Les théâtres, qui ne cessent de le répéter, contribuent beaucoup à fortifier cette impression ; l’esprit s’y abandonne sans réserve, et sent avec plaisir les mouvements qu’ils inspirent, et le dispose à en ressentir de semblables dans l’occasion.
; or rien ne nous est plus dangereux, susceptibles d’erreur au point où nous le sommes, que de prendre l’habitude de quitter les choses réelles pour nous attacher à leur ombre, et de mettre notre plaisir dans le néant, c’est pourquoi Tertullien ne fait aucune difficulté de dire que tout ce qui tient de la fiction passe devant l’auteur de la vérité pour une espèce d’adultère, « adulterium est apud illum omne quod fingitur », et comme ces fables sont ingénieuses, et embellies de tous les ornements de l’art, et des traits de l’éloquence, elles viennent non seulement à vous plaire plus que la vérité, mais encore à en inspirer le mépris et le dégoût. […] , la nudité, les gestes, les airs lascifs des comédiens et comédiennes qui soit contraire à la modestie, supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur parure, leurs actions, et tout leur maintien extérieur, supposé que tout ce qui s’y passe, les vers tendres et passionnés, les habits, le marcher, les machines, les chants, les regards, les mouvements du corps, la symphonie, les intrigues amoureuses ; enfin que tout n’y soit pas plein de poison, et semé de pièges, vous devez pourtant vous abstenir d’y aller, (je parle toujours avec saint Chrysostome) car ce n’est pas à des Chrétiens à passer le temps dans la joie, aux Disciples d’un Dieu homme qui n’a jamais pris sur la terre le moindre divertissement, à qui le rire a été inconnu, qui a donné au contraire sa malédiction à ceux qui rient, que l’Athlète qui étant dans la lice tout prêt d’en venir aux mains avec son adversaire, quitte le soin de le combattre pour prêter l’oreille à des folies, le démon nous attaque et tourne de tous côtés pour nous dévorer, il n’y a rien qu’il ne tente pour surprendre, il grince des dents, il rugit, il jette feu et flamme, et vous vous arrêtez tranquillement à ouïr ces extravagances, pensez-vous que ce soit par là que vous le surmonterez ? […] Jean est suffisant pour en inspirer de l’horreur, car qui donna occasion à ce meurtre horrible, à ce crime l’un des plus énormes qui ait jamais été commis après l’attentat des Juifs sur la personne du Saint des Saints, ce fut la danse de la fille d’Hérodias, elle plut tellement à Hérode, que s’étant indiscrètement engagé avec serment de lui donner tout ce qu’elle voudrait, il crut ne lui pouvoir refuser la tête de Jean-Baptiste dans un bassin, ainsi la tête du précurseur du Messie, de l’ami de l’Epoux, du plus grand d’entre les enfants des hommes, fut le prix de quelques pas en cadence d’une baladine.
(Paroles de Solon à Thespis) Inspiré sans doute par cette pensée, l’Athénée des sciences, des lettres et des arts, demande : Quelle est l’influence de la scène sur les mœurs en France ? […] Voltaire, qu’autorisait l’exemple d’Euripide, ne le suivit pas en tout ; plus délicat dans le choix de ses sujets, il rejeta en général ces grands coupables qui ne peuvent rapprocher de la vertu que par l’horreur qu’ils inspirent, mais qui peuvent aussi faire avancer dans le crime. « Il y a du bon dans cette pièce , disait un avare assistant à l’une des représentations de Molière, elle offre d’utiles leçons d’économie. » La répugnance de Voltaire à donner au public cette dangereuse instruction, mérite notre reconnaissance ; son respect pour les mœurs, nos éloges et notre admiration ; car, il faut le dire, le vice alors infectait la nation, et siégeait impudent au conseil de son roi. […] « Mahomet aurait eu le défaut d’attacher l’admiration publique au coupable, si l’auteur n’avait eu soin de porter sur un second personnage un intérêt de respect et de vénération, capable d’effacer la terreur que Mahomet inspire.
Quand ses accords sont rudes, vifs, nerveux, bruyants, ils nous agitent avec force, & peuvent nous inspirer la colère & la fureur, comme le quatrième Acte de Zoroastre : sont-ils sombres, c’est-à-dire sourts, ils nous font sentir la terreur ; lents & déliés, ils nous portent à l’amour : deviennent-ils légers, leur marche est-elle rapide, la joye vient aussi-tôt nous saisir. […] Le souffle léger du zéphir qui frémit agréablement à notre oreille, nous réjouit, nous enchante ; le sifflement des vents mutinés nous inspire une certaine crainte, & nous porte à la fureur. […] Les Grecs croyaient fermement qu’elle inspirait toutes les vertus civiles & morales. […] Lycurgue, ce fameux Législateur, croyait que la musique inspirait la valeur & la sagesse ; il me semble pourtant qu’elle n’était point trop florissante à Lacédémone. […] Voici comme il s’èxprime : « L’harmonie n’est pas seulement un simple agrément que la Nature a mis dans la voix de l’homme pour persuader & pour inspirer le plaisir ; mais dans les instrumens, mêmes inanimés, c’est un moyen merveilleux pour inspirer le courage & pour émouvoir les passions. » Polybe35 dit, que les Peuples d’Arcadie n’étaient doux, humains, n’aimaient la Religion & toutes les Vertus, que parce qu’ils aimaient la musique : il soutient encore, que les Peuples de Cynèthe ne se portèrent à toutes sortes de crimes, que parce qu’ils renoncèrent à la musique qu’ils avaient chérie autrefois.
Vous savez mon secret, & tout mort que je suis, Je voudrois inspirer de la reconnoissance, (Qui dit amour, dit espérance) Ecrivez-moi si je le puis.