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112. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Apollon, Thalie, Melpomene font donc la cérémonie de cette apothéose, & débitent des vers à la louange de ce nouveau Dieu ; il faut supposer qu’ils sont fort bons. […] Thalie en habit de deuil, comme veuve de Moliere, & Momus en médecin, viennent, par ordre de Jupiter, découvrir s’il y a sur la terre un nouveau caractère comique, après un siècle, à présenter à Moliere ; voilà un si long veuvage. […] Momus & Thalie ont eu beau chercher, par ordre du pere des Dieux, quoiqu’ils aient fait passer en revue tous les caractères que feu Moliere a traités, ils n’en ont pas trouvé de nouveau à présenter à la plume. […] Il n’y a point de ville au monde plus théatrale que Paris, plus féconde en événemens, en établissemens, nouvelles dramatiques ; ou plutôt il n’y a qu’elle qui le soit, & qui les répande dans le public. […] On siffla l’arrêt & la piéce, plusieurs Magistrats présens, qui siffloient aussi, quoique du nouveau Parlement, prononcerent sur le tribunal de Thalie, la cassation de l’arrêt, & la condamnation de la partie.

113. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Le mot personæ, rendu par personnages, ne peut s’entendre Boileau dit qu’Eschyle jetta les personnages dans le chœur ; Horace dit que le réformateur du Théâtre Grec, inventa un nouveau personnage. […] Tous les sentiers leurs paroissoient nouveaux ; tous les moyens étoient à leurs yeux, le fruit de leurs méditations & de leur recherche. Cette haute idée d’eux-mêmes, échauffoit leur esprit ; ils n’avoient pas, comme ceux qui les ont suivis, de précautions à prendre pour ne pas ressembler, n’y d’efforts à faire pour trouver dans des sujets rebattus, des faces nouvelles, & capables de donner à leurs ouvrages, cet air de fraîcheur qu’on exige même de nos jours.

114. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Eschyle, leur premier Tragique, donna à la Tragédie un air gigantesque, des traits durs, une démarche fougueuse, c’était la Tragédie naissante, bien conformée dans toutes ses parties, mais encore destituée de cette politesse que l’art & le temps ajoutent aux inventions nouvelles : il falait la ramener à un certain vrai que les Poètes sont obligés de suivre jusque dans leurs fictions. […] Socrate ne manquait jamais d’y assister, quand il en donnait de nouvelles : il est tendre, touchant, vraiment tragique, quoique moins élevé & moins vigoureux que Sophocle : il ne fut cependant couronné que cinq fois : mais l’exemple du Poète Ménandre, à qui l’on préféra sans cesse un certain Philémon, prouve que ce n’était pas toujours la justice qui distribuait les couronnes. […] Une étude réfléchie des sentimens des hommes, qu’il falait émouvoir, vint inspirer un nouveau genre à Racine, lorsque Corneille commençait à vieillir.

115. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — III. Et c’est l’effet propre de la Comédie. »

Ces principes posés, il s’agit à présent de prouver que la Comédie fournit au monde de nouveaux attraits ; qu’elle affermit ou établit même l’empire du Prince des ténébres ; qu’elle souléve les passions ; qu’elle les porte à la révolte ; & que parconséquent elle est directement opposée au but que Jesus-Christ s’est proposé de dompter les passions, & de substituer à l’amour de la Créature & de sa loi.

116. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Nouvelles observations NOUVELLES OBSERVATIONS, AU SUJET DES CONDAMNATIONS PRONONCÉES CONTRE LES COMÉDIENS. […] & que les Dieux, sur notre Théâtre, figurent assez mal, un nouveau Chrétien, qui assistoit à ces Spectacles, n’étoit pas moins irrégulier qu’un Juif, qui de nos jours seroit nouvellement converti, & que nous verrions retourner à la Synagogue. […] L’Eglise, qui voyoit dans des Chrétiens, de nouveaux Gladiateurs déjà condamnés par les Peres, n’a cessé de fulminer contre ces Jeux, pendant le tems immense qu’ils ont duré. […] Un amusement si instructif sera-t-il toujours accusé, & doit-on se faire un nouveau titre des regrets que Corneille & Racine ont témoignés sur la fin de leurs jours ?

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