L’Académie Françoise devroit suivre l’exemple du Monarque, ne pas adopter les représentans des passions, qui devroient leur être plus étrangers que les Ministres de l’Empereur de la Chine ne le sont à Versailles ; sur-tout dans un état si saint, qui ne doit respirer que la vertu, & dont les dérangemens autorisent si sort le vice. […] Présentez-les à vos éleves, étudiez-les ensemble avec passion, vous vous enivrerez du plaisir de lire de belles choses exprimées d’une maniere fine, délicate, ingénieuse. […] Cette étude avec passion, cette ivresse du plaisir, cet esprit qui plaît à l’esprit, cette fleur d’esprit fine & délicate qui remue délicieusement , tout cela avec des enfans, est un enthousiasme risible.
« La passion de la comédie le tyrannisait si fort que la troupe des Comédiens du Roi ne lui suffisant pas, il en voulut aussi avoir une à lui, qui le suivît partout, et lui donnât chez lui le plaisir de la comédie. […] La passion pour le théâtre n’a pas moins gagné sous les auspices du Cardinal. Jusqu’alors on n’avait connu que les Confrères de la Passion, et des Farceurs qui couraient le monde et qui partout étaient méprisés ; les compositions, les constructions, les représentations, le désir du premier Ministre, ont répandu cette maladie contagieuse dans les villes, les bourgs, les campagnes, les maisons particulières, le Clergé, la magistrature, l’épée, les Collèges, les Communautés religieuses.
La magnificence du spectacle, la parure des femmes qui s’y trouvent, la parure des comédiennes, la peinture vive des passions qu’on y représente, nommément celle de l’amour, qui règne dans toutes les pièces, sont autant d’objets dangereux qui laissent dans l’esprit et dans le cœur des spectateurs des sentiments de volupté et des impressions qui les disposent peu à peu d’abord au relâchement, ensuite au libertinage.
Ajoutons que le Théâtre moderne mérite toute préférence, par la commodité qu’il procure aux Acteurs, aussi bien qu’aux Spectateurs : les premiers peuvent exprimer les sentiments et les passions dans les tons convenables et naturels : les seconds sont à portée de concevoir toute la force et toute la finesse de l’expression ; puisque les Théâtres modernes ne sont pas, à beaucoup près, si vastes que les Théâtres des Anciens, ni exposés au grand air, comme ils l’étaient.
, par ceux qui abusivement se disent Confrères de la Passion de Jésus-Christ.