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19. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

qui a composé, Ex professo, un Livre des Spectacles, décrit bien au long toutes les infamies qui s’y pratiquaient. […] décrivant les spectacles des Anciens, et surtout leurs Bacchanales, fait des peintures si horribles de leurs infamies et de leurs prostitutions publiques, que je ne puis me résoudre à vous les rapporter. […] Pour commencer par Tertullien : en même temps qu’il déteste l’horreur et l’infamie des Spectacles, il se fait cette objection. […] C’est donc une assez faible conséquence que de prouver la méchanceté d’une action parce qu’elle est notée d’infamie. […] Et dans l’élévation où ils sont, reste-t-il le moindre vestige de leur infamie ?

20. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

C’est même une sorte de notoriété de droit : un état public toléré par le Magistrat, objet de l’inspection de la police, exercé journellement sous ses yeux, équivaut à des sentences et des dénonciations juridiques : l’acceptation du Magistrat le dénonce pour Comédien, la note d’infamie imprimée par la loi sur la profession et sur ceux qui l’exercent, est une dénonciation du crime. […] Il n’y a que celles-ci contre les Comédiens ; on n’en a jamais dénoncé aucun, et partout on peut communiquer avec eux, quoique par tout l’infamie de leur métier et le danger de leur commerce les fassent éviter par les honnêtes gens qui ont de la religion et des mœurs, comme une très mauvaise compagnie. On ne peut pas prouver l’excommunication par la seule infamie ; l’infamie n’emporte pas l’excommunication, on peut être infâme sans être excommunié ; ni l’excommunication l’infamie, on peut être excommunié sans être infâme. Les lois qui impriment cette tache au métier, flétrissent les Païens, comme les Chrétiens, et plusieurs sont antérieures au Christianisme : combien d’excommunications générales et particulières attachées à des péchés qui n’emportent point d’infamie !

21. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Il parle d’abord des infamies qui se commettaient sur les bords du Tibre dans la fête de la grande Déesse, et il remarque que les Comédiens étaient chargés de ce cérémonial, et s’en acquittaient si bien que leurs propres mères (c’est beaucoup dire) auraient eu honte d’entendre dans leurs maisons ce qui se disait dans les rues : « Scenicos ipsos domi suæ proludendi causa coram matribus suis agere pudet, etc. » Il passe de là au théâtre. […] S’il faut honorer les Dieux, disent les Grecs, il faut honorer les Comédiens, cela est juste ; ces deux infamies sont unies. […] Vous avez dégradé les Comédiens, éloignez ces Dieux qui se plaisent dans la représentation de leurs crimes, soit qu’ils soient véritables, ce qui est le comble de l’infamie, soit qu’ils soient faux, ce qui serait le comble de la calomnie. […] On applaudit aux combats des Gladiateurs, et on se moque des œuvres de miséricorde ; on entretient la débauche des Comédiens, et on laisse manquer les pauvres du nécessaire ; on blasphème la doctrine de Dieu et on décrie les Prédicateurs qui condamnent cette infamie publique, et on adore ces Dieux prétendus qui se plaisent à des spectacles de théâtre qui déshonorent le corps et l’âme. Si Dieu permet les désordres, c’est alors qu’il est plus irrité ; s’il les laisse impunis, c’est alors qu’il punit plus sévèrement, et la misère qui tarit la source des débauches est un effet de sa miséricorde : « Theatrorum moles extruuntur, et effodiuntur fundamenta virtutum ; luxuriantur Histriones, et necessaria vix habent pauperes ; theatrica corporum et animorum dedecora celebrantur, et blasphematur Deus, etc. » Quelles horreurs d’exposer sur un théâtre public les amours des Dieux, les adultères de Jupiter, les infamies de Vénus, vrais ou faux !

22. (1865) Mémoires de l’abbé Le Gendre pp. 189-194

L'éloquence des saints Pères et la véhémence de leur zèle ne pouvaient être mieux employées qu’à décrier ces infamies ; mais autant cette comédie était abominable, autant celle d’aujourd’hui est-elle modeste et retenue. […] D’autres soutiennent au contraire que la comédie d’aujourd’hui, tout épurée qu’elle est des infamies de l’ancienne, est encore une école très dangereuse, et que ce qu’on y voit et ce qu’on y entend ne peut que corrompre les mœurs ; et effectivement on y voit et on y entend tout ce qui peut fasciner les yeux, tout ce qui peut charmer les oreilles, tout ce qui peut séduire le cœur.

23. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

C’est une chose bien singulière qu’une partie de la Nation enchantée du mérite des Comédiens, les applaudisse en public, les recherche en particulier, et les regarde comme des personnes distinguées par un talent merveilleux ; tandis qu’une autre portion les abhorre comme séparés de la société par l’infamie, et de l’Eglise par l’excommunication. […] Passons maintenant à la note d’infamie que l’on veut attacher à la profession du Théâtre. […] Si Roscius avait exercé une Profession déshonorante, le grand Orateur qui parlait pour lui, n’aurait pas eu l’imprudence de choquer les hommes les plus respectables de la République, en les mettant en comparaison avec un homme noté d’infamie.

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