Ce que le monde pense ordinairement des spectacles. […] Mais vous pensez que ce n’étoit que contre ces abominations grossiéres que les Saints Peres déclamoient. […] Mais l’Eglise sur-tout qu’en pense-t-elle ? […] Je ne demande pas si on agit aussi sévérement : mais pense-t-on du moins aussi chastement de nos jours ? […] Ce que le monde pense ordinairement des spectacles.
bref, je ne sais que penser. » Telle était la situation du théâtre, lorsque vers le milieu du seizième siècle la comédie profane intervint avec ses obscénités, et rivalisa avec la religieuse jusqu’au siècle de Louis XIV, où les Corneille et les Racine commencèrent à illustrer notre scène, et lui donnèrent un caractère de décence et de moralité. […] Ce n’est rien au fond que cet usage, et ceux qui reçoivent pour les choses saintes ne croient point les vendre, comme ceux qui donnent ne pensent point à les acheter ; ce sont peut-être des apparences qu’on pourrait cacher aux simples et aux indévots. » Et chacun sait, de notre temps encore, jusqu’a quel point on porte ces abus et cette usure.
Il nous donne tacitement à entendre que la Grandeur seroit vn defaut, si elle estoit où elle ne doit pas estre ; & qu’il ne faut pas que la Comedie pense hausser de prix en s’aggrandissant, puis que la Mediocrité luy est tombée en partage ; Et qu’il y a vne Mediocrité toute d’or, toute pure, & toute brillante, que l’Antiquité a reconnuë, qui est sans doute celle de Terence & de l’Arioste. […] Pensez vous, Monsievr, que la force & l’audace de ces premiers Vers vaille dauantage que la douceur & la modestie de ces derniers, & que le pompeux & le magnifique soit icy le meilleur, & le plus loüable ? […] Il se peut neanmoins, Monsievr, que ces Poëtes plaisent, je ne le nie pas ; Mais je ne pense pas que ce soit de la façon que les Poëtes de Theatre doiuent plaire, ny qu’ils plaisent aux personnes intelligentes. […] Il n’est pas, Monsievr, que vous n’ayez encore oüy parler de la Medecine, qu’on appelle alimentale, qui guerit les corps en les nourrissant ; & d’vne autre science voluptueuse, qui purge auec des parfums & auec des fleurs ; & d’vn autre Art surnaturel, qui se sert d’vne éponge au lieu de rasoir, & pense le bras, en appliquant ses remedes sur la chemise.
Le premier avantage, celui même qui engendre tous les autres, est de ramener les Lettres à l’esprit de leur véritable institution : elles n’ont point pour objet, comme on pourroit le penser d’après l’abus qu’on en a fait dans ces derniers temps, de procurer un stérile amusement, ni de servir de pâture à quelques hommes peu propres au maniement des affaires publiques. […] Je pense, en second lieu, qu’on ne peut vous imputer tous les reproches qu’on vient d’entendre, mais uniquement à l’art que vous professez, & à la futilité du plus grand nombre de vos Spectateurs. […] Delà, ce tas de Brochures éphémères qui absorbent un temps précieux, & qui contribuent plus qu’on ne pense à dégrader l’esprit en le rendant oiseux & incapable d’une sérieuse application. […] Il y a plus d’analogie qu’on ne pense entre ces deux Professions, la Médecine & la Philosophie Morale.
Jamais Marie Alacoque ne pensa que cette dévotion contribueroit à faire jouer la comédie. […] L’Evêque actuel de Saint-Pons se sert des reliques de son prédécesseur, sans penser qu’une actrice leur fasse perdre leur sainteté ; n’est-elle pas elle-même une sainte ? […] La Ville d’Amsterdam, & la Cité notable de Malthe, avoit éprouvé, peu de tems auparavant, un sort bien différent ; quoique ces deux Villes ne pensent pas de même sur la Réligion, elles sont d’accord sur le théatre. […] Ces malheurs ne sont pas rares, en voilà plusieurs depuis peu d’années, ces morts sont affreuses ; mais qui pense à ce qu’elles ont de plus affreux ?