» « J'ai trouvé vos paroles, et je m'en suis nourri, et elles ont rempli mon cœur de joie et d'allégresse. […] Or l'expérience peut faire connaître à tout le monde, que rien n'éteint davantage la joie spirituelle que l'on ressent dans la lecture de la parole de Dieu, que les joies séculières et sensuelles, et principalement celles de la Comédie. Ces deux joies sont entièrement incompatibles. […] Grégoire, que lorsqu'on se repaît des vaines joies du monde, les sens spirituels deviennent engourdis, et incapables de goûter et d'entendre les choses de Dieu. « Qui praesentis mundi delectatione pascitur, interni ejus sensus ligantur, ut jam spiritualia mandere et intelligere non valeant. » Or entre les joies du monde qui éteignent l'amour de la parole de Dieu, on peut dire que la Comédie et les Romans tiennent le premier rang, parce qu'il n'y a rien de plus opposé à la vérité, et que l'esprit de Dieu, comme dit S.
Il croit donc que ceux qui dansent les jours des Dimanches pèchent grièvement ; si ce n’est peut-être, dit-il, que ce fût dans l’occasion d’une joie publique, et extraordinaire, comme pour quelque victoire, ou que cela se fît secrètement : mais ces exceptions ne sont point justes, et ne doivent point être par conséquent reçues. […] Ce même Auteur suivant la disposition dans laquelle il était d’élargir la voie du salut, contre la parole expresse de l’Evangile, excepte encore le cas de la coutume ; permettant la danse aux jours de quelques fêtes particulières, lorsque l’usage en est déjà établi : Mais ceux qui seront véritablement entrés dans les sentiments de l’Eglise, et qui seront animés de l’Esprit qui l’a conduite dans l’institution de ces solennités, souffriront encore moins cette exception, que les autres ; Car ils seront persuadés que les témoignages de la joie Chrétienne, qui est une joie toute spirituelle, et toute en Dieu, ne sauraient s’accorder avec ces danses mondaines. Nous avons le chant de l’Eglise, les Hymnes, et les Processions pour exprimer la véritable joie, que le saint Esprit inspire à nos cœurs ; et ce sont les seuls témoignages de joie que l’Eglise a reçus, et approuvés ; Au lieu qu’elle a traité les danses, lorsqu’elle en a parlé dans ses Canons, comme des divertissements indécents, et entièrement honteux. En effet, si les danses d’aujourd’hui pouvaient convenir aveca la joie sainte de l’esprit Chrétien, pourquoi les condamnerait-on en certaines personnes, et en certains lieux, et lorsque l’usage en est trop fréquent ? […] n’avons-nous pas assez d’autres exercices licites, et usités dans l’Eglise, qui ne répugnent point à la sainteté des jours qui sont destinés à la prière et à la piété, pour témoigner notre joie, s’il arrivait qu’on ne pût pas différer cette réjouissance en autre temps ; sans avoir recours à des usages qui favorisent la nature corrompue, et qui nourrissent l’esprit du siècle ?
» Et afin que l’on ne dise pas que cette tristesse n’était que passagère, et que la joie du successeur en effaçait entièrement le souvenir,1 on n’a qu’à lire pour être convaincu du contraire, le Décret qui se faisait en suite de l’Election pour être mis et conservé dans les Archives de l’Eglise de Rome. On y parle à la vérité de consolation et de joie, mais on n’y perd point de vue la tristesse qui les a précédées. « On remercie la divine providence d’avoir converti les gémissements et les pleurs de l’Eglise en des cris d’acclamation et de joie, et d’avoir fait succéder une abondance de consolation à un excès de douleur.… la mort de notre S. […] » Mais peut-être qu’on avait soin de cacher cette tristesse au Successeur, et qu’on affectait de ne faire paraître devant lui que de la joie. […] Ceux que nous proposons ici pour modèle, parlaient dans des actes publics qui étaient vus de tout le monde, et ils ne faisaient point de difficulté d’y témoigner que ce qui causait leur joie dans2 l’Election de leur Pasteur était qu’il avait autant de mérite que celui qui venait de leur être enlevé, et qu’ils espéraient de retrouver dans le Successeur le même avantage qu’ils venaient de perdre avec le défunt, « Ut quidquid boni in illo amisimus, in hoc nos invenire indubitabiliter confidamus.
»19 « Dans les maisons des justes il n’y a que des paroles de joie, mais d’une joie salutaire : »20 « ne vous donnez pas à Dieu avec tristesse, regret, ou contrainte ; car Dieu se plaît à celui qui avec joie se donne à lui. […] Du côté de Dieu,Raisons de cette joie. […] laquelle sans cette joie ne peut se plaire en sa vocation, ni s’avancer à la perfection Chrétienne. […] En deux manières pouvons-nous dire, que l’âme vraiment Chrétienne, est en une continuelle joie. […] » Raisons de cette joie.
Voilà, Mes Pères, de quels sentiments votre joie devait être tempérée. […] Est-ce que c’est la nature de ces sortes de joies profanes, qu’elles enivrent, et qu’elles font oublier le bon sens et la raison ? […] Vous avez été sincères ayant mieux aimé supprimer sa mémoire que de démentir par quelque marque extérieure de regret les sentiments de votre cœur qui nageait dans la joie de se voir délivré d’un Prélat incommode, dont la vie était un reproche continuel de votre conduite ; semblables à ces femmes coquettes qui ne peuvent dissimuler la joie qu’elles ressentent à la mort de leurs maris, dont le joug ne s’accorde pas avec la malheureuse liberté qu’elles recherchent.