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365. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

 Il n’est pas de ces Rois, dont la foible bonté Autorise le vice, & blesse l’équité ; Qui bornent leur justice à de foibles menaces, Qui d’une aveugle main signent graces sur graces, Qui, contens d’avoir fait des Edits solemnels, Laissent vivre le crime avec les criminels ; Et qui faisant gronder leur inutile foudre, Semblent ne condamner que pour pouvoir absoudre, Tout peut les ébranler, tout peut les éblouir. […] Mais rappellez-vous, Messieurs, que c’est à dix-neuf ans précisément que Charles le Sage, le restaurateur du Royaume, prit en main les rênes du Gouvernement. […] Ecoutez la voix du Pasteur qui vous exhorte & vous sollicite, & qui aime mieux devoir votre obéissance à ses charitables conseils, qu’aux censures que l’Eglise lui a mises en main ». […] Enfin, dit-on encore, on met Plaute, Térence, Aristophane, Sophocle, Euripide dans les mains des jeunes gens : mais la différence n’est-elle pas infinie entre la lecture & la représentation d’une Piece ? […] Ils ne sont aujourd’hui que de puissantes armes dans des mains ennemies.

366. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

On peint le front, les joues, les paupieres, les sourcils, le nez, la bouche, les oreilles, les ongles, les mains, les pieds. […] Ulysse instruit de l’aventure, vient furieux au Palais de Circé, il est reçu comme on l’est des actrices ; elle veut l’empoisonner aussi, il met l’épée à la main pour la tuer, elle l’appaise en lui offrant sa couche, la paix est aussi tôt faire, il l’accepte sans scrupule, quoique mari de Pénélope : elle lui donne des habits magnifiques, & des rafraîchissemens délicieux, il se fait mettre dans le bain par les Nymphes, qui pendant qu’il se baignoit lui versent sur le corps de l’eau chaude & des essences.

367. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Mais ce qui dans le cours ordinaire des choses, s’ensévelit ainsi, entre les mains de l’art prend une forme nouvelle : la vertu devient lumineuse ; le crime détestable : les qualités éclatent ; le vice est confondu. […] L’art n’est pas à beaucoup-près à nos yeux aussi relevé : la nature est un principe éminent & fécond par lui-même ; l’art au contraire n’est tout au plus que l’effort généreux d’une main imbécile. […] Le Spectateur doit être entre les mains d’un Acteur intelligent, une cire molle susceptible de toutes les impressions : parce que c’est des mouvemens qui l’excite dans ce cœur froid & tranquille, que le tableau tire son état & son prix.

368. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Car, c’est dans ces rencontres que les yeux s’y trouvent aussi libres, que les pieds & que les mains ; les paroles à double sens s’y font entendre distinctement, le bruit & le tumulte de l’assemblée y laisse dire beaucoup de choses que la retenue ne permettroit pas ailleurs ; les libertés qu’on croit illicites dans d’autres endroits semblent demeurer ici permises : d’ailleurs, la nuit qu’on choisit ordinairement pour ces assemblées, comme étant l’ennemie de la pudeur & la confidente des crimes, donne de la hardiesse aux plus timides pour tenter leurs pernicieux desseins ; & les filles croient être plus parfaites pour savoir bien danser, que pour savoir bien vivre. […] Tantôt applaudissant à cette vertu romaine qui n’est autre chose qu’un orgueil déguisé ; & s’accoutumant à regarder un chimérique honneur, comme le bien le plus précieux, il apprend à tout sacrifier pour le conserver, ou le réparer sans égard pour les droits mêmes les plus inviolables du sang & de l’amitié ; & il l’apprend d’autant plus volontiers, que c’est un pere barbare qui met lui-même un fer assassin entre les mains de son fils, & lui ordonne de tuer ou de mourir. […] Coupables frénétiques, nous ne cessons d’insulter à la main charitable qui voudroit nous guérir ; & bien loin de recevoir le reméde qu’elle nous offre, nous saisissons avec fureur, nous buvons à longs traits avec délices le subtile poison qui nous donne la mort. […] Chrétiens, reprend Tertullien de concert avec saint Chrysostôme, vous oserez lever au Ciel ces mains que vous venez de fatiguer en applaudissant à un acteur ? […] Seulement que quelqu’accident imprévu vous y surprenne, disoit encore Tertullien, qu’un coup de foudre, par exemple, vous y rappelle le souvenir des vengeances du Seigneur : aussi-tôt on vous voit allarmés, vous portez la main sur votre front pour y graver le signe du salut.

369. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

c'est tomber du Ciel, comme on dit, dans un égouts d'ordures: N'est-ce pas une chose honteuse d'honorer les Comédiens de votre approbation, et de vos applaudissements en frappant des mains, que vous venez d'élever pour invoquer le nom de Dieu ?

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