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447. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

Chrysostome fait retrancher, ce qu’il y avoit de plus dissolu & de plus honteux : mais quelque reforme, qu’on y eut fait, le même Saint ne laisse pas de les appeler « des écoles d’impuretés & de libertinage » : non pas qu’on y representât des actions sales sur le Theatre, ce que les pieux Empereurs n’auroient pas souffert ; mais parce que les Comediens de l’un & de l’autre sexe ne s’étudioient, qu’à se servir de paroles équivoques, & de gestes affectés, qui n’étoient propres, qu’à remplir l’esprit d’idées impures, & le cœur de mauvais desirs.

448. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Pour ceux qui voudraient de bonne foi qu’on réformât à fond la comédie, pour à l’exemple des sages païens y ménager à la faveur du plaisir des exemples et des instructions sérieuses pour les Rois et pour les peuples : je ne puis blâmer leur intention ; mais qu’ils songent qu’après tout, le charme des sens est un mauvais introducteur des sentiments vertueux.

449. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Ces premieres impressions ne s’effacent que difficilement ; il n’est pas aisé de rompre ces premieres liaisons, ces anciennes amours sont d’ordinaire les plus fortes ; & si les peres & les meres ne doivent pas permettre à leurs enfans de commettre des actions contraires à ce que Dieu leur ordonne, ils sont obligez, à plus forte raison, d’empescher qu’ils n’aillent en des lieux, d’où ils reviendront avec de méchantes inclinations, qui seront des sources perpetuelles de mauvaises actions. […] Je me suis peut-estre trop éloigné de mon sujet, mais il me semble que je ne pouvois rien expliquer qui fist mieux connoistre le danger, & les mauvais effets des crimes déguisez par les Auteurs des Pieces de theatre. […] Ils composent leurs pieces avec tant d’artifice, que les plus méchans y trouvent suffisamment dequoy se contenter, & que les bons, à moins d’estre bien éclairez, ont de la peine à y découvrir ce qui merite la censure, & sont presque contraints de suspendre leur jugement, & de dire comme ces anciens Senateurs, la chose n’est pas constante : Non liquet, nous ne pouvons pas justifier ces Pieces comme innocentes, parce qu’elles prennent le party du vice en apparence ; on ne peut pas les condamner comme mauvaises, parce qu’elles semblent soûtenir & relever la vertu : elles se mettent à couvert de la censure des bons par cette apparence d’innocence, elles évitent le mépris des méchans par cette apparence de malice : l’apparence du mal couvre l’apparence de l’innocence, celle de l’innocence couvre celle du mal, ce mélange continuel ne laisse pas le temps de reconnoistre lequel l’emporte ou du bien ou du mal ; & ce venin, comme celuy de Pelage, ne s’apperçoit qu’aprés qu’il a eu le temps d’agir avec toute sa force, & qu’il a tout perdu. […] Il n’est par consequent pas plus permis d’aller à la Comedie, que de demander de méchans conseils, que de suivre le mauvais exemple, que de le donner soy-mesme, que le donner des leçons du crime, que de le commander, estant sur un siege, qui est & une chaire de Docteur, & comme une espece de trône, parce qu’on n’y enseigne pas seulement à offenser Dieu, mais qu’il semble qu’on l’ordonne.

450. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Un mauvais Acteur est un ressort foible, qui plie sous la machine, une teinte louche qui blesse le coup d’œil, une touche molle qui gâte le coloris. […] Une bonne action ne transpire point : une mauvaise s’ensévelit. […] Une Piéce peut-être semée sans danger d’épisodes galantes, de traits badins, de pensées cavalieres : quel mauvais effet peut-il absolument s’ensuivre. […] Non : l’horreur du vice est naturelle & le goût ne s’en acquiere, s’il est possible de parler ainsi, que par un habitude consommée : j’atteste l’Univers entier qu’à la vue de quelque chose de mauvais on se sent intérieurement offensé.

451. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Qu’on ne s’attende pas au reste que ce grand Casuiste fasse aller ses huit champions à confesse pour se préparer à la mort, puisqu’il trouve mauvais, pag. […] C’est au contraire le riche mondain, l’homme livré à la dissipation, à la bonne chère, qui est insensible & dur. comme le mauvais riche pour Lazare. […] L’Auteur est mauvais logicien.

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