient, composent, représentent, justifient des exercices publics où il n’est pas permis de paraître Chrétien ? […] Mais le bon goût ne le permet pas. […] La religion et la vertu, qui sont le vrai, le bon goût, permettent aussi peu les ordures de l’irréligion. […] Les Poètes et les Peintres ont tout droit d’inventer ; mais il ne leur est pas permis d’unir les oiseaux aux serpents, les agneaux aux tigres, et on fera plus de grâce à la comparaison bien plus éloignée de l’homme à la Divinité ! […] Il ne leur permet pas même de porter ses couleurs et ses livrées : et il sera permis de contrefaire la Divinité !

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