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87. (1579) Petit fragment catechistic « Que les jeux des théâtres et les danses sont une suite de la science diabolique, opérante par philaphtie et amour de soi-même contraire à la foi opérante par charité, fondement de la Cité de Dieu. » pp. 20-26

Voilà la résolution de ce grand personnage monsieur Gerson conformément à tous les anciens Docteurs saints, desquels qui voudra voir au long la sentence touchant telles impures impiétés, comme aussi touchant les autres débauches, danses, folies, ivrogneries, momeries, et semblables bacchanales, accoutumées méchamment et scandaleusement, d’être commises les jours des fêtes, lise les lieux ci après notés, savoir est : Chrysostome, t. 2, Homélie 38 in 2 Matthoei. […]   Nous ne lisons quasi aucun des Anciens, qui ait parlé de cette matière, qui ne reprenne beaucoup tels jeux : lesquels je suis aussi certain que les magistrats Chrétiens n’approuvent aucunement, ains étant chargés du pesant faix d’une si grande police, les permettent seulement, comme nous avons vu les prêches des hérétiques et bordeauxv publics être permis, en intention d’éviter plus grands maux : mais toutefois s’il fallait permettre le mal, il me semble du tout intolérable que ce soit sous le titre de la Passion, comme il ne serait loisible et ne devrait être permis aux femmes débauchées, se titrer de la confrérie de la très sacrée et très pure vierge Marie mère de Dieu.

88. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « X. Différence des périls qu’on cherche et de ceux qu’on ne peut éviter. » pp. 44-45

On ne peut, continue-t-il, faire un pas, lire un livre, entrer dans une Eglise, enfin vivre dans le monde, sans rencontrer mille choses capables d’exciter les passions. » Sans doute, la conséquence est fort bonne : tout est plein d’inévitables dangers ; donc il en faut augmenter le nombre.

89. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

Mais comme la plupart des raisons dont on se servira s'étendent naturellement à la lecture des Romans, on les y comprendra souvent, et l'on prie ceux qui le liront de les y comprendre quand on ne le fera pas expressément.

90. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Et en effet, Monsieur, elles sont toutes si frivoles, qu’après avoir lu cette Lettre avec beaucoup d’attention, j’ai douté d’abord si elle avait été écrite comme un Ouvrage sérieux, ou plutôt comme une Pièce Comique et faite à plaisir. […] En effet, ajoute-t-il, lisez et relisez l’Ecriture, vous n’y trouverez point de précepte formel et particulier contre la Comédie». […] Il ajoute, qu’il vaudrait bien mieux que ces gens-là n’eussent jamais appris à lire que de faire un tel usage de leur lecture : « Hoc loco dixerim longe melius fuisse nullas litteras nosse quam sic litteras legere.» […] On ne devrait pas même lire l’Ecriture sainte, puisqu’elle est la cause innocente de toutes les Hérésies, qui, selon saint Jérôme, naissent pour l’ordinaire d’une parole mal entendue ou malicieusement expliquée.» […] Les belles comparaisons après cela que fait ici notre Docteur, quand il nous dit : « que s’il était défendu d’aller à la Comédie, une belle femme ne devrait point aller à l’Eglise, de peur d’y exciter la passion de quelque libertin ; qu’on ne devrait pas lire les Histoires, parce qu’elles rapportent des faits éclatants dont les passions ont été la cause ; et qu’on ne devrait pas même lire l’Ecriture sainte, parce qu’elle peut être l’occasion des Hérésies et des erreurs».

91. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Si Saint Augustin s’accuse dans ses Confessions (ce Livre immortel qu’on ne peut trop lire, ni trop méditer) d’avoir répandu des pleurs sur le sort de l’infortunée Didon ; s’il en demande pardon à Dieu dans toute l’amertume de son cœur, et à la face de tout l’Univers, comment justifierez-vous les larmes que vous versez continuellement au Théâtre ? […] Lisez l’Histoire de l’Eglise, et vous verrez à quelles pénitences on condamnait autrefois celui qui avait assisté aux Spectacles, et vous verrez qu’ils furent toujours regardés par les Chrétiens comme l’école du Démon, et qu’il déclara souvent lui-même, par la bouche des possédés qu’on exorcisait, qu’il s’était emparé de leur esprit, parce qu’il les avait trouvés au Théâtre, c’est-à-dire, dans un lieu qui lui appartenait ; de sorte qu’il n’y a pas lieu de douter que l’Apôtre n’ait voulu parler des Spectacles, lorsqu’il publie qu’on ne peut assister à la table des Démons, et à celle de Jésus-Christ : « Non potestis bibere calicem Domini, et calicem Dæmoniorum. […] lisez l’histoire de Joseph, celle de Moïse, celle des Machabées, histoires si attendrissantes, si supérieures à toutes les fictions, que ceux mêmes qui ont voulu les mettre en vers, et qui ont cru les embellir, les ont défigurées ; lisez les souffrances de Jésus-Christ, les circonstances de sa douloureuse Passion, celles de son ignominieux Crucifiement, et si vous ne versez pas des larmes, c’est que votre cœur n’a de sentiment que pour les crimes et pour les fables. Lisez les Actes des Martyrs, et c’est là que vous verrez des membres palpitants sur des roues ; des corps mis en pièces par la rage des bourreaux ; des têtes séparées de leur tronc par l’activité d’un feu dévorant ; des hommes tout vivants couverts de bitume et de poix, allumés comme des torches pour servir de lumière aux passants ; des hommes exposés dans les Cirques et dans les Amphithéâtres, à la férocité des Tigres et des Lions, comme un Spectacle propre à amuser le Peuple et les Empereurs.

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