La vraie cause de l'ennui est l'amour naturel du plaisir et la vanité de tous ceux qu'on peut goûter sur la terre, qui afflige une âme frustrée des fruits de tous ses efforts. […] Cette maturité de raison paraît dans les paroles vraies, justes, précises, décentes, sans exagération, sans déguisement, dictées par la droiture et le bon sens d'un style simple et naturel, éloigné de l'affectation, des pointes, des jeux de mots, soit singulièrement assortis, soit détournés de leur signification ordinaire ; dans l'air, le ton grave dont on parle, qui donne du poids au discours et de la dignité à la personne, fait écouter et respecter. […] Un goût naturel de frivolité fut d'abord le jeu du théâtre ; ce fruit si ressemblant et si cher l'a répandu par un juste retour sur toute la face de la terre. […] Au reste, nulle maxime chrétienne, nulle règle évangélique, nul rapport à Dieu, nul mérite pour l'éternité ; patriotisme, humanité, magnanimité, quelques grands mots, l'Evangile du théâtre ne passe pas, n'atteint pas la loi naturelle, et n'est bon qu'à nourrir l'orgueil et la corruption, mais ne corrigera aucun vice, ni ne donnera aucune vertu, encore même ces faibles étincelles de raison étouffées sous un tas de cendres, sont à peine aperçues un instant.
Il ajoute que les beautés des Portraits qu’il fait, sont si naturelles qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossiéres : & que le talent qu’il avoit à plaisanter s’étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire. […] Le même Auteur voyant Moliere au tombeau, dépouillé de tous les ornemens extérieurs dont l’éclat avoit éblouï les meilleurs yeux, durant qu’il paroissoit lui-même sur son Théâtre, remarqua plus facilement ce qui avoit tant imposé au monde, c’est-à-dire, ce caractére aisé & naturel, mais un peu trop populaire, trop bas, trop plaisant & trop bouffon.
Il ne rendra pas Achille, comme une autre ; mais tous deux peuvent le peindre au naturel. […] Cet art est de deux espèces, où l’on apperçoit d’un coup d’œil toutes les qualités des Etres naturels ou moraux, où l’on n’y parvient qu’a l’aide de la réflexion.
Cependant la gaîté, naturelle aux Français, les porte à redire et à entendre les mêmes choses que du temps de Pocquelin ; mais comme on est refréné par les bienséances, les modernes forgerons, dépourvus de mignardise et de grâces naturelles, subissent la torture.
Dieu a fait à l’homme une grande grace, de lui donner une pudeur naturelle qui inspire l’horreur du crime & en éloigne, & une estime, un penchant, un respect pour la vertu, qui nous réunit avec ceux qui la pratiquent.