Les meurtres, les usurpations, les infidélités, les trahisons, le mépris des Loix, les conspirations, etc. sont ordinairement le fruit que l’amour produit sur la Scène dans les Tragédies ; et dans les Comédies, qui font ici mon objet principal, c’est l’amour qui cause les divisions dans les familles, le mépris de l’autorité paternelle, la violation de la foi conjugale, la dissipation des biens, et tous les vices enfin où se livre un jeune homme qui ne connaît rien de sacré, quand il s’agit de satisfaire sa passion.
Je n’ai pas entièrement suivi ce que dit Pamélius dans l’argument de ce livre ; parce qu’il n’est pas vraisemblable que les gentils proposassent jamais à un chrétien la comédie, ou les autres spectacles ; comme un moyen propre pour s’instruire à braver la mort.
Une danseuse, une chanteuse des Chœurs de l’Opéra de Paris ne peut assurément pas, avec quatre ou cinq cent livres d’appointement, subvenir aux frais de son entretien, et à ceux qu’elle est en même temps obligée de consacrer au Théâtre. […] On ôtera aux hommes la pension de cent pistoles qui leur est destinée pour la donner aux femmes qui seront parvenues à la vétérance, en sorte qu’elles auront deux mille livres de rente dans leur retraite au lieu de mille seulement ; et les hommes, en dédommagement, auraient une Direction de Comédie dans les principales Villes du Royaume, laquelle leur vaudrait trois mille livres et serait prélevée sur les produits du spectacle. […] [NDE] Digeste de Justinien, Livre III, Titre II « De ceux qui sont notés d’infamie », 2, § 5, in Corpus de droit civil, ca. 530 : « celui qui montera sur un théâtre, sera infâme » [trad. […] Hulot, Les Cinquantes livres du Digeste ou des Pandectes de l’empereur Justinien, Metz, Behmer et Lamort, 1803.
C’est une femme qui trompe son mari, et se livre à un amour adultère… Cependant, un père et ses enfants, une mère et sa fille, de graves sénateurs, se plaisent à ce spectacle immoral, repaissent leurs yeux de cette scène impudique. […] Parcourons les Livres Saints ; tout y commande la fuite du monde et de ses dangers. […] Qui peut disconvenir que le Théâtre de Molière ne soit une école de vices et de mauvaises mœurs, plus dangereuse que les livres même où l’on fait profession de les enseigner ?
Les Académies dans les ouvrages qu’elles couronnent, les sujets des prix qu’elles proposent ; les feuilles périodiques dans l’extrait des livres qu’elles publient, les censeurs dans les approbations qu’ils accordent, n’ont gueres plus de délicatesse ; sur-tout le Théatre met tout sur la même ligne, les pieces pieuses & les farces licencieuses, les sujets de l’Ecriture & les Contes de Lafontaine mis en drames, l’Evangile & les Méthamorphoses d’Ovide, tout fait spectacle dans des bouches & à des yeux corrompus. […] Je ne considere point ici les Spectacles d’un œil de religion, mais d’un œil philosophique ; car autrement je dirois qu’il n’y a que l’ignorance ou la folie qui puisse s’autoriser de la Religion pour les soutenir ou même pour les excuser ; je dirois que s’il y un livre qui les proscrive, c’est l’Evangile qui nous recommande de prier sans cesse, de porter notre croix ; que s’il y a un lieu où soient étalées les maximes, les pompes du monde, auxquelles nous avons solemnellement renoncé, c’est sur le Théatre ; je dirois que la vie des comédiens, leurs danses lascives, leurs passions embellies, leurs paroles tendres, équivoques, licencieuses, ne peuvent qu’embraser les jeunes cœurs, déjà trop prompts à s’enflammer ; je dirois enfin que la correction des théatres les rend encore plus dangereux ; car plus les passions sont finement voilées, & les sentimens délicats, plus l’amour profane nous pénetre & nous enchante, cet amour dont on a bien de la peine à se défendre, dans les lieux même consacrés à la vertu. […] Il en a voulu faire un gros livre, quoiqu’il y eût si peu de matiere, pour marquer sa reconnoissance au Pontife qui a béatifié un P.