Il se trouve dans les Hameaux, comme dans les Villes, des hommes méchans ; c’est le petit nombre : des hommes tièdes, qui ne semblent ni bons ni mauvais, & que les circonstances poussent tantôt vers le bien, & tantôt vers le mal ; c’est le grand nombre : des hommes droits, amis de l’ordre, & de toute chose honnête ; ils sont en plus grand nombre que les tout-à-fait méchans ; & ceux-ci, dans les campagnes, sont admirables ; ce sont les hommes par excellence. […] [L’Editeur retranche l’éloge de cet honnête Paysan, Laboureur, & Juge de son Village : il intéresserait trop peu de personnes]. […] On peut dire que ce genre de mauvaise Comédie dont nous sommes surchargés, est très inutile : outre que le commun des Spectateurs perd les deux tiers de ce que l’on dit, ces Comédies-Italiennes ne sont que de basses-farces, assez ressemblantes à nos Parades ; l’on y trouve rarement un mot d’instruction, & presque jamais rien de délicat, qui puisse dédommager l’honnête Spectateur de la mauvaise compagnie qu’on lui donne.
, s'écrie Saint Augustin, cette Déesse, que l'insolence et que la turpitude sans mesure, peut rendre favorable aux hommes, et qui ne se peut apaiser que par les Jeux Scéniques, où l'effronterie est à un si haut point, qu'auprès d'eux tous les autres peuvent être honnêtes. […] « Flore ayant acquis de grandes richesses par ses débauches, fit le Peuple Romain son héritier, et ordonna une certaine somme, dont les intérêts seraient employés tous les ans à la célébration du jour de sa naissance, pour la dépense des Jeux qu'ils nommèrent Floraux ; et parce que les Romains ne les trouvaient pas honnêtes, ils leurs donnèrent son nom, afin que la turpitude fût couverte de quelque apparence d'honneur, et feignirent qu'elle était la Divinité des fleurs qu'il fallait avoir favorable, afin que les arbres et les plantes pussent heureusement fleurir et fructifier ; et c'est cette Nymphe nommée Claris Epouse de Zéphire, dont parle Ovide en ses Fastes. […] D'où vient que les honnêtes femmes en détournaient quelquefois leurs yeux, pour ne point regarder lesDonat.
Il est certain que la République d'Athènes n'a jamais rien prononcé contre ceux qui représentaient sur la Scène les Comédies et les Tragédies, ni contre ceux-là même qui dansaient les Mimes les plus ridicules, qui jouaient les farces les moins honnêtes, et qui faisaient les bouffonneries les plus insolentes, qu'elle a toujours considérés comme les suppôts de Bacchus dévoués à son service, employés à la pompe de ses cérémonies, et qualifiés Technites, c'est-à-dire, Artisans, Ouvriers et Ministres de ce faux Dieu ; elle ne rendit jamais les uns ni les autres incapables d'aucunes charges de l'Etat, et ne voulut point les priver des droits les plus honorables de leur Bourgeoisie. […] engagés aux Jeux Scéniques, par la faiblesse de leur sexe de recourir à la bonté de l'Empereur, pour être restituées en leur premier honneur et bonne renommée, quand elles voulaient retourner à la pratique d'une vie honnête, ce qui témoigne assez que l'infamie ne s'était point étendue sur les Comédiens ni sur les Tragédiens, parce que les femmes n'y jouaient point, et que ces Acteurs étaient bien plus modestes et plus estimés que tous les Mimes et Bouffons de ces Jeux, on leur eût bien plus facilement accordé cette grâce, et cette loi ne les eût pas oubliés s'ils avaient été compris en celle dont la sévéritél. […] Et les Atellans étaient les derniers, leurs Poèmes ne contenant que des railleries et des actions plus satiriques et moins honnêtes, quoi qu'ils y aient gardé toujours quelque modération.
Mais, comme il y a douze heures au jour, elles se peuvent tellement diviser que nous pouvons et prier Dieu et nous récréer de quelque honnête passetemps, entre tous lesquels je n’en sache point de comparable à la comédie, ou plus tôt à la tragédie, puisque c’est l’unique poème où nous avons arrêté nos graves et sérieuses actions, laissant la comédie (cloaque d’impudicité) en l’état où les étrangers l’ont réduite aujourd’hui, à ceux qui la voudront voir ou exercerm. […] Thomas, de l’autorité duquel je me fusse contenté s’il eût été simplement question de vous prouver que la libéralité est plus honnête que l’avarice, le parler plus nécessaire que le silence et la vertu plus louable que le vice, car cela se défend assez de soi. […] Les assemblées publiques qui se font à notre sujet y répugnent duab tout, vu qu’il n’y a rien, disait Lycurgue, premier et plus grand législateur de son temps, plus propre et nécessaire à la manutention de la paix que la société, occasion qu’il contraignitac ses citoyens de manger tous ensemble le brouet lacédémonien à la manducation duquel l’honnête familiarité et la paisible société suivies des graves discours de ces doctes personnages servait comme d’entremet, de sauce, d’appétitad et de friandise et délicatesse à cette soupe noire, fade et de mauvais goût.
Cinquièmement, supposé, dit encore Tertullien, qu’il y ait dans les Spectacles quelque chose d’honnête, de généreux, etc. les Chrétiens ne les doivent regarder que comme un miel enluminé dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort : « Je22 veux, dit-il, que dans ces Spectacles tout y soit honnête ou généreux, néanmoins ne laissez pas de considérer ce qui s’y passe comme des rayons de miel tirés d’un vase envenimé, et que l’amour du plaisir n’ait pas tant de pouvoir sur vous que la crainte qu’il y a dans sa douceur. […] Les Comédies les plus honnêtes sont toujours mêlées de quelques transports de passions, de quelques artifices et intrigues mauvaises pour y réussir, et l’on montre par là le chemin aux personnes qui peuvent être un jour possédées de pareilles passions de se servir des mêmes adresses pour obtenir l’accomplissement de leurs mauvais désirs. L’on détruit souvent ce qu’il y a d’honnête dans ce qui fait la matière de la Comédie, par des discours profanes, pleins de dogmes et de maximes Païennes ; et bien loin de purifier le Théâtre par des sujets honnêtes qu’on y représente, on profane au contraire l’honnêteté des sujets par des fictions d’amour, par des paroles lascives ou trop libres qu’on y mêle. […] On ne peut point appeler des ouvrages tout à fait honnêtes, dans lesquels on voit des intrigues d’amour, de vengeance, d’ambition ; que l’on commence, que l’on continue, que l’on achève avec beaucoup d’artifice, et d’adresse d’esprit, que l’on accompagne de belles paroles, que l’on représente avec des actions vives avec une prononciation agréable, ce qui imprime plus facilement, et plus fortement le mouvement de ces passions dans le cœur des spectateurs. […] Première Partie, Chapitre 23, de son Introduction, il dit que les Comédies même honnêtes sont dangereuses et nuisibles à la dévotion.