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127. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

C’est mal servir le public d’animer l’émulation, en corrompant les mœurs. […] Que cette apologie est mal adroite ! […] Peut-on plus mal adroitement parler contre son héros & contre soi-même ? […] En pensant bien, il parle mal ; il se sert des phrases les plus forcées & les moins naturelles. […] L’Avare est moins mal écrit que le Mysantrope.

128. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Ce n’est donc point un mal ni rien d’indigne de l’homme Sage et Vertueux, de ne se point refuser des plaisirs innocents et honnêtes ». […] « Ces mouvements pleins d’impudence que l’on voit dans la personne des Comédiens, quel autre effet produisent-ils que d’enseigner le mal à la jeunesse ? […] Le plus grand mal qu’on y puisse trouver, c’est que la plupart des Sujets sont tirés de la Fable ; et encore quel mal est-ce là ? […]  « Que le repos et la joie étaient des Médecins à tous les maux. » Cette vérité est si constante, tant dans l’exercice des vertus que dans celui de l’esprit que les Saints Pères en ont parlé en mêmes termes que les profanes. […] Je ne trouverais pas qu’il y eut moins de mal pour eux que s’ils jouaient à la paume, aux cartes, aux dés, jeux qui sont contre la bienséance de leur état, quoi que pour les Séculiers, ils ne soient pas criminels.

129. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

Esculape les rejettera parce que dans celui-ci, le mal qu’il souffre est une juste punition de ses crimes, et dans les autres, c’est un effet de leurs dérèglements. […] Car à l’égard de celles-là, rien ne serait plus mal à propos que de dire : Je ne m’appliquerai pas à vous guérir quelque prière que vous m’en fassiez, parce que votre maladie vient de votre dérèglement.

130. (1695) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie [4 décembre 1695] « Mandement  » pp. 34-37

Il est donc impossible de justifier la Comédie sans vouloir condamner l’Eglise, les saints Pères, les plus saints Prélats ; mais il ne l’est pas moins de justifier ceux qui par leur assistance à ces spectacles non seulement prennent part au mal qui s’y fait, mais contribuent en même temps à retenir ces malheureux ministres de Satan dans une profession, qui les séparant des Sacrements de l’Eglise, les met dans un état perpétuel de péché et hors de salut s’ils ne l’abandonnent. […] Nous nous reprocherions d’employer en cette occasion, pour arrêter ce mal, l’autorité que Dieu nous a mise en main, si nous n’avions pas auparavant inutilement employé nos remonstrances : mais l’ayant fait sans aucun fruit, Nous n’avons pas cru pouvoir nous taire, sans nous rendre coupables d’approuver le crime par notre silence, et responsables devant Dieu de tous les désordres, dont ces divertissements criminels sont la source.

131. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

C’est pourquoi, dit ce Père, les Théâtres causent dans les Villes de grands maux que l’on ne comprend pas. […] Il ne s’ensuit donc pas que saint Bernard, pour n’avoir pas souhaité plus de mal à ceux qui assistent aux Comédies, qu’une soif ardente de courir toujours après, n’y ait trouvé qu’une simple vanité, comme les défenseurs de la Comédie le prétendent. […] Mais ces moyens que l’on propose, et que le relâchement dans la Morale n’a inventé que pour cacher à ceux qui vont à la Comédie le mal qu’ils font en y assistant, ne les exempte point de péché devant Dieu. […]  » A l’égard des Magistrats qui tolèrent la Comédie, c’est par prudence et pour éviter un plus grand mal. […] Saint Augustin106 l’avait dit autrefois dans le même esprit : que l’on tolérait des choses mauvaises pour empêcher de plus grands maux.

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