Jeu & luxe, mouches & fard, coëffures bizarres, nudités de gorge, Bal, comédie, opéra, sujets usés de la morale des Prédicateurs, on vous traite sort inutilement dans la Chaire : Les femmes ne vous écoutent plus ; mais si les Ministres se taisent, s’ils sont forcés de se taire, la Providence a permis que la liberté Satirique du théatre, y supplée. […] Il faut être au courant ; passionner le vice, le jetter aux pieds de l’idôle, & la couvrir de diamants, pour être cité comme un homme essentiel, dans les coulisses de l’Opéra. […] Le petit livre des amusemens sérieux & comiques est dans ce goût ; on fait parcourrir l’opéra, le caffé, la comédie, le jeu, la promenade, en un mot, tout Paris, à un Voyageur Siamois, pour qui tout est nouveau, & à qui on fait dire bien de jolies choses.
Thespis, qui alloit de village en village gagner un bouc, seroit bien étonné, s’il revenoit au monde, de voir les tombereaux devenus l’opéra & l’hôtel de la comédie, & lui-même Corneille & Baron. […] L’histoire de l’Opéra, du Théatre Italien, de celui de la foire, forme encore plusieurs volumes, sans compter tant de théatres des villes de France, dont les anecdotes, si on daignoit les recueillir, feroient une suite immense.
Pour faire un livre d’assertions plus infâme en tout genre que celui qui a fait condamner ces Pères, on n’a qu’à extraire la moitié des opéra, comédies, tragédies, farces, théâtre italien, on fera une chaîne de tradition non interrompue, jusqu’au moment présent, des plus grandes horreurs, même du régicide. […] Le scandale est frappant dans ces occasions, lorsqu’on a l’imprudence d’y appeler pour chanter ou jouer des instruments, les Musiciens de l’opéra.
Vous serez peut-être surpris de ce que je n’ai pas pris la défense de l’opéra dans le cours de cette lettre ; ce n’est pas parce que je crois ce spectacle plus dangereux que les autres, mais c’est que les mêmes raisons que j’ai alléguées ci-dessus, doivent servir à l’excuser.
» Enfin, en 1669, c’était l’abbé Perrin qui remplissait les fonctions de directeur de l’Opéra.