Le mariage règle la concupiscence, mais il ne la rend pas réglée ; elle est toujours déréglée en elle-même et ce n'est que par force qu'elle se contient dans les bornes que la raison lui prescrit.
Le mariage règle la concupiscence, mais il ne la rend pas réglée.
Quoique absolument parlant nous ne condamnions pas quelques danses qui se font modestement & honnêtement, à l’occasion des mariages, néanmoins il faut avouer que ces assemblées de garçons & de filles produisent presque toujours quelques desordres. […] Examinez bien, mes Frères, ce qui se passa aux noces d’Abraham, d’Isaac, de Jacob & des autres Saints dont parle l’Écriture : vous verrez qu’il n’y est fait aucune mention de danses & de semblables légéretés ; au contraire, il est dit de Sara que voulant attirer la miséricorde de Dieu sur son mariage avec le jeune Tobie, elle déclare qu’elle a toujours eu en horreur de semblables amusements : Tob. […] Si vous vous conduisiez de la sorte, Dieu béniroit vos mariages ; au lieu que vous attirez souvent son indignation par les danses & les autres excès ausquels vous vous abandonnez.
Il ne se maria point : le célibat est plus commode que le mariage. […] Arétin y ajouta l’impiété des sentimens sur le mariage & la bâtardise. […] On s’efforce d’excuser la galanterie des théatres, en disant qu’elle est toujours terminée par un mariage, & qu’elle y conduit. […] La maison d’Est doit sa légitimation a ce mariage tardif, qui courut de grands risques. […] Il ne voulut s’engager, ni dans le mariage, quoiqu’il trouvât des partis fort avantageux, ni dans l’état ecclésiastique, quoique le Cardinal Hypolite d’Est lui eût procuré bien des bénéfices.
Il fait entrer Enée & Didon dans une grotte pour y commettre le crime : ils en sortent se tenant par la main avec la satisfaction la plus marquée de deux amans qui viennent de satisfaire leur passion, le tout accompagné de la musique la plus douce & la plus voluptueuse, de la fête la plus brillante, des paroles les plus expressives, pour célébrer leur amour terminé par un mariage. […] Virgile, quoique païen, n’en dit qu’un mot : dans son quatrieme livre, il ne parle même de ce mariage prétendu obscur & clandestin qu’avec une sorte d’horreur. […] Après son mariage, il revint à Dijon où le sieur Juvigni a ramassé toutes ses œuvres, & en a donné une édition complette en sept volumes. […] Mais, supposant avec lui que tout languit, que tout est triste sans les femmes, que le souverain bonheur est cette jouissance physique, & dans le fonds il est vrai que cet amour pur est bien rare, quoique les apologistes du Théatre nous aient quelquefois bercé de cette chimere, puisqu’en effet les femmes ne plaisent & ne cherchent à plaire que par les sensations, & qu’elles excitent les plus vives, surtout au Théatre, qui est le regne du seul plaisir physique, dont tous ses amateurs sont épris, que c’est leur vie, leur béatitude, qui les jette dans l’ivresse & le délire ; est-il moins vrai, dans les principes de la Religion, qu’il n’est pas permis d’exciter, de goûter, de désirer, d’attendre ce plaisir physique, d’y penser même volontairement, hors d’un légitime mariage ; par conséquent que le Théatre, où tout le fait naître, où tout s’en occupe, où tout s’en repaît, est le lieu du monde le plus dangereux pour la vertu, & où se commet le plus de péchés ?