Quand les Auteurs se seront imposés la loi de punir la passion d’amour dans leurs Ouvrages, comme ils punissent toutes les autres passions, alors elle sera digne du Théâtre ; parce que la représentation en deviendra utile à la République : mais toutes les fois que la passion d’amour sera non seulement accompagnée de mollesse, mais encore récompensée, comme on ne le voit que trop souvent dans les Pièces de Théâtre ; alors on ne pourra en aucune manière la justifier, et je serai toujours le premier à la condamner.
L’Impiété qui craint le feu, et qui est condamnée par toutes les Lois, n’a garde d’abord de se rebeller contre Dieu, ni de lui déclarer la guerre ; elle a sa prudence et sa politique, ses tours et ses détours, ses commencements et ses progrès.
Ainsi ce qui le porte à combattre sa douleur, c’est la Loi & la Raison, & ce qui le porte au contraire à s’y livrer, c’est la Passion ? […] L’une qui ne répugne point à la Loi, mais qui est prête à la suivre en tout.
» Dans l’Homélie 38. sur le même chap. 5. de Saint Matthieu vers la fin, il dit que les Acteurs des Comédies ont été déclarés infâmes par les lois des Anciens. […] Ce que l’on vient de dire de la Comédie, ne peut s’appliquer aux Tragédies qui se jouent dans les Collèges, selon les Lois Académiques, qui sont plutôt des exercices pour ceux qui en sont les Acteurs, que des divertissements pour les personnes qui y assistent : les sujets en sont bien plus purs, la modestie du Théâtre est bien plus grande, les passions en sont moins vives et moins violentes, les circonstances enfin du lieu, du temps auquel les Tragédies se jouent, et encore des personnes qui s’y trouvent, fournissent bien moins d’occasions d’offenser Dieu ; par conséquent elles sont beaucoup moins dangereuses, et on n’en doit faire aucune comparaison avec les Comédies dont il s’agit. […] Cette conduite est conforme à la doctrine des Théologiens après Saint Thomas, lequel parlant des lois humaines, qui laissent beaucoup de péchés impunis, dit S.
Il est décidé d’ailleurs, que la fervente dévotion a des degrés où il est toujours très-bon de s’efforcer d’atteindre, mais qui ne peuvent pas faire une loi absolue pour le général des hommes.