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16. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Les Dames, auxquelles vous avez montré ma Lettre, craignent d’être privées de ce qui les flâte ; elles voudroient bien vénir à bout de me persuader, que ce, qu’elles desirent, est honnête & innocent. […] Qu’on ne me dise plus, que l’application de la Comedie du tems de ces Peres à celle qui se représente aujourd’hui, ne soit pas juste : car en outre que j’en ai montré la justesse, les personnes, qui ont eu le malheur de frequenter la Comedie moderne, l’appellent aussi bien « une école de libertinage & de vanité », que ces Saints l’appellerent de leur tems. […] Quoique les fauteurs de la Comedie prétendent, que l’Ange de l’Ecole permet de donner quelque chose aux Comediens, ils ne me montreront jamais, qu’il parle des Comedies qu’on représente aujourd’hui sur le theatre public & mercenaire. […] Qu’une Dame, dont la malheureuse tâche est de se faire aimer jusqu’à la passion, qui n’est pas honteuse de permettre cent legéres libertés ; qu’une Dame, dont les yeux, les paroles, les habits, l’air vain & coquet cinquante fois par jour étudié au miroir montrent, qu’elle n’a aucun soin de son salut, aille à la Comedie : elle ne sera coupable que de ses propres pechés : mais celles, que vous me peignez en vôtre lettre, ont assez de reputation de vertu, pour servir par leur exemple de prétexte aux autres, qui s’exposent évidemment au peché : & par consequent on ne peut plus doûter qu’elles ne pechent, quand elles vont à la Comedie ; & que les Anges Gardiens des personnes, auxquelles elles auront été une occasion de chute, n’en demandent un jour vengeance à la Justice Divine. […] Je veux la supposer telle, qu’elle se pique d’être : point d’attachemens, point d’intrigues : elle a des amitiés innocentes, liaisons honnêtes : j’en conviens : mais pour cela elle n’est pas dans le chemin du salut : elle s’en peut flâter tant qu’elle voudra ; je suis persuadé du contraire, & je vais le lui montrer.

17. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

C’est dans les Foires qu’il commence à se montrer. […] Il parodiait un des principaux ornemens du Théâtre, & montrait un nouveau genre de burlesque qui conduisit insensiblement à la découverte de l’Opéra-Bouffon. […] L’accueil que lui fit le Public, lorsqu’il se fut paré de ces nouveaux ornemens, l’engagea de renoncer tout-à-fait aux airs communs ; & de ne plus se montrer sans être accompagné d’une foule d’Ariettes. […] & 1726, il lui fut ordonné de ne plus se montrer : ce malheureux Spectacle fut contraint alors de récourir à sa prémière origine, c’est-à-dire, qu’il revint habiter avec les Marionnettes.

18. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Voyons s’il est possible de les détruire, & d’en montrer le faux. […] Ceux qui soutiennent qu’un Drame n’est fait que pour occuper la Scène, nous montrent eux-mêmes qu’il doit pourtant paraître ailleurs qu’au Théâtre, puisqu’ils le font imprimer.

19. (1643) La discipline des Eglises prétenduement réformées « Chapitre XIV. Des règlements ou avertissements particuliers » pp. 381-625

« Pour le regard des danses, les Consistoires sont avertis, qu’ils aient à faire observer tant étroitement qu’ils pourront l’Article 27. des Règlements, qui défend de danser, distinguant prudemment entre ceux qui se montreront du tout rebelles aux saintes admonitions, et ceux qui montreront par leur discontinuation avoir profité des admonitions qui leur auront été faites, de ne point danser. » Du S.N. de la Rochelle, 1581.

20. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Les Auteurs de l’Opéra-Bouffon savent représenter les actions d’un manant : qu’un Homme de Lettres s’occupe à faire revivre Alexandre, Brutus & nos Rois les plus augustes ; eux se font gloire de nous montrer un rustaut, un simple pécheur, un Boulanger. […] Voici ce que dit le fameux Rhéteur Longin ; « Les grands mots, selon les habiles gens, sont en effet si peu l’essence entière du Sublime, qu’il y a même dans les bons Écrivains des endroits sublimes dont la grandeur vient de la petitesse énergique des paroles3. » Si l’on voulait récuser l’Auteur Grec que je viens de citer, sous prétexte de son ancienneté, & que les goûts ne sont plus tels qu’ils étaient autrefois, le témoignage de Boileau montrerait que les Auteurs Modernes sont du même avis. […] Ce que dit Horace dans un endroit de sa fameuse Épitre à Mécène, qu’on qualifie du nom de Poètique, achevera de montrer qu’une Pièce de Théâtre n’est point toujours méprisable, quoique son stile soit très souvent bas & commun. […] Il n’avait garde de se montrer dans un tems où le vrai Beau seul avait des admirateurs. […] Dès que le goût se relacha, dès que la frivolité vint s’emparer des têtes Françaises, toujours prêtes à la recevoir, il marqua l’instant de son triomphe, il osa se montrer au grand jour, & devint dans peu le Spectacle de la nation. » Voilà, je l’avoue, une critique à laquelle il est assez difficile de répondre.

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