Au prémier coup d’œil, je n’apperçois qu’un ouvrage sans intérêt, & par conséquent sans nœud. […] Je me suis éfforcé de prouver que la simplicité fesait l’ornement de l’Opéra-Bouffon ; ou de la Comédie-mêlée d’Ariettes ; en doublant l’intérêt ne détruit-on pas ce précieux avantage ? […] Les événemens peuvent être connus, sans préjudicier à l’intérêt. […] On voit plusieurs fois de suite la même Pièce, & l’on sent toujours pour le Héros le même intérêt que si l’on apprenait pour la prémière fois son Histoire. Ce que je dis ici n’est point pour me déclarer en faveur de ceux qui soutiennent que le dénouement peut être connu sans préjudicier à l’intérêt ; c’est seulement pour avertir qu’on est libre de le faire des deux façons.
Toutes deux corrompoient les courtisans, les Magistrats, les Ministres ; mais d’un côté par la débauche, de l’autre par l’intérêt. […] Il est rare qu’on règne sur les cœurs quand on a perdu les grâces de la jeunesse, & qu’on n’est recherchée que par intérêt. […] Dans la vérité cette Princesse n’avoit aucune Religion, les favorisoit ou les combattoit toutes selon son intérêt ou son caprice. […] C’est un homme dans une forêt qui ne sait quelle route suivre ; on n’écoute plus que l’intérêt, c’est le vrai mobile des Princes & des Sujets ; la Religion lui est sacrifiée, l’intérêt est le seul évangile qu’on consulte. […] On admire, on respecte ces grands événemens politiques, où les Princes, selon leurs intérêts, se jouent du genre humain ; regardez de près, ce n’est qu’une comédie que joue une Actrice couronnée.
Tout ce qu’il met au jour a donc un air de merveille, un caractére d’intérêt pour nous. […] Enfin tout ce que nous offre le Théâtre est à portée : l’objet, le jeu, l’intérêt, la marche, le dénouement. […] Chez celui-ci c’est une politique d’intérêt, & chez l’autre une maxime de sagesse. […] Ne jugeons pas du Jeu par son attrait particulier pour l’esprit de désœuvrement, le goût décide, l’intérêt, ou la passion. […] Le goût particulier vous fait du jeu un besoin, l’intérêt une loi, la passion une nécessité.
C’est ce qui fait espérer que Molière recevra ces Observations, d’autant plus volontiers, que la passion et l’intérêt n’y ont point de part : ce n’est pas un dessein formé de lui nuire, mais un désir de le servir : on n’en veut pas à sa personne, mais à son Athée : l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation : ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu, qu’il attaque ouvertement, et qu’un Chrétien témoigne de la douleur en voyant le Théâtre révolté contre l’Autel, la Farce aux prises avec l’Évangile, un Comédien qui se joue des Mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la Religion. […] Il sait que les choses défendues irritent le désir, et il sacrifie hautement à ses intérêts tous les devoirs de la piété : C’est ce qui lui fait porter avec audace la main au Sanctuaire, et il n’est point honteux de lasser tous les jours la patience d’une grande Reine, qui est continuellement en peine de faire réformer ou supprimer ses Ouvragese. […] Et où a-t-il trouvé qu’il fût permis de mêler les choses saintes avec les profanes, de confondre la créance des Mystères avec celle du Moine Bouru, de parler de Dieu en bouffonnant, et de faire une Farce de la Religion : il devait pour le moins susciter quelque Acteuro pour soutenir la Cause de Dieu, et défendre sérieusement ses intérêts : il fallait réprimer l’insolence du Maître et du Valet, et réparer l’outrage qu’ils faisaient à la Majesté Divine : il fallait établir par de solides raisons les Vérités qu’il décrédite par des railleries : il fallait étouffer les mouvements d’impiété que son Athée fait naître dans les Esprits : Mais le Foudre p. […] et que peut-on espérer d’un homme qui ne peut être ramené à son devoir, ni par la considération d’une Princesse si vertueuse et si puissante, ni par les intérêts de l’honneur, ni par les motifs de son propre salut. […] , « qu’il lui est très fâcheux d’être exposé aux reproches des gens de bien, que cela est capable de lui faire tort dans le monde, et qu’il a intérêt de conserver sa réputation » : Puisque la vraie gloire consiste dans la vertu, et qu’il n’y a point d’honnête homme que celui qui craint Dieu, et qui édifie le prochain.
» Et le Roi de Prusse, dans la même vue, parlant de la religion Protestante que lui-même il professe, disait avec autant d'esprit que de vérité : « C'est se moquer de recourir à l'inspiration divine ; la religion Protestante s'est établie en Allemagne par l'intérêt, en Angleterre par la débauche, en Hollande par l'indépendance, en France par des chansons. […] Un Ecrivain parle au public, il doit se respecter, il se peint dans son ouvrage, il a intérêt de se respecter lui-même, s'il ne veut se rendre méprisable. […] La modestie de la sagesse l'empoisonnerait ; un intérêt commun fait secouer ce joug et assure la liberté. […] Religion, politique, droit public, morale, intérêt des Princes, histoire, philosophie, etc. tout est de son ressort. […] Cette liberté de répandre sur tout le vernis du ridicule, détruit en entier les sentiments d'estime, de respect, de confiance, que nos intérêts et ceux de la société demandent que nous conservions les uns pour les autres.