/ 385
233. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Il faut avoir un fonds inépuisable, de la plus basse flatterie, pour pouvoir penser & oser dire qu’on peut faire un éloge du crime & du scandale, comme si indépendamment de la Religion chrétienne, comme si dans toutes les religions & dans tous les pays du monde, par la simple raison naturelle, un double adultere, qui a duré quinze ans, d’où il est venu sept à huit enfans reconnus pour illégitimes, & qu’on a légitimés, pouvoit jamais être excusé ; à plus forte raison, être la matiere d’un éloge. […] Des présens faits à une manufacture, quelques filles mariées, quelques pierres gravées ; qu’elle a osé ambitionner le tabouret de duchesse, la charge de dame du palais chez la Reine, avec lesquels sa naissance & ses mœurs formoient le plus révoltant contraste. […] Ils prennent sans respect le titre de Troupe Royale & de Comédiens du Roi : ce qu’ils n’ont jamais osé faire à Athenes ni à Rome, & ce que la majesté de l’Empire auroit pris pour un attentat & une insulte.

234. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Malgré toutes les preuves qui démontrent évidemment le danger des spectacles, les partisans de la Comédie osent avancer, avec un ton d’assurance, que les Saints Peres ne l’ont jamais condamnée, & que le Chef de l’Eglise la tolere à Rome. […] D’où l’on ose conclure que deux heures par jour, données à l’activité du vice, sauvent une partie des crimes qui se commettroient ; & tout ce que les spectacles causent d’entretiens dans les cafés & autres refuges de fainéans & de libertins est encore autant de gagné pour les peres de famille, soit sur l’honneur de leurs filles ou de leurs femmes, soit sur leurs bourses & celle de leurs enfans.

235. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Oser l’avancer, ce serait accuser la Divinité même. […] Mais en reconnaissant que la Comédie peut & doit être un correctif salutaire, j’ose dire que la manière de représenter en a jusqu’ici retardé, ou même anéanti les effets.

236. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

circonstance qui prouve ce que j’ai avancé : car outre qu’à cet âge l’imagination est vive, l’esprit dissipé, le cœur volage, les sens ouverts & subtils, dispositions fatales, & propres à donner entré au peché, c’est qu’on est sans experience, sans crainte, sans défiance, sans preservatifs ; faute d’experience tout plaît, tout touche, toute attache : faute de crainte on ne sçait ce que c’est que de se menager, que de s’arrêter a propos, que de reculer ; on envisage avec joye le precipice, où l’on va se perdre, on cherche même a se perdre : faute de défiance loin de tenir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on se dépouille (si j’ose parler de la sorte) de ses armes, & sent-on la tentation, on est hors d’état de se defendre.

237. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

Ainsi qu’on n’oserait faire changer les mœurs d’un personnage au milieu d’une Pièce, de même est-il ridicule de se le permettre à la fin.

/ 385