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317. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Il s’y fait quelquefois tant de bruit qu’on n’y entendroir pas le tonnerre, & elles y disent des choses si plaisantes qu’elles font mourir de rire ; car leur vivacité n’est arrêtée par aucune bienséance ; elles savent les avantures de tout le monde, & s’il y a un bon mot à dire sur le Roi ou la Reine, elles aimeroient mieux être pendues que d’y manquer. […] Ces plaisanteries, ces invectives sont les traits qui amusent le plus, ils deviennent de bons mots qu’on n’oublie pas, & que par-tout on débite, & se tournent en proverbes, Qu’importe ? […] Un mot de galanterie, un éloge de leur beauté, un coup d’œil passionné raccommode tout, fait tout pardonner, tant elles sont charitables & bonnes : les fleurettes ne sont pas trop achetées au prix des injures, un amant dédommage de tour.

318. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Quinault, fils d’un Boulanger, selon Furetière, dans son Factum contre l’Académie, et d’une honnête famille, selon l’Abbé d’Olivet, dans son Histoire de l’Académie, mais fort pauvre, puisqu’il fut valet de Tristan l’Hermite, homme fort peu pécunieux aussi, de qui il apprit à faire des vers, Quinault, dis-je, avait été dans la suite Clerc d’un Avocat au Conseil, où il avait appris quelque mot de chicane, qui lui facilita l’exercice de sa charge, et lui donna du crédit chez son Marchand. […] On fit plusieurs mauvaises épigrammes sur le refus de la Chambre des Comptes, dont la pointe consistait dans l’équivoque du mot Auditeur, quoique fort mal à propos, puisqu’on dit Spectateur, non pas Auditeur de Comédie. […] Et aussitôt, par un merveilleux coup de théâtre, Beauval, qui avait le mot, sort de la coulisse de dessous la chaire, se montre à l’assemblée, et déclare bien distinctement aussi qu’il prend la Bourguignon pour son épouse légitime.

319. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Quels mots, grand Dieu ! quels mots ! […] C’est là qu’on apprend à se ménager des entrevues secrètes avec un Amant passionné, à lui faire parvenir des Lettres et des Billets ; à trouver de l’argent à crédit, et des Usuriers faciles et commodes ; c’est là en un mot qu’on apprend à ne plus rougir, à regarder le crime comme une galanterie, le mensonge comme une adresse, le luxe comme une bienséance, l’obéissance aux parents comme une tyrannie.

320. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Au surplus, la paix dont l’on aurait pu jouir sous ce caractère ne pouvait pas être de longue durée, puisque la misantropie a été mise aussi en spectacle et vouée au ridicule ; que depuis cette époque le mot misantrope est devenu synonyme de ceux de bourru, d’homme sauvage, d’ours, etc. […] On y apprend à connaître le monde et la manière de se conduire dans toutes les circonstances de la vie politique et privée ; en un mot, il a été dit en leur faveur qu’on profite mieux par les exemples frappants donnés sur le théâtre que par les lectures de préceptes de morale, trop sévèrement exprimés, etc.

321. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Supposons que les Acteurs, Actrices, Auteurs, amateurs, en un mot, le Sénat dramatique, par une révolution subite, soit revêtu de l’autorité souveraine, & forme une République ; que cette République veuille se faire un corps de législation selon l’esprit regnant de la scene, je dis que ces nouveaux Licurgues, ces nouveaux Solons, ces nouveaux Numas ne feront que ce qu’a fait Fréderic. […] Le Solon du Nord pourroit en deux mots, en style laconique, dire les mêmes choses, en déclarant que l’on peut dissoudre son mariage quand on veut.

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