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127. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Ce mot ingénieux, qui ne condamne pas directement Louis XIV, dont cet habile courtisan ne voulait pas blesser la délicatesse, répond à toutes les objections dans l’esprit d’un homme sage qui fait apprécier les lumières de la raison, et les faiblesses de l’humanité : « Non exemplis, sed legibus judicandum », dit la loi. […] Revenons à la vérité du mot de Bossuet, « il y a de grands exemples pour, et de grandes raisons contre », que Louis XIV ne prit pas pour une insolence et un manque de respect à son autorité.

128. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

Je ne puis disconvenir qu’à comparer la Lettre avec mon écrit, il ne soit visible qu’elle en est tirée presque de mot à mot, et que par là ce que j’ai fait avec précipitation a donné malheureusement et contre mon dessein, ouverture à cette Lettre; Je n’ai jamais fait état d’imprimer mon écrit : il n’était pas composé avec assez d’exactitude pour prétendre le rendre public ; je ne m’étais pas assez instruit du sujet que j’y traitais, ni des autorités que j’apportais ou pour ou contre, entre autres de celle de S.

129. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

C’est delà qu’est venu le mot larva, masca, talamasca, ainsi que les appelle le Canon Nullus déjà cité, larvas damonum quas talamasca vocant. Le véritable mot Latin pour exprimer le masque de théatre, c’est persona, personatus, qui marque le visage qu’on prend pour jouer un rôle, & tendre la personne, le personnage qu’on joue. […] Le mot de larva qu’on emploie assez communément, signifie plus précisément les spectres, les manes errans, les revenans, les diables qui se montrent, &c. ce qu’on applique aux sorciers, aux sorcieres, sagam, lamiam, larvata, strigam, selon le Glossaire de Ducange sur ces mots masca, talamasca. […] Quelques-uns ont tiré le mot de talisman de talamasca, mais sans preuve. […] Le mot Hébreu peut signifier des armes, & des habits : mais c’est trop borner la loi, & en faire une loi inutile.

130. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Les paysans devant qui cet homme a proféré le mot Coq le croient sorcier. […] Ce qu’on applaudit le plus dans le rôle de madame Pointu, qui est bègue, c’est que ce défaut lui faisant répéter deux fois la première syllabe des mots calamité et pitié, elle dit deux incongruités. […] C’est parce qu’on disoit à Le Sage qu’il falloit plaire au peuple ; c’est parce que le Sage croyoit, suivant son mot, qu’il valoit mieux faire de méchantes pièces que d’être Commis, qu’on l’a vu, avant de produire Turcaret, enfanter une centaine de médiocrités en Vaudevilles, louer son talent à des joueurs de Marionettes, s’épuiser en parodies forcées, en scènes à tiroirs, faire chanter des êtres métaphisiques incompatibles avec toute mythologie, charger Arlequin de la défense d’Homere, et malgré toutes ses ressources, essuyer souvent des chûtes à la foire. […] Panard, a dit de lui-même qu’il étoit passable coupletteur ; ce mot peu françois exprime bien du moins le mérite de ce Poëte ; il excelloit dans les couplets ; ceux qu’il a faits sur les invraisemblances reprochées à l’Opéra, sont remplis d’antithèses ingénieuses ; mais voilà tout ; ses intrigues sont foibles, sa gaité vous laisse froid, sa morale ennuie, excepté peut-être dans le Fossé du scrupule : il trouve des contrastes heureux dans les mots, il n’invente jamais de situation, il ne fait pas rire, il n’a pas de force comique. […] S’ils ne faisoient que corrompre le langage en le remplissant de calambourgs, en augmentant sans cesse le dictionnaire de nos expressions basses ; s’il n’y avoit à déplorer que cette manie des pointes et des jeux de mots, qui a subjugué tous les états sans en excepter les plus distingués ; si les suites de ce vertige se bornoient à un excès d’admiration pour des platitudes, à la décadence de la Tragédie et de la Comédie ; à des innovations malheureuses dans les arts, on plaindroit une nation chez qui tout devient peuple.

131. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Je rougirais de rapporter les mots indécents, les bouffonneries dont la scène retentit, et les péchés qu’on y joue, « scenæ sales inverecundos pudet referre, et accusare quæ fiunt », les chansons des Acteurs, les intrigues des adultères, les jeux dissolus, « agentium strophas, adulterorum fallacias, scurriles jocos ». […] Je ne sais, dit-il, s’il peut y avoir de plus grande corruption : « Nescio an sa corruptela vitiosior » (école de corruption, il n’y a point de mot Français qui exprime corruptela). […] Il montre que la justesse, la précision, la clarté, sont les plus belles qualités d’un ouvrage ; en quoi surtout excelle l’Ecriture sainte qui dit les plus belles vérités dans un mot ; au lieu que la tragédie par une gravité empesée, la comédie par les molles caresses, « gravite tragica, blanditiis et lenociniis comicis », sont absolument éloignées de cette perfection divine : « Quid sunt, si ad hanc perspicuitatem, virtutem, brevitatemque conferas ?  […]  3.) est adressée à un homme en place qui gouvernait un Etat et voulait excuser sa tolérance pour les spectacles, sous prétexte que la comédie corrigeait les hommes par ses bons mots, « salibus meliores reddit » ; ce que ses partisans ne cessent de répéter. […] (de ce mot focus, foyer, est venu le mot focaria, une maîtresse : elles ne sont pas rares aux foyers.)

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