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76. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Les alarmes de ce grand Magistrat ne sont que trop justes, & le Parlement, en souscrivant à sa requisition, nous apprend à trembler avec lui. […] En faisant passer dans la tragédie l’excellente morale de ce juste, le touchant Eurypide laissa les hommes tels qu’ils étoient. […] Les harangues de la place Maubert en disent cent fois d’aussi vifs, d’aussi justes, d’aussi plaisans, que Moliere même alloit écouter, qu’il a inserés dans ses pieces, dont il faisoit juge sa servante, & que personne ne traite de sublime. […] Aussi n’est-il pas dans le haut tragique, & il est juste que tout soit mis à l’unisson.

77. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Le théâtre réunit tout : l’irréligion et le libertinage en ont jeté les fondements, et par un juste retour il en a étendu l’empire. […] Je croirai, si l’on veut, que Molière avait quelque bonne intention, et peut-être voulait réparer ses fautes ; le dénouement de la pièce est une juste punition de l’impiété. […] Le culte et le mépris des fausses Divinités contribuent à l’ébranler : leur culte est une idolâtrie renouvelée, leur mépris, quoique très juste, dans le rôle des Acteurs est un blasphème. […] On ne peut trop maintenir le respect dû aux Puissances, aux lois de l’Etat : je loue infiniment le zèle de ceux qui leur font rendre un si juste devoir ; je voudrais seulement que Dieu ne fût pas moins respecté, ses lois moins observées, sa morale moins révérée, sa religion, ses Ministres, son culte moins protégé : le Créateur et tout ce qui appartient à son service, le mérite-t-il moins ?

78. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

C’est ce qui dans tous les temps a été si unanimement reconnu, que les Comédiens eux-mêmes se sont rendu justice, qu’à deux ou trois Ecrivains près, qui ont fait semblant de s’en défendre, ils n’ont pas réclamé contre la juste sévérité de l’Eglise, sur laquelle il n’y eut jamais ni obscurité ni incertitude. […] D’où il résulte que quand même cette évaluation et cet abonnement seraient exacts et justes, ce qui n’est pas, les Comédiens ont constamment deux cents mille livres de pur profit à partager ; ce qui, ajouté aux frais, qui sont considérables, forme pour le public une dépense énorme pour l’objet le plus frivole et le plus dangereux ; sans compter le théâtre Italien et de la Foire, qui vont aussi loin, et l’Opéra qui monte beaucoup plus haut et fait beaucoup plus de dépense, et les théâtres innombrables des provinces, ce qui revient à des sommes immenses. […] Il répond que sans doute elle est due de droit commun, puisque chacun la doit de son industrie, et qu’il ne serait pas juste que les coupables fussent dispensés des charges que portent les innocents ; que cependant il est de la décence que l’Eglise ne les reçoive pas, pour marquer l’horreur qu’elle a du crime : « Ecclesia non debet eas recipere, ne videatur eorum peccato communicare. » Pour entendre ici la distinction de justice et de décence, il faut distinguer deux sortes de biens mal acquis ; les uns injustement, contre la volonté du maître, en les lui volant ; les autres par la donation volontaire, quoique par un mauvais motif. […] Ce n’est pas autoriser leur métier et leurs profits, c’est au contraire le punir, en le tolérant : ce qui bien loin de blesser les lois de la décence, est au contraire très convenable et très juste.

79. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Cette expression triviale n'est pas juste : on purge un malade, on ne purge pas les maladies. […]  » Quel cœur bien placé, quel esprit bien fait, que l'Auteur de cette réflexion si naturelle et si juste ! […] La juste punition d'un scélérat est peu théâtrale, et ne saurait plaire ; c'est un assassin sur la roue. […] Un effet inévitable du mélange du bien et du mal, c'est de faire perdre les idées justes des vrais devoirs, du vrai bonheur, du vrai malheur de l'âme, et d'y substituer un système tout différent, dont on est fort satisfait, parce qu'il est conforme à la nature.

80. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Il est inutile de faire au Théatre l’application d’un portrait si juste. […] Au reste, ce château divin, Ce n’est pas celui du Saint Pere, Mais bien celui de Caumartin, Homme sage, esprit juste & fin, Que de tout mon cœur je préfere. […] D’un autre côté, en le lisant, il reconnoit combien étoit juste le sentiment héréditaire qui pendant deux cens ans l’avoient livré à la poussiere. […] Ses plaisanteries sans nombre, justes, vives, fines, naturelles, qui le faisoient admirer & craindre, rechercher & haïr, tout a été sacrifié. […] Je doute de la vérité du fait, mais la comparaison n’est pas juste, ce sont des qualités fort différentes.

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