Quoique ce Discours soit plus curieux que nécessaire, et qu’il importe peu de savoir si le Monarque doit appliquer son esprit à ces Arts, qui pour leur noblesse sont appelés Libéraux, et si pour se délasser des affaires il se peut exercer à la Peinture et à la Musique ; J'ai cru néanmoins que je devais traiter ce sujet, parce qu’il a déjà été traité par quelques autres ; Joint que voulant former un Prince, je suis obligé de lui marquer aussi bien ses exercices que ses occupations, et d’examiner si la main qui porte le Sceptre peut prendre quelquefois le Pinceau pour se divertir et s’égayer. […] Mais toutes les louanges qu’on a données à cet art divin, ne m’obligeront jamais d’en conseiller l’usage à un Roi.
Serons-nous obligés de dire que ce qu’il y a eu d’habiles Théologiens, plus recommandables encore par la sainteté de leurs mœurs que par l’éclat de leur science, ou se soient trompés eux-mêmes, ou ayant eu le dessein de nous tromper ? […] La troisième enfin, que non seulement il n’y a point de péché à les assister avec discrétion, mais encore que c’est une action de justice de leur donner, comme on y est obligé, la récompense de leur emploi et de leur travail. […] C’est ce qui obligea le troisième Concile de Carthage à condamner par ce Canon les Comédiens comme blasphémateurs : « Que les Laïques mêmes n’assistent point aux Spectacles, car il a toujours été défendu à tout Chrétien d’aller où il y a des blasphémateurs. […] Mille gens d’une éminente vertu et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, ont été obligés de m’avouer qu’à l’heure qu’il est, la Comédie est si épurée sur le Théâtre Français, qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne put entendre. […] Quant à la lecture des Pièces que l’on imprime après qu’on les a jouées, je suis obligé d’avouer qu’il ne n’en est jamais tombé aucune sous les mains où j’ai trouvé rien d’indécent ni de déshonnête qui pût en quelque manière blesser le Christianisme ou la pureté des mœurs.
Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs. Peut-il paraître au théâtre, que son état même l’oblige de proscrire, sans être censé l’autoriser, sans jeter dans la tristesse les gens de bien qui voient mépriser la vertu et triompher le vice, et remplir de joie les méchants, qui ont droit de s’autoriser dans leurs désordres par de si grands exemples, et sans tendre des pièges aux âmes faibles, dont on affaiblit les remords, et donner de l’audace aux Comédiens, dont on entretient et accrédite l’infâme profession par la même autorité qui l’a couverte d’infamie ? […] Vain prétexte, dit Libanius, ces occasions n’arrivent qu’une ou deux fois l’année, et vous n’êtes obligés d’y donner que quelques moments de la matinée ; au lieu que sans nécessité et avec scandale, vous qui vous dites accablés d’affaires, et vous donnez pour les protecteurs de la veuve et de l’orphelin, on vous y voit matin et soir, nuit et jour, vous vous en faites gloire, quand vous en sortez vous vous entretenez de ce qui s’y est passé. […] L’autorité publique, dit Horace, fut obligée de venir au secours des bonnes mœurs, et les Comédiens n’ayant plus la liberté de mal faire, furent réduits à garder honteusement le silence : « Desinit in vim dignum ligeregi, lex est accepta, chorus que turpiter obticuit sublato jure nocendi. » Divers arrêts du Parlement punirent les Basochiens. […] Il est vrai que les Magistrats l’avaient obligé de les jeter au feu, par respect pour le souverain Pontife ; mais il les savait par cœur.
Perrin fut obligé de céder en 1672, son privilège à Lully, Sur-Intendant de la musique de la Chambre du Roi. […] Ce serait-on attendu que des Drames maigres, décharnés, vides d’actions & de spectacles, l’emporteraient sur le grand-Opéra, qui oblige tous les Arts à concourir à nos amusemens ? […] Concluons-en, que les Auteurs lyriques sont obligés d’être vrais & d’éviter l’incroyable, avec autant de soin que dans le genre de Thalie & de Melpomène. […] Il nous persuade d’abord avec adresse qu’il ne s’en écarte jamais ; la raison nous découvre par dégrés ce que son silence nous cachait, & nous oblige en même-tems de l’èxcuser. […] Mais venons à des causes plus visibles qui tendent à occasionner un jour parmi nous la décadence du grand-Opéra ; causes que l’on peut détruire sans être obligé de dépenser des millions.
Il est obligé de se cacher, et; où se cache-t-il ? […] Ne savent-ils pas apprécier la situation d’un homme qui est obligé de fabriquer sa maison, et; de se tricoter des bas ? […] Défendre à tous les boulangers de me vendre du pain, c’est m’obliger à en voler. […] J’admire la bonté de votre cœur quand vous êtes obligé de dire du mal de votre prochain. […] Vous êtes obligé d’avouer « qu’on accuse ces sociétés d’un défaut, c’est de les rendre médisantes et; satyriques….