/ 210
2. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. […] Le premier et le plus considérable est l'Edit du Préteur qui contenait le droit commun du peuple Romain, et qui déclare infâmes ceux qui paraissaient sur la Scène, pour exercer l'art de bouffonnerie, ou pour y faire des récits. […] écrit que Néron pour ne se pas diffamer en paraissant sur le Théâtre public, institua les Jeux Juvenaux qui se faisaient en particulier, dans lesquels plusieurs se firent enrôler, et il ne veut pas parler ni de Tragédies ni de Comédies, qui ne notaient point d'infamie ceux qui les jouaient ; mais d'un récit de vers libres et pleins de railleries, avec un mélange de ridicules Bouffonneries, de Danses et Chansons malhonnêtes, qui rendaient les Acteurs infâmes par la Loi. […] Probus, après avoir dit qu'en Grèce il n'y a point d'infamie de faire un Spectacle de sa personne au peuple sur la Scène, et que parmi les Romains cet exercice est infâme ; nous voyons qu'il ne parle que de ceux qui font un Spectacle de leurs corps, c'est-à-dire, des Mimes, Danseurs, et Bouffons, et non pas de ceux qui récitaient honnêtement les Comédies et les Tragédies. Ainsi Tertullien appelle les Mimes des têtes infâmes et sans honneur, et ne dit rien de ceux qui représentaient les Poèmes Dramatiques.

3. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Tels sont les discours impudiques qu’on y dit, les inventions diaboliques de faire réussir des desseins d’Impureté, les moyens de venger les injures, d’excuser ou louer des actions infâmes, et autres pareilles abominations. […] déclarent infâme, comme il est porté par le 3. […] ordonna qu’on les exposât aux bêtes féroces, et par tout le droit Romain ils sont déclarés infâmes, c’est-à-dire, indignes d’être reçus en témoignage, ni d’exercer Offices publics. […] Il ni en a aucune quant à la profession, et aux personnes également infâmes, et excommuniées : car de parler en rime ou en prose dans une place ou une Halle publique, cela ne change rien de la qualité des personnes ni de l’action. […] C’est premièrement que dans les Collèges le dessein des Précepteurs, n’est pas de dresser la jeunesse à la profession infâme des Comédiens, ni de leur apprendre à y gagner leur vie ?

4. (1695) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie [4 décembre 1695] « Mandement  » pp. 34-37

L’Eglise l’a toujours regardée avec abomination, et si elle n’a pas absolument rejeté de son sein ceux qui exercent ce métier infâme et scandaleux, elle les prive publiquement des Sacrements, et n’oublie rien pour marquer en toutes rencontres son aversion pour cet état et pour l’inspirer à ses Enfants. Des Rituels de Diocèses très réglés les mettent au nombre des personnes que les Curés sont obligés de traiter comme excommuniés ; celui de Paris les joint aux Sorciers et aux Magiciens, et les regarde comme manifestement infâmes : les Evêques les plus saints leur font refuser publiquement les Sacrements ; nous avons vu un des premiers Evêques de France ne vouloir pas par cette raison recevoir au mariage un homme de cet état ; un autre ne vouloir pas leur accorder la Terre sainte ; et dans les Statuts d’un Prélat bien plus illustre par son mérite, par sa piété et par l’austérité de sa vie que par la pourpre dont il est revêtu, on les trouve avec les concubinaires, les Usuriers, les Blasphémateurs, les Femmes débauchées, les Excommuniés dénoncés, les Infâmes, les Simoniaques et autres personnes scandaleuses mis au nombre de ceux à qui on doit refuser publiquement la Communion.

5. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXV. Quatrième, cinquième et sixième réflexion : passage exprès de Saint Thomas, et conciliation de ses sentiments. » pp. 88-92

Enfin, en sixième lieu, encore que Saint Thomas spéculativement et en général ait mis ici l’art des baladins ou des comédiens, ou en quelque sorte qu’on veuille traduire ce mot histrio, au rang des arts innocents, ailleurs, où il en regarde l’usage ordinaire, il le compte parmi les arts infâmes, et le gain qui en revient, parmi les gains illicites et honteux ; « tels que sonta. 2. q. 87. art. a. ad. 2. […] Il n’apporte ni limitation ni tempérament à ses expressions ni à l’horreur qu’il attire à cet infâme exercice. […] Voilà donc comment Saint Thomas favorise la comédie : les deux passages de sa somme, dont les défenseurs de cet infâme métier se font un rempart sont renversés sur leur tête, puisqu’il paraît clairement, en premier lieu, qu’il n’est pas certain qu’il ait parlé de la comédie ; en second lieu, que plutôt il est certain qu’il n’en a pas voulu parler ; en troisième lieu sans difficulté et démonstrativement, que quand il aurait voulu donner quelque approbation à la comédie, en elle-même, spéculativement et en général, la nôtre en particulier et dans la pratique, est excluse ici selon ses principes, comme elle est ailleurs absolument détestée par ses paroles expresses.

6. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Si ce n’était pas un crime de jouer la Comédie, on n’aurait pas traité les Comédiens d’infâmes. […] Cependant le même Digeste de Justinien met l’un et l’autre au nombre des personnes infâmes, et mille autres gens dont les actions ne sont point criminelles. […]  : « Les Comédiens qui jouent d’une manière honnête, ou pour se divertir, ou pour délasser les autres, et qui ne font rien contre les bonnes mœurs, ne sont point réputés infâmes. » Vous voyez donc bien que selon ce Commentateur, l’infamie ne tombe que sur les Comédiens qui jouent d’infâmes Comédies, et non pas sur ceux qui n’en représentent que d’honnêtes. […] Les Médecins mêmes, dont les enfants remplissent des places considérables dans l’Eglise, dans l’Epée et dans la Robe, n’ont-ils pas été chassés de Rome comme infâmes ? […] Quoi, disais-je en moi- même, si l’on invitait les gens à quelque mauvaise action, à se trouver en des lieux infâmes, ou bien à manger de la viande les jours qui nous sont défendus, etc.

/ 210