N’y fit-on aucun mal soi-même, il suffit d’occasionner les chutes des autres, pour être coupable de scandale. […] Un premier, qui leur défendit absolument de blesser la modestie et la réputation de personne, ayant été mal observé, un second leur défendit de jouer aucune pièce qui n’eût été examinée et approuvée par des Commissaires du Parlement. […] On le représente comme un malade altéré qui demandait à tout le monde de l’or potable pour étancher sa soif et remédier à ses maux. […] Vrai et faux, bien et mal, religion et hérésie, tout est bon à des Comédiens. […] Cette galanterie, que la Clairon sans doute paya galamment, fut mal reçue du public, qui n’est pas galant et n’aime pas la magistrature galante.
Style froid, intrigue mal liée, dénouement trivial, mauvaise musique, Acteurs ignorants, etc. que sais-je ? […] Le théâtre est la boîte de Pandore qui renferme tous les maux, et pis encore ; il ne laisse guère au fond l'espérance de se corriger : « Cor fatui quasi vas contractum, omnem sapientiam non tenebit. » Sur quoi portent tant de maux si réels ? […] En est-ce un moindre d'aller à dessein pleurer d'un mal imaginaire, frémir d'un crime chimérique, rire d'une fable, de forger des sottises et des forfaits, de s'étudier à les bien rendre pour s'attendrir ou se réjouir, attendrir ou réjouir les autres de rien ? […] Partout édifiant et délicat sur les bienséances, il évite jusqu'à l'apparence du mal, il ne trouble les exercices de piété, ni n'affaiblit l'onction de la grâce et le goût de la dévotion : goût incompatible avec le sentiment volontaire des passions.
Qu’on ne me dise pas que des amours qui causent tant de tourments à ceux qui en sont possédés, et qui les portent à tant d’extravagances, sont plus propres à corriger de cette passion qu’à l’exciter : Cela pourrait se dire avec quelque vraisemblance, si, après tous ces tourments, et toutes ces extravagances, les Amants finissaient par être réellement malheureux : En ce cas les Spectateurs pourraient concevoir de l’aversion pour une passion qui ne produit que des peines dans sa fin, comme dans son progrès : mais malheureusement l’amour de Théâtre, et surtout celui de la Comédie, a toujours un succès heureux ; et le Spectateur en conclut avec raison, que les maux soufferts par les Amants, pour arriver à ce succès favorable, loin d’être une juste punition due à une passion condamnable, sont plutôt une persécution injuste suscitée à la vertu qui finit par en triompher. Il suit de là que, comme le Spectacle de la vertu persécutée ne doit point détourner de la vertu, de même la représentation des maux que souffrent les Amants, ne détournera point de l’amour, et que les Spectateurs, après avoir plaint les Amants dans leurs traverses, se réjouiront avec eux de les en voir délivrés, et ne seront point effrayés d’avoir à courir les mêmes risques ; parce qu’ils seront sûrs d’obtenir le même prix. […] Ces sortes de sentiments ne seraient jamais en risque d’être désaprouvés, ou mal reçus des Spectateurs ; car, dans une grande assemblée, il peut bien se trouver quelqu’un qui ne soit pas sensible aux impressions de l’amour, tel qu’on le voit communément sur le Théâtre, et qui par conséquent ne regarde qu’avec indifférence, ou avec mépris les faiblesses du cœur humain ; mais il n’y en aura pas un seul qui ne soit ou père, ou fils, ou mari, ou citoyen : et si, par hasard, il se rencontrait un Spectateur qui fut bon père, mais qui ne fut pas bon citoyen, et que l’action théâtrale de ce jour-là ne traitat que de l’amour de la Patrie ; loin d’en blâmer l’Auteur, il n’est pas douteux qu’il l’admirerait.
Et de là il s’ensuit nécessairement qu’ils peuvent défendre la danse en tout temps, parce que comme nous avons prouvé dans tout cet ouvrage, ce divertissement, non seulement est opposé à la piété Chrétienne, mais encore il ne peut être qu’une source de maux et de péchés. Ajoutons à cela, que la négligence des Magistrats séculiers qui voient le mal et n’y remédient pas, Glos. in c fin. de except in 6. et Firman. tract. de Ep. par. 2 l. 5.
L’amour, me disais-je, l’amour serait un mal ! […] Mais le mal est fait. […] Tout amusement inutile est un mal. […] bien ou mal, vous répondez à tout, mon frère. […] Comme un mal nécessaire.