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46. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 13

Il y avait déjà sept ans qu’il pourrissait dans le cachot ; mais, comme on fut au milieu du festin, un perroquet qui était en la salle, soit qu’on lui eût appris sa leçon, soit par un instinct de la providence de Dieu, s’écria d’une voix plaintive en langage du pays : αἴ αἴ, κυριος Λεων : Hélas !

47. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Les Ecrivains Jésuites en sont si remplis, que le style et le langage de la plupart de leurs ouvrages de littérature est monté sur le ton du théâtre. […] C'est le langage le plus théâtral substitué à la majesté des divines Ecritures. […] Je ne dis pas qu'on ne puisse quelquefois employer ces expressions métaphoriques, qui sont partout reçues, encore moins voudrais-je soupçonner la pureté d'intention d'un Auteur que j'ai connu rempli de piété, je dis seulement que c'est un homme qui, comme un grand nombre de Jésuites, nourri du théâtre, ayant composé et représenté des pièces, regardant les talents dramatiques comme un mérite distingué, s'en est rendu le langage familier, et le parle naturellement à tout propos, sans s'apercevoir de l'indécence de l'application qu'il en fait aux choses saintes. […] Les innombrables Poètes de la Société, au-deçà comme au-delà des monts, depuis les plus célèbres jusqu'aux plus obscurs, Porée, Brumoy, la Rue, Catrou, etc. d'après Corneille, Racine, Crébillon, Voltaire, ont sans scrupule dans leurs poèmes tenu le même langage.

48. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Le Peintre ne parle qu’aux yeux, le Musicien à l’oreille, le Poëte à l’imagination ; encore n’ont-ils qu’un langage sourd, une expression obscure : le Spectateur est obligé de se prêter, d’y mettre continuellement du sien : sinon un goût décidé, une intelligence particuliere ; du moins une attention laborieuse. […] Chacun entend ce langage, parce que naturellement il imprime. […] Non : on peint l’homme par l’homme même, les mœurs par leur caractére, les sentimens par leur ton, les passions par leur langage. […] Il n’y a que l’Art Dramatique qui joigne le privilége insigne de tout rendre à une expression pitoresque en tout genre ; c’est avec le geste, les paroles, le ton & les mouvemens qu’il appartient de tout peindre ; c’est avec cela que les touches acquierent de la fermeté, les couleurs du langage, & le tableau du coloris. […] les Livres un langage aussi mâle ?

49. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Quoiqu’il en soit, il est constant qu’il instruit de l’art criminel d’aimer & d’être aimé ; il apprend le langage de l’amour profane ; il enseigne les moyens de se dérober aux yeux des surveillans.

50. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

Le vice s’embellit sur la scène, les maximes qui feraient horreur dans le langage ordinaire, s’y produisent impunément, y prennent même un air de noblesse et d’élévation.

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