pourquoi les maîtres de la sagesse et de la piété en donnent-ils les premières impressions et les premiers préceptes ? […] Ainsi écarte-t-on le danger des spectacles ordinaires : mélange des sexes, parures, nudités, attitudes efféminées, discours libres, tendres, galants, passions vives, vivement rendues, qui toujours se récitant en français, font peu d’impression dans une langue étrangère.
Le Maître et le Valet jouent la Divinité différemment : le Maître attaque avec audace, et le Valet défend avec faiblesse : le Maître se moque du Ciel, et le Valet se rit du foudre qui le rend redoutable : le Maître porte son insolence jusqu’au Trône de Dieu, et le Valet donne du nez en terre, et devient camus avec son raisonnement : le Maître ne croit rien, et le Valet ne croit que le Moine Bouru : et Molière ne peut parer au juste reproche qu’on lui peut faire d’avoir mis la défense de la Religion dans la bouche d’un Valet impudent, d’avoir exposé la Foi à la risée publique, et donné à tous ses Auditeurs des Idées du Libertinage et de l’Athéisme, sans avoir eu soin d’en effacer les impressions. […] L’on sait qu’il se vante hautement qu’il fera paraître son Tartuffe d’une façon ou d’autre, et le déplaisir que cette grande Reine en a témoigné, n’a pu faire impression sur son esprit, ni mettre des bornes à son insolence.
Quelle impression neuve et forte n’excitera pas en eux le langage que Burrhus ose tenir à Néron ? […] Voici ses propres mots : « La punition des méchantes actions et la récompense des bonnes, employées de nos jours, n’était pas en usage dans le siècle d’Aristote : ce Philosophe écrivait après Platon qui bannit les Poètes tragiques de sa République, parce qu’ils remuent les passions trop fortement ; et comme il écrivait pour le contredire, et montrer qu’il n’est pas à propos de les bannir des Etats bien policés, il a voulu trouver cette utilité dans les agitations mêmes de l’âme, pour rendre les Poètes recommandables par la raison même sur qui l’autre se fonde pour les bannir : mais ce fruit, qui peut naître des impressions que fait la force de l’exemple, lui manquait. » Voilà, ce me semble, un précepte constant, dont je crois que j’ai montré l’application dans Cinna.
Je souhaiterois qu’ils retournassent les mêmes maximes de cent façons différentes, jusqu’à ce qu’enfin ils eussent trouvé la maniere la plus propre à faire impression ; & peut-être y parviendroient-ils.
Desorte qu’ils entrent sur la Scène, dans des mouvemens de colere, quand ils doivent paroître ennivrés des impressions de la joie, ou de celles-ci, quand leur rôle demande ceux-là.