Il se plaint que l’Académie Royale de Musique lui a enlevé sa Fagonde. […] La musique, qu’on dit bonne, fait tout son mérite. […] Il fut Surintendant de l’Académie de Musique & de la musique du Roi, avec quatre mille livres de pension, outre le casuel. […] Il avoit recours à des Musiciens pour composer les basses, & écrire sa musique. […] Il passa & gagna sa vie à composer de la musique, il n’eut à la Cour aucune dignité musicale ; mais il brilla dans tous les Concerts, dans les Métropoles & à l’Opéra.
Nous avons une Musique si savante & si mystérieuse, qu’il faut des oreilles longtemps exercées pour en saisir seulement l’harmonie. En Italie, c’est autre chose, la Musique charme les oreilles grossières ; c’est la Musique charme les oreilles grossières ; c’est la Musique de la nature : ici, ce ne sont que des modulations artificielles. […] Nous avons donc une Musique ? […] Je voudrais qu’une Musique, gaie, pathetique, ou terrible, selon la Pièce, ébranlât d’avance l’âme des Spectateurs. […] Je ne trouve donc à notre Musique que ce défaut-ci : elle ne me donne point de plaisir.
Sur ce magnifique Théâtre on voit avec plaisir la peinture disputer à la danse, à la musique & à la Poèsie, la gloire de charmer, de surprendre les Spectateurs. […] La musique lui suffirait pour attirer un grand nombre de Spectateurs ; mais il se sert tout à la fois de deux moyens, afin que si l’un venait à cesser de plaire, l’autre le remplaçât sur le champ. […] Craignant le faible du Public, il joint le secours des décorations aux charmes de la musique.
Il fut pris au mot, soutint la gageure, fit la piece, & elle eut le plus grand succès ; encouragé par cet essai, il y prit goût, & en a fait depuis beaucoup d’autres ; en effet, que sont dans le fond toutes les comédies, reduites à leur juste valeur, & dépouillées du prestige de la représentation, du clinquant de la décoration & des habits, des graces des actrices, de la musique, de la danse ? […] Sa passion dominante étoit la musique, il réussissoit admirablement à chanter & à composer, il avoit chez lui des concerts, & sa maison devint le plus curieux spectacle de Rome. […] Ainsi fit-il perdre la tête à son sécretaire Tarassoni insatué de la musique, où il n’entendoit rien ; jusqu’à l’établir Surintendant de la musique, & chef de tous les Musiciens de Rome ; & au poëte Burabassi, jusqu’à le faire entre en triomphe dans Rome, monté sur un Elephannt ; & inviter tous les poëtes d’Europe à se rendre à la Fête, & lui mettre la couronne poëtique sur la tête, & donner un grand festin à lui, & à tous les poëtes, dans le Palais du Vatican ; cette farce eut un dénouément tragique, l’Elephant, éffarouché du bruit des acclamations jetta le poëte par terre, & changea les lauriers en ciprès. […] Il en fait l’histoire ; il donne une notice des piéces, il fait connoître le caractère des auteurs, des acteurs, des actrices, das bâtimens, des décorations, habits, danse, musique. […] C’est à cette poësie si chantante que la musique Italienne est rédevable de sa beauté & de sa prééminance sur celle des autres Nations, s’il en faut croire Rousseau & Barreti, &c.
Un jour que dans l’humide plein Phœbus allait reprendre haleine, Et chasser de son œil riant La nuit de ceux qui n’ont lumière Que lors qu’il finit la carrière Qui leur commence l’Orient ; Je vis au séjour qui bannit les vices, Et au Paradis des esprits, Une lumière de merveille, Une Musique nonpareille, Qui environnait ce pourpris. […] Puis laissant la Mathématique, Pour repos tu prends la Musique, Et redonnant la vie aux Airs, Aussitôt que tu t’y récrée, Le ton de ta voix ensucrée Met les Sirènes dans les Airs.