Ces deux Comédiennes furent deux phénomènes d’un caractère bien différent : l’une étoit Italienne, l’autre Angloise, toutes deux artificieuses, mais la Florentine, selon le génie de sa nation, étoit plus fine, plus rusée, plus hypocrite. […] Toutes deux intriguantes se mêlant de toutes les affaires des Royaumes voisins ; mais en deça de la mer entretenant la guerre civile, on évitoit les guerres étrangères pour ne pas risquer son crédit ; au-delà de la mer pour se conserver en étaignannt la guerre civile, & occupant la nation à des guerres étrangères. […] C’est une histoire de son règne, ce n’est donc pas Rome qui a commencé, c’est Elisabeih qui a forcé Rome à lancer ses foudres, sans doute les Bulles aigrirent les esprits &, la persécution fut plus animée, des Catholiques poussés à bout peuvent avoir fait des tentatives pour sécouer le joug selon le caractère d’une nation si remuante, il est faux que le Pape en soit la cause ; Elisabeth étoit sanguinaire, elle le tenoit de son père qui fit mourir des milliers des Catholiques, sans que Rome eut rien fait contre lui, & de sa nation dont toute l’histoire est un tissu de guerres civiles, de crimes & d’horreurs. […] Sa vie fut un tissu de scènes pareilles, elle s’empara du Havre-de-Grâce à titre d’ôtage pour de l’argent avancé, & ne veut plus le rendre, il faut un siége pour le lui arracher, elle fait faire par ses vaisseaux toutes sortes de pirateries sur toutes les nations, on lui en fait des plaintes de toutes parts ; elle en rit & en plaisante, elle ordonne plusieurs mois à l’avance au Capitaine Drack d’attaquer en Amérique les Espagnols, certain jour qu’elle lui désigne, auquel elle déclare la guerre. […] Dans un Royaume héréditaire, le choix du successeur n’est pas libre, ni la nation ni le Prince régnant ne peuvent priver de la succession l’héritier légitime, & la transporter à un autre, & renverser la loi fondamentale.
Il y a les mœurs de la Nation ; il y a les mœurs du personnage. […] Telle Nation est portée à tel vice ou à telle vertu ; elle a tels usages, telles Loix, tels préjugés. […] Ce même art exige que dans la peinture des mœurs, le pinceau soit si exact à différencier les Nations, qu’on ne puisse jamais prendre l’une pour l’autre, ni les confondre dans les ressemblances générales. […] Ce contraste étoit réservé pour d’autres Nations. […] interêt de religion, interêt d’amour, interêt de politique, interêt de Nation.
En corrompant les différentes parties, toute une nation se trouve enfin corrompue. […] Vade est l’inventeur, du moins le coriphée du genre poissard (découverte admirable, glorieuse au siecle & à la nation). […] Le théatre Espagnol se sent de la gravité de la nation. […] peut-il citer avec tant d’éloge une nation qui n’a jamais admis de femme sur le théatre pour y jouer aucun rôle, ni permis aux femmes de venir au spectacle ? […] Voilà le vrai ténébreux & le plus honteux barbarisme d’une nation.
D’Ameun, Antoine, Doudilly, Liégeon) viennent de donner chacun un Plan, tant pour la construction que pour l’emplacement du Théâtre de la Nation. […] Si la Nation Française, dans les siècles de sa gloire, ne laisse rien à la Postérité qui prouve son goût pour les Spectacles, & l’estime qu’elle fait des chefs-d’œuvres Dramatiques en tout genre dont les Siècles de Louis xiv & de Louis xv l’ont enrichie ; c’est à leur opposition à sa Religion qu’il faut s’en prendre, & à l’espèce d’infamie que cette opposition répand sur le Dramatisme. […] Détruisons donc l’opposition dont je viens de parler, avant de construire des Théâtres, sans quoi ce serait une inconséquence de plus : Mais si nous parvenons enfin à la conciliation, en prenant l’esprit tolérant de l’une, & donnant aux autres la majesté, la sagesse & la décence dignes de la première Nation de l’Univers, alors quon élève un Théâtre somptueux comme le Palais des Rois*.
La nation qui trouvait dans son roi, et dans les princes de son auguste famille, l’exemple d’une piété salutaire, s’était fait un devoir de seconder, et les intentions du souverain et celles du Clergé ; mais aujourd’hui elle est forcée d’éprouver de l’incertitude dans la marche qu’on veut lui faire suivre, et elle craint réellement les suites d’un système qui peut causer de grands troubles dans le royaume. […] Elle a attendu pendant dix ans, dans le silence du respect, que la nation se prononçât sur ses pertes, et lui accordât quelques indemnités pour la somme de maux qu’elle avait supportés depuis trente-quatre ans. […] Le Clergé doit savoir d’ailleurs que l’institution d’un ministère des affaires ecclésiastiques est une voie que le Gouvernement a sans doute voulu ouvrir pour faire concorder les lois ou usages de l’Eglise avec les lois ou usages de la nation, et il me paraît tout naturel qu’il eût été du devoir de M. l’archevêque de Rouen, avant de lancer son acte fulminatoire, de prendre conseil du ministre qui est chargé de ce département, et je ne fais aucun doute que, dans le secret du cabinet, son excellence ne l’eût invité ou à modifier, ou à supprimer un pareil acte.