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132. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

La vertu toujours raisonnable, et seul véritablement raisonnable, fait juger sainement, parler noblement, penser décemment : le vice est aveugle, frivole, bas, licencieux. […] Nous pensons comme le livre célèbre De corrupta eloquentia, attribué à Cicéron et qui n’en n’est pas indigne. […] Il faut penser comme l’Ange des ténèbres, pour goûter de pareilles beautés. […] De là est venue la littérature à la mode : on n’écrit, on ne pense qu’en comédien. […] Suétone rapporte un trait frappant de cette façon insensée de penser et de parler sur les choses les plus sérieuses, dont il y aurait de l’injustice de ne pas faire honneur au théâtre.

133. (1607) Recit touchant la comédie pp. 2-8

Outre plus les éclairs étaient si fréquents et les tonnerres si effroyables, que plusieurs pensaient que ce fût la fin du monde. […] Il disait que les diables y conversent privément ès maisons, y servent, et sont appelés Drôles par ceux du pays : il pensent fort soigneusement les chevaux, et autre bétail, se montrent adroits et habiles à faire tout ce qu’on leur commande, sans faire mal ni dommage, ce disent les habitants, tellement que la conversation de ces Drôles est de grand profit et fort agréable à plusieurs maîtres », Les Méditations historiques, traduites du latin par Simon Goulart, vol. 1, Lyon, Antoine de Harsy, 1603 p. 302 (graphie modernisée).

134. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

Je pense que pour en ôter le mauvais exemple, et pour décharger Elise du blâme qu’elle mérite pendant toute la Pièce, cette première Scène devrait être tournée tout différemment de ce que Molière a fait. […] Valère de son côté peut s’excuser auprès d’Elise, en disant que son intention a été uniquement de gagner la bienveillance d’Harpagon, ce à quoi il est déjà presque parvenu, quoi qu’il ne soit que depuis deux jours auprès de lui, parce qu’il n’a perdu aucune occasion de flatter sa passion pour l’argent ; il peut ajouter que son dessein est de persuader à son père, avec le temps, de consentir à marier sa fille, chose à laquelle peut-être il ne penserait jamais pour s’épargner la dot qu’il faudrait lui donner en la mariant : qu’en attendant il aurait le temps d’avoir des nouvelles de ses parents, comme on lui en faisait espérer, et qu’en cas qu’il parvint à les trouver, il se flattait que le goût qu’Harpagon aurait pris pour lui le déterminerait aisément en sa faveur par préférence à ses Rivaux ; d’autant plus qu’il croirait être en droit de lui moins donner qu’à tout autre.

135. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Mais quand on pense différemment, il est difficile de tenir à l’envie naturelle d’en faire preuve : en est-on au reste capable ? […] on n’est pas tenu de penser avant d’être instruit. […] Quand il s’est acquitté envers elle de l’utile ; il doit penser à l’agréable. […] Il faut éviter avec le même soin & ce ton ridicule de frivolité qui est toujours auprès d’une personne qui pense, sans force ni vertu ; & ce ton dogmatique, imposant, qui ne va jamais sans pesanteur & sans froid. […] Non non : le moment qui les améne, ces gaietés, les emporte avec lui : eh pourroit-on y penser d’avantage ?

136. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Madame de Nemours  » pp. -

A Madame de Nemours MADAME, Comme il vous a plu être la première cause de l’honneur que j’ai reçu d’un Prince accompli de tant de grâces qu’il ne s’y peut rien ajouter que le désir qu’elles soient perpétuelles : j’ai pensé que vous aurez agréable, Madame, que je vous en remercie très humblement, et offre pour lui donner ce discours, et ces petits vers ; si vous les rejetez, pour être éclos de mon ignorance, recevez-les étant conçus de sa perfection : et que la vôtre me pardonne, Madame, si à l’imitation de ces pauvres qui ne voulaient porter les fleurs aux Dieux, que le Soleil ne les eût rayonnées, je conjure et supplie votre vertu de les éclairer de sa lumière, leur donner l’odeur et la couleur pour les rendre offrande pure et digne de l’Autel ; le respect et la crainte m’en eussent retenuea, sans l’assurance que j’ai prise que vous imiterez ces corps célestes dont l’influence passe sur tous les Eléments, et s’arrête en la terre pour sa nécessité.

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