Ce Pape affecte de citer pour les Conciles l’édition du Jésuite Hardouin ; aurait-il cru que le nom et la robe de ce prodige d’érudition et de folie, mettrait quelque poids dans la balance auprès des mondains ? […] Bernard mit son talent à profit dans sa jeunesse, en jouant des comédies chez lui, et chez le Duc de Bellegarde son protecteur, qui s’en amusait beaucoup ; mais dès qu’il fut converti, son premier soin fut de renoncer au théâtre et au malheureux talent de contrefaire les gens, aussi opposé à la charité chrétienne qu’à la politesse et à la décence, d’où il ne peut revenir que du mal, et il exhortait tous ceux qui s’adressaient à lui de fuir ces dangereux spectacles. […] C’était pour eux une irrégularité, et si par hasard quelqu’un avait été ordonné, il devait être déposé, et même l’Evêque qui lui avait imposé les mains : « Aliquos qui voluptates et editiones populo celebrarant ad honorem Sacerdotii pervenire quorum neminem ne quidem ad ordinem Clericorum oportuerat pervenire, tantæ usurpationi finis imponatur, et qui ordinati fuerint cum ordinatoribus suis deponantur. » C’est le décret qu’envoya le Pape Innocent au Concile de Tolède, et qui y fut mis comme une loi pour toute l’Espagne (Distinct. […] 30), met au nombre des Ecclésiastiques irréguliers ceux qui ont été Comédiens, furieux, ou énergumènes : ces trois choses vont de pair (V.
On devrait l’introduire parmi nous, elle maintiendrait le respect dans le peuple, et mettrait les Magistrats dans la nécessité de l’observer et de se respecter. […] J’ai beau lui exagérer le sacrifice que je lui ai fait, il se met à rire, et me soutient qu’il m’a trouvée très profane. » » Je demanderais volontiers à M. de Montesquieu en quel de ces endroits qu’il peint avec tant d’agrément et de vérité, il voudrait placer un Officier de Cour souveraine. […] Tout cela mis dans une juste balance, il est démontré que le public, que la religion y perdent beaucoup plus qu’ils n’y gagnent. […] 13.) qui se montre un peu plus complaisant, et qui cependant entraîné par la force de la vérité y met tant de restrictions, que sa condescendance le réduit à rien.
Ce n’est pas la peine de se mettre en frais pour guerir ce mal, & le mérite de Moliere sur cet article, est bien borné, quoique cette piéce soit une des meilleures. […] Moliere l’a reconnu, & son Marquis de Mascarille n’est qu’ un fat qui passe pour une maniere de bel esprit, & s’est mis dans la tête de faire l’homme de condition, & se pique de galanterie & de vers . […] Aucun des Dictionnaires portatifs n’a daigné faire un article de ces deux femmes, il n’y a que celui des Femmes, soi-disant celebres, qui a transcrit leurs mémoires, pour grossir les volumes ; il les met au reste, en assez mauvaise compagnie. […] Tous les matins un magicien met un visage neuf sur le sien, cela nous fait peur, car quand le visage est double, le cœur l’est aussi. […] L’industrie toujours ingénieuse, à flatter la vanité, mit tout à contribution pour satisfaire les petits maîtres, ensuite on en rasa une partie, on n’en laissa qu’une petite pointe au menton, ou sur la levre inférieure, & des moustaches, à divers crochets, plus ou moins grandes ; enfin, la barbe a disparu, & n’est plus que chez les Capucins, où même elle a beaucoup perdu de son vaste empire.
Pour bien exécuter ce nouveau chant, on a construit un buffet d’orgues avec tous les tuyaux acoustiques ; à chacun des tuyaux on a adapté une phiole d’une liqueur spiritueuse dont le goût est gradué selon les proportions harmoniques ; chaque phiole a son orifice & une soupape qui s’ouvre ou se ferme selon qu’on lève ou qu’on baisse les touches du clavecin qui y répondent à la place des vents que donnent les soufflets de l’orgue ; la phiole laisse couler de sa liqueur, toutes ces liqueurs se rendent par un conducteur commun à un tuyau où celui qui veut savourer cette harmonie, doit mettre sa bouche pour recevoir les liqueurs à mesure qu’elles découlent ; quand ces liqueurs sont consonnantes, il s’en forme une de leur mélange qui a un goût admirable : ce goût, au contraire, est détestable si elles sont discordantes ; ainsi une main savante flatte agréablement le palais, une ignorante l’empoisonne, comme l’une flatte, l’autre écorche les oreilles. […] Au lieu de phiole à chaque touche répond une cassolette qui exhale ou retient son parfum à volonté, selon qu’on baisse ou lève la soupape, & comme les odeurs montent, & que les liqueurs descendent ; au lieu du canal conducteur on met sous le clavecin une pyramide creuse ou un entonnoir renversé ; on place le nés au sommet où les odeurs vont aboutir comme dans l’orgue savoureuse, on place la bouche au bout du tuyau conducteur où les liqueurs vont se rendre ; cela ne se fait pas sans rire : un homme au bout d’un tuyau qui avale une ariette, ou à la pointe d’une pyramide qui hume une chacone, une gigue fait avec celui qui touche l’orgue, une scène très-comique, mais un grand inconvénient, c’est qu’on ne peut régaler qu’une ou deux bouches, un ou deux nez à la fois, & qu’à mesure que la liqueur s’écoule, il faut en verser des nouvelles, au lieu que l’air & la lumière fournissent sans se consumer à une foule d’auditeurs ou de spectateurs. […] Attaqué & vaincu de nouveau, il fut obligé de prendre la fuite, il fut poursuivi ; il eut beau se déguiser & se cacher, les odeurs le trahirent, il fut découvert à la trace comme le gibier dont le chien de chasse suit la piste ; il fut pris & mis à mort. […] 4.° Le livre d’Esther fait un détail singulier du goût extrême qu’avoit pour les odeurs le voluptueux Roi de Perse ; on ramassoit dans ses vastes États les plus belles filles, mais avant de paroître devant lui, elles passoient une année entière à se parfumer, comme si on eut voulu leur incorporer les parfums : les premiers six mois se passoient à se baigner dans l’huile de myrrhe pour amollir la chair, ouvrir les pores & les mettre en état de recevoir les aromates dont on les parfumoit les autres fix mois, sex mensibus oleo ungebatur myrrhino, & aliis sex mensibus, unguentis & aromatibus utebantur . […] Une Actrice, une coquette, un petit maître ne peuvent soutenir cette idée désolante, & mettent tout en œuvre pour étaler la fraîcheur, les grâces, la douce haleine de la jeunesse : vains efforts !
Elle s’était mise dans la dernière classe, rien n’était au-dessous d’elle, et la république la méprisait trop pour s’embarrasser de son sort. […] Il croit que c’est d’abord au Juge séculier à y mettre ordre, mais qu’à son défaut c’est à l’Eglise ; que ce crime est mixte, mixtifori, à raison du péché, du scandale et des erreurs qu’on y débite, et que c’est à l’Eglise seule à juger de la morale et de la doctrine, à approuver les pièces ou les rejeter. […] Ainsi l’infamie prononcée par la loi contre les Comédiens les mettrait à couvert de l’excommunication de la part de l’Eglise. […] Enfin on dégrade toute sorte d’états, à l’exception du militaire, pour mettre le Comédien au pair et de niveau avec tous les autres citoyens, même avec la Magistrature. […] Omer Joli de Fleury, Avocat du Roi, a dit que l’exposé qui venait d’être fait à la Cour du livre en question, ne justifie que trop la sensation que la distribution avait faite dans le public ; que les Gens du Roi se seraient empressés de le déférer, il y a plusieurs jours, s’ils n’avaient été instruits des mesures que prenaient à ce sujet ceux qui se dévouent sous les yeux de la Cour à la profession du Barreau ; que leur délicatesse, leur attachement aux maximes saintes de la religion et aux lois de l’état, ne leur avaient pas permis de garder le silence ; et que dans les sentiments qu’ils venaient d’exprimer, on reconnaissait cette pureté, cette tradition d’honneur et de principes qui distingue singulièrement le premier Barreau du royaume ; que les Gens du Roi n’hésitaient pas de requérir que le vœu unanime des Avocats sur la personne de l’Auteur, qu’ils rejettent de leur corps, fût confirmé par le sceau de la Cour, et que le livre fût flétri, lacéré et brûlé par l’exécuteur de la haute justice au pied du grand escalier du Palais ; qu’il fût fait défenses à tous Imprimeurs, Libraires, Colporteurs, et autres, de l’imprimer, vendre et distribuer, à peine de punition exemplaire ; que ledit François-Charles Huerne de la Mothe fût et demeurât rayé du tableau des Avocats, qui est au Greffe de la Cour, en date du 9 mai dernier ; et que l’arrêt qui interviendrait sur les présentes conclusions, fût imprimé, lu, publié et affiché partout où besoin sera. » Les Gens du Roi retirés, la matière mise en délibération, la Cour rendit un arrêt entièrement conforme à leurs conclusions ; après quoi le Bâtonnier étant rentré avec les anciens Avocats, M. le premier Président leur fit entendre la lecture de l’arrêt, et leur dit, qu’« ils trouveraient toujours la Cour disposée à concourir avec eux pour appuyer de son autorité le zèle dont ils étaient animés pour tout ce qui intéresse l’ordre public et la discipline du barreau. » Nous n’avons rien à ajouter à un arrêt si sage ; il confirme tout ce que nous disons dans cet ouvrage, nous n’en avons même jamais tant dit.