Pères et Docteurs, aux écrits desquels ils portent une telle révérence, qu’au lieu de les impugner, ils les maintiennent contre l’insolence et la témérité de tous les hérétiques qui les veulent détruire. […] Puis les Pères ordonnèrent un jeûne universel. […] Mais s’il faut estimer les effets par la cause, juger l’action selon le dessein, combien celui d’Isabelle est-il recommandable, qui n’a eu autre désir de venir en France, que pour voir ce grand arbitre du monde, ce bien universel admiré de toute l’Italie, ce Roi reconnu de toutes les nations pour le plus grand de la terre, appelé et conduit de Dieu par la voix de ses merveilles, qui lui a donné cette couronne par son sang, de qui la valeur acquise par son bras, qui la conserve par sa bonté, la régit par ses lois, et par sa renommée possède le monde : les Antipodes ne voient point nos étoiles du Nord, mais ils ont vu la clarté de ce Soleil, qui nous a donné la lumière et la vie, qui d’une main a déployé le sceptre, de l’autre le pardon, étouffant la cause et la vengeance ensemble ; qui emportant une victoire, a toujours triomphé de deux, donnant le salut aux vaincus après avoir dompté les rebelles ; et ainsi que l’âme, qui n’est qu’une au corps, a plusieurs puissances en ce Roi, qui n’est qu’un, elle a vu les perfections de tous les Rois ensemble ; elle a vu l’aimant qui attire toutes les belles âmes, qui de ses sujects est autant revéré, comme Sauveur du pays, qu’honoré en Roi nécessaire ; et plus salüé en père qu’en Seigneur ; qui règne sur nous comme les intelligences au Ciel, et le Soleil sur la terre, d’où il me faudroit élever pour chercher dans les cieux des paroles célestes à une vertu divine. […] Si nous en croyons les anciens Pères, nous verrons qu’ils nous concèdent ceux où le plaisir est limité dans les termes de la modestie.
Pour nous qui ne sommes point initiés dans ces mystères d'élégance, nous convenons que notre antique prud’homie, peut-être en vertugadin, comme celle de nos grands- pères, préfère la raison et la vérité aux rubans et aux aigrettes, la sagesse et la décence aux grands et aux petits airs de Marquis, et mérite aussi peu qu'elle le désire une place dans le cercle des ris et des jeux. […] point de tragédie où quelque Acteur ne parle des Rois, des Grands de l'Etat, d'une manière à se faire mettre à la Bastille, s'il tenait dans le monde les mêmes propos : point de comédie où quelqu’un ne prenne la même licence contre son père, son mari, son maître. […] Mais ils disent vrai ; le Prince, le père, le mari, ont tort. Cela est rare ; on déchire un bon Prince, un père sage, un mari fidèle, dont tout le crime est de s'opposer à une vie licencieuse ou à une folle passion.
Bonaventure, ne veut pas qu’on joue des Comédies les jours de jeûne et de pénitence, 200 Boyer de l’Académie Française, Auteur de la Tragédie de Judith, 304 C Caffaro Théatin défenseur de la Comédie, avoue que les Pères et les Conciles lui sont contraires, 3. […] Sont-elles justifiées par la comparaison que les Pères en font avec les Jeux de dés ou de cartes, 288 Comédies saintes, leur commencement, 211. jouées au profit des Confrères de la Passion, 214. […] Son étendue ancienne, 204 R Racine le père, loué pour avoir quitté le Théâtre, 28 Racine le fils, beau portrait qu’il fait de la Comédie, 25 Riccoboni Comédien, critiqué sur ce qu’il dit de saint Charles, 235 et suiv.
» Pleurons-donc, dit ce Père, pendant que les gens du monde se réjouissent, afin que lorsqu’ils commenceront à tomber dans l’état épouventable des douleurs que la Justice de Dieu leur réserve, nous puissions entrer dans la joie que notre Seigneur prépare à ses Elus. […] » La première pensée qu’on a en ces lieux, qui sont l’Eglise du Diable, comme le même Père les appelle ; Ecclesia Diaboli, c’est de voir et d’être vu. « Nemo in spectaculo incundo prius cogitat, nisi videre et videri.
Si tous les hommes étaient sages naturellement, rien de plus inutile, j’en conviens, que le Théâtre ; rien de plus inutile que tous les écrits des Pères, que l’Evangile même : mais si la plupart des hommes ne sont rien moins que sages, et que leur conduite et leurs mœurs prouvent que la nature et la raison ne leur ont pas encore fait trouver la Vertu assez aimable, pour n’avoir pas besoin de peintres qui leur en fassent remarquer les attraits ; si la vue de ces peintures les porte à faire plus d’attention à l’original, comme le portrait d’une jolie femme fait désirer d’en connaître le modèle à ceux qui ne l’ont pas vue ; il est donc probable que le Théâtre peut opérer les mêmes effets et que le coloris agréable qu’il prête aux charmes de la Vertu, altérés quelquefois par les pinceaux austères des Pasteurs ou des Philosophes, peut faire désirer de la connaître et de la pratiquer. […] J’ai vu tel jeune homme que les exhortations et les larmes de son père ne pouvaient rappeler de son égarement, laisser lui-même couler des pleurs lorsque dans L’Enfant prodigue Euphémon embrasse son fils repentant et que les larmes de la tendresse paternelle et de la joie effacent celles de la douleur sur les joues de ce père vénérablebg. […] C’est comme si l’on disait qu’un voleur de grand chemin aime beaucoup un voyageur parce qu’il lui souhaite beaucoup d’argent pour en avoir plus à lui voler : mais lorsque je vois un cœur endurci contre la tendresse et la morale d’un père, contre les larmes et les caresses d’une mère, s’amollir au spectacle et se laisser pénétrer du langage de la Vertu ; je suis convaincu que la scène la rend aimable, et que c’est un moyen des plus sûrs pour opérer la conversion de mon jeune homme. […] Tullie, l’épouse la plus vertueuse et la plus estimable, le père de cette même femme, et tout le Sénat. […] Je vous déclare donc que bien loin de croire que le bien public m’autorise à critiquer les ouvrages de M. de Voltaire, je le regarderai toute ma vie comme un maître éclairé à qui je dois le peu de talents qu’on a la bonté de reconnaître en moi ; que je le regarde comme un ami dont le cœur est fermé à tout ce qui pourrait altérer ses sentiments en faveur de ceux qui s’y sont donné place, comme un protecteur moins attentif à ses intérêts qu’à ceux des personnes qu’il protège comme un père, aux soins et à la tendresse de qui j’ai l’obligation de n’être plus dans les chaînes de la finance, et à qui je dois l’avantage de pouvoir vivre avec l’aisance que les talents procurent à ceux qui les exercent ; quand je serais devenu sage, et que quand bien même je verrais malheureusement assez clair pour trouver quelque faute capable d’altérer tant soit peu le plaisir ou plutôt le ravissement que j’éprouve quand je lis ou que je vois représenter ses ouvrages, je ne m’en imposerais pas moins la loi de les défendre envers et contre tous.