Supposé donc que la Dépense, par année, se monte, à Paris, SAVOIR ; Prix annuels, pour le premier Acteur & la première Actrice de chacun des deux Théâtres, cent louis chaque Prix : quatre Prix formeront une somme de neuf mille six cents livres, ci…… 9,600 l. […] Je ne fais pas entrer les honoraires des Auteurs dans la Dépense : on pourrait néanmoins supposer à peu près, qu’ils monteront, par an, à la somme de trente cinq mille livres : ce qui joint au Total, complèterait les 600,000 livres : mais cet article de Dépense sera comme nul, par la sur-taxe des Places, aux quatre premières Représentations. […] Les frais journaliers de notre Théâtre se montent actuellement à 400 liv. la Recette ordinaire est de 2000 livres ; à pleine Salle, 4000 livres ; ce qui n’arrive guères qu’aux premières Représentations des Pièces nouvelles.
Je n’ai point recherché la première place dans le festin du Seigneur ; mais la plus basse ; Et il lui a plu de me dire, Montez plus haut. » Ce Saint Docteur dit ailleurs : « Que les honneurs doivent nous chercher ; et que si nous les cherchons, nous renversons l’ordre et la loi de Jésus Christ qui veut que nous choisissions la dernière place : »8 « Honor te quærere debet non ipsum tu. […] Et ne croyez pas, mes Pères, que ces vérités ne soient que pour les Héros de l’antiquité, l’ambition n’a jamais été la voie légitime pour monter à l’Episcopat, et ne la sera jamais. […] Il consulte la volonté de Dieu, il fait demander quelle est celle de son Souverain, et après avoir vu que tout s’accorde à le faire monter plus haut, il se fait un devoir d’obéir à un ordre si exprès et si légitime.
Les Seigneurs et les Dames, les Princes et les Princesses, le Dauphin, le Roi même, montaient sur le théâtre, pour y jouer des rôles dans les ballets et les pièces qui se représentaient fréquemment. […] Il monta la nation sur ce ton-là, ce qui, contre son intention, a fait aux bonnes mœurs une plaie mortelle. […] Etre inscrit parmi les Acteurs, monter sur le théâtre, y passer sa vie, y jouer des rôles, y disputer des prix, les y recevoir, l’aimer éperdument, le protéger ouvertement, y faire des dépenses immenses ; quel Comédien en fait davantage, en fait tant ? […] Du moins Oreste ne s’est pas oublié jusqu’à monter sur la scène : « In scena nunquam cantavit Orestes. » Quand Néron fit mettre le feu à Rome, il prit son habit de Comédien, monta sur la haute tour de Mécène, pour mieux voir ce qu’il appelait un bel embrasement, une vive image de l’incendie de Troie ; et pour mieux représenter le premier rôle qu’il jouait dans cette affreuse tragédie, il chanta un poème qu’il avait composé sur la prise de Troie. […] Ils se sont montés sur ce ton, ils ont pris cette habitude, comment se populariser ?
De sorte qu’on appelle Comédien ; celui qui monte sur un théâtre, et qui par le rôle dont il s’est chargé, aide aux autres à y représenter publiquement quelque Pièce Dramatique, afin de divertir le peuple, et de gagner par là de quoi subsister. […] Parce que l’Eglise qui après tout doit être la grande règle d’un Chrétien, condamne les spectacles, et regarde comme excommuniés ceux qui montent sur le théâtre.
A l’égard des Spectacles, nous n’avons point de preuves certaines que les femmes, en Grèce, aient monté sur le Théâtre ; les Latins ne nous ont rien laissé qui nous donne lieu d’assurer qu’elles y aient joué parmi eux. […] Quoiqu’il en soit, nous savons, à n’en pouvoir douter, que, parmi les Modernes, les femmes ne commencèrent à monter sur le Théâtre que vers l’an 1560, comme nous l’avons dit autre part ;5 ainsi ce sont les Modernes qui ont corrompu le Théâtre dans toutes ses parties ; parce qu’il est incontestable que ce sont eux qui y ont introduit la passion de l’amour, et que les femmes n’y ont représenté, dansé et chanté que depuis 1560.