L’illustre Délégation, moins délicate, a passé en contribution le brelan, le théatre, le vauxhal, l’opéra, l’impôt, pour attirer la protection du ciel dans les calamités. […] L’Amérique au contraire pense en barbare : les colonies angloises, qui ne veulent point se soumettre aux Bils du Parlement, & ne craignent pas la guerre civile, dans le congrès général tenu à Philadelphie, où se sont réunies les provinces, parmi plusieurs règlemens qu’on a cru nécessaires pour entretenir les vertus guerrieres, & se bien défendre contre les entreprises de la metropole, on a expressément défendu de souffrir dans tout le pays aucune sorte de théatre, opéra, comédie, farce, &c. comme uniquement propre à énerver les corps & les esprits, & à rendre les habitans incapables de soutenir les fatigues de la guerre.

Zeno ne fit non-plus aucune Histoire de l’Empire ; mais, après onze ans de travaux dramatiques, qui forment huit gros volumes d’Opéras, il vint comme l’Arioste finir sa vie à Venise, pays de liberté, où il fit un Journal, & recueillir des Anecdotes. […] Les Opéras ne le sont gueres moins : ce sont de petits romans en dialogues, mêlés de danses, de musique & de machine ; il n’y a gueres que deux à trois cens vers, & quel vers !

Foix le lui reproche, il alloit à l’opéra trois la semaine très-régulierement, où sa délicatesse devoit être encore plus blessée. Je n’ai garde de justifier ni l’opéra, ni l’Abbé qui le fréquente ; mais cette bonne morale que l’Auteur avoue ne s’être glissée que par hasard dans ses pieces, où il ne l’avoit pas en vue, n’est-elle absolument pas gâtée par la morale pratique de l’action même ?

Ce livre, annoncé dans le Mercure de novembre 1765, en veut fort au Théatre de la Foire, & il faut convenir que les règlemens faits pour l’Opéra comique, & ensuite sa suppression, font peu l’éloge de ses vertus. […] En entrant dans la carriere, dit-on, Favart trouva l’opéra comique en train de s’épurer pour le goût, & pour les mœurs.

De la table au jeu, du jeu à la promenade, aux visites, à l’Opéra. […] Or est-ce sanctifier le Dimanche, que d’aller à la Comédie, ou à l’Opéra ?