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87. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

L’hymen est une loi suprême, le premier vœu de la nature, le seul qui soit vainqueur de l’humaine imposture. […] L’amour est le souverain bien : le cri de la nature l’emporte, on lui doit tout sacrifier. […] A force de grossir les traits, on passe la nature : Qui variare cupit rem prodigialiter unam delphinum silvis appingit fluctibus agnum. […] La nature indignée & jalouse de Dieu. […] Mais en vain la raison opposoit son murmure au besoin d’aimer, au cri de la nature.

88. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Je veux que chacun se prouve à soi-même cette vérité, en ne consultant que la nature & la raison ; & que l’honnête-homme puisse se justifier l’emploi des heures qu’il donne aux plaisirs innocens. […] Le Drame peut corriger les mœurs, il peut les corrompre ; ces deux effets opposés résultent non seulement de la nature de la Pièce, mais encore des qualités ou des vices du Comédien. […] Le premier n’est-là que pour le contraste, pour faire saillir le caractère du bouillant d’Ormilli ; caractère bien dans la nature, dont la Comédie fait un joli Tableau, mais que l’Auteur n’a pas eu l’art de présenter de manière à nous corriger : au contraire, l’on peut dire que le jeu de l’Acteur n’est propre qu’à rendre charmant un original vicieux, à porter nos Petits-maîtres, à se donner de plus-en-plus son ridicule brillanté ; ils en seront plus insupportables aux yeux des femmes sensées, plus courus des folles ; ils ne prétendent que cela. […] où l’on ne débite que des fadaises ; où l’on ne voit que des espiègleries d’enfant & des balourdises de vieillard hors de la nature !) […] si les plaisirs qu’il nous procurera, dérivent de notre nature ; si le père y voit briller les talens de son fils ; si le fils goûte l’inexprimable plaisir d’ennivrer de joie le cœur d’une tendre mère ?

89. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Je dis donc que les Spectacles sont bons ou mauvais en eux-mêmes, suivant ce qu’ils sont par leur propre nature. […] La bonté de leur nature ne dépend donc pas de leurs effets, mais au contraire leurs effets dépendent de la bonté de leur nature. […] Par ce moyen on sauve au public l’horreur inséparable de tout ce qui est contre nature. […] Reste à décider si un sujet de cette nature pourroit porter le titre de Misantrope. […] En ce cas, la nature a pris soin de les dédommager de notre humeur altiere.

90. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

C’est l’âge d’or, la loi de la nature, l’être de l’homme ; de n’obéir qu’à Dieu. […] Ce divin Lafontaine n’est que l’enfant gâté de la nature. […] Il y appris les principaux traits de ces Tableaux ; il a peint la nature bourgeoise. […] Qu’est-ce que c’est qu’une nature bourgeoise ? La nature n’est ni noble ni roturiere.

91. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Cette disposition l’empêche de trouver que l’Ecriture soit contraire au Théâtre ; et que dans le précepte de mortifier ses sens, et de faire violence à la nature, soit compris celui de détester la Comédie. […] C’est la loi de l’union de l’âme avec le corps, que les impressions reçues dans les organes soient accompagnées de divers sentiments, et par conséquent de dispositions bonnes ou mauvaises selon la nature de ces impressions. […] C’est la nature de l’homme. […] De misérables créatures y affectent la puissance et la majesté divine ; elles veulent faire servir toute la Nature à leurs passions ; on n’y réveille que des idées profanes, on n’y travaille qu’à enchanter les âmes par les sens. […] Afin qu’on ne soit pas surpris que le Théologien qui n’a jamais été à la Comédie en parle si savamment, il nous apprend les moyens dont il s’est servi pour en connaître la nature.

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