/ 311
35. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

) comme un objet digne de notre adoration & capable de nous consoler du malheur d’être , subit la peine de sa témérité ; le pantalon qui l’exerce & le réalise à nos yeux, échapperoit-il au glaive de la Justice ? […] Ces prophetes de malheurs créeront-ils l’évenement pour la prédiction  ? […] d’un malheur imaginaire qui menaçoit ta patrie…… a pu causer tes allarmes , (p. […]  m’écrirai-je bien volontiers avec toi, n’apprendrons-nous jamais combien mérite de mépris & de haine tout homme qui abuse pour le malheur du genre humain, du génie & des talens que lui donna la nature ? […] Quelle seroit ma surprise si pour avoir ramassé ces miettes tombées de la table de mes maîtres, j’avois le malheur de paroître coupable à leurs yeux !

36. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Peut-être a-t-il pensé que le fils d’un Pêcheur, élevé par son courage aux premiers emplois de l’Etat, instruit par le malheur à chérir l’humanité, exercé dans son obscurité aux vertus paisibles, et plus satisfait de mériter une couronne, que de la porter, était un personnage plus digne de charmer un Philosophe, que d’occuper un grand Poète : et pour m’expliquer enfin sur ce sujet, sans ambiguïté, ou Corneille n’osant déplaire aux Grands, a pris le parti de les flatter ; ou il n’a pas jugé que ses contemporains fussent assez avancés pour préférer le beau naturel au gigantesque, et la vérité aux fictions : j’abandonnerai donc cette production imparfaite, et avant de chercher de nouveaux exemples qui confirment mon opinion, je vais prévenir vos objections (autant qu’il sera en moi) et combattre les principes que vous avez quelquefois supposés, plutôt qu’établis. […] « Rien de tout ce qui paraît au théâtre (continuez-vous) ne nous convient, parce que nous y voyons toujours d’autres êtres que nos semblables, et que le tragique les met au-dessus de l’humanité. » Mais le raisonnement est aisé à faire du moindre au grand : « Et si un Roi, pour 5 trop s’abandonner à la vengeance, tombe dans un malheur si grand, qu’il excite la pitié, à plus forte raison celui, qui n’est qu’un homme du commun, doit tenir la bride à de telles passions, de peur qu’elles ne l’abîment dans un pareil malheur. » Et c’est parce que les hommes rabattront assez de la vertu, qu’il faut leur en montrer de plus grands modèles. […] « Je n’y puis découvrir (dans Thyeste) cette probité commune, ni cette faute sans crime qui le plonge dans son malheur.

37. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Les Grecs croyaient sans doute, que les divers malheurs qu’éprouvèrent Œdipe & la maison d’Agamemnon, inspiraient plus de terreur & de surprise, qu’aucun trait d’Histoire qu’on aurait pu mettre au Théâtre. […] Nous serions plus séduits, plus frappés du tableau des malheurs de nos Pères, que de la peinture d’un Grec ou d’un Romain, qui vivait deux mille ans avant nous, ou qui n’éxista peut-être jamais. […] Ainsi quand un beau sujet a le malheur de tomber dans des mains mal-habiles, il est perdu pour jamais.

38. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XVIII. Sentiment d’Aristote.  » pp. 66-68

La jeunesse et même l’enfance durent longtemps parmi les hommes : ou plutôt on ne s’en défait jamais entièrement : quel fruit après tout, peut-on se promettre de la pitié ou de la crainte qu’on inspire pour les malheurs des héros ; si ce n’est de rendre à la fin le cœur humain plus sensible aux objets de ces passions ?

39. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Je sais que ce n’est pas vous faire ma Cour de donner la préférence à Corneille sur Racine, et qu’étant son Amie comme vous l’êtes, il vous est aisé de croire ce que vous souhaiteriez qui fût : mais quelque déférence que j’aie pour vos sentiments, j’ai le malheur de ne pouvoir déguiser les miens ; et supposé entre eux une égalité de mérite, Corneille étant venu le premier, et ayant purgé le Théâtre de la Barbarie qui s’y était introduite, je crois que le premier Rang lui est légitimement dû. […] Dans les Siècles passés comme au Siècle où nous sommes La Nature était lente à faire de Grands Hommes ; Et l’aimable Thalie a longtemps à pleurer Avant que son malheur se puisse réparer, etc. » Voilà, Madame, tout ce que j’en ai retrouvé, et c’en est assez pour vous faire connaître combien je voyais de difficulté à mettre de pareils Noms sur le Théâtre.

/ 311