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197. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

Mais il ne lui faut pour cela que la portion d’intelligence accordée au commun des hommes. L’intelligence, on le sçait, est le premier, le plus essentiel des talens pour tout homme qui veut se distinguer dans les Sciences & dans les Arts. […] Si ces Grands Hommes sont supérieurs en lumières au Comédien, pourquoi leur refuseroit-on une plus parfaite connoissance de leurs propres ouvrages ? […] Nous aurons un homme d’une vûe, d’une intelligence fort ordinaires, & un bon Comédien. […] Presque tous les hommes, & surtout les moins estimables, prennent dans le discours, des principes & des sentimens vraiment héroïques.

198. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

L’influence que les ecclésiastiques ont reprise depuis quelques années était utile pour le bien de la religion, c’est une vérité que tout homme sensé reconnaîtra avec empressement, parce que après la révolution funeste que la France a éprouvée, tous les principes de morale se trouvant bouleversés et anéantis, il était salutaire pour la nation qu’un corps respectable dans la société se vouât à leur rétablissement, à leur propagation. La religion chrétienne renferme dans ses principes, dans ses éléments, tout ce qui mène l’homme au bonheur, tout ce qui le rend cher et utile à ses semblables, et la pratique de toutes les vertus qu’elle consacre et qu’elle commande, ne peut que fortifier les nations qui vivent dans sa foi. Le livre de l’Evangile est l’asile le plus assuré des peuples et des rois ; en le méditant, chacun y rencontrera le doigt d’un Homme Dieu, qui a su établir des droits et prescrire des devoirs ; comme homme il a senti combien l’indulgence et la miséricorde étaient nécessaires aux autres hommes ; comme Dieu il a offert, par les principes qu’il a tracés, les moyens de trouver le bonheur ici-bas, et de s’ouvrir la voie à une vie plus longue et plus glorieuse. […]  : Prenez garde de pas tomber dans l’erreur, mes très chers frères ; vous avez les constitutions des apôtres et des hommes apostoliques, vous avez les saints canons, jouissez-en, mettez-y toute votre force, prenez plaisir à les lire, considérez-les comme vos armes, afin que par leur secours et par le soin que vous prendrez de les avoir toujours devant les yeux et de les suivre avec ferveur, ils vous servent d’armes capables de vous défendre contre toutes les attaques des ennemis de votre salut ; car ce serait une chose tout à fait indigne d’un évêque ou d’un prêtre, de refuser de suivre les règles que l’Eglise, où est le siège de Saint-Pierre, suit et enseigne. » On voit que ce souverain pontife s’écrie que ce serait une chose tout à fait indigne d’un évêque ou d’un prêtre de refuser de suivre les règles de l’Eglise ; Or, il est manifeste, cependant, que les évêques et les prêtres ont enfreint ces lois et ces règles, et que le chrétien, dans l’amertume de son cœur, voit l’Eglise désertée par les chefs propres de sa milice ; car tous les canons que je viens de citer et qui font la base constitutive de la discipline des ecclésiastiques, sont totalement inobservés, et peut-être méconnus ! c’est une véritable calamité que le zèle des hommes fervents, qui demeurent encore dans la maison du Seigneur, doivent s’empresser de réparer.

199. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21

Reconnoît-on sous ce masque ces hommes dont Dieu brisera les os, &c dans le sang desquels il lavera ses mains  ? […] Il leur met dans la bouche des discours indignes des héros du Christianisme, qui ne sont bien caractérisés que par l’humilité, & qui ne conviennent qu’à ces prétendus grands hommes de l’Antiquité payenne. […] Quels reproches d’après les principes de ce grand homme, n’aurions-nous point encore à faire à la Comédie sur les couleurs brillantes qu’elle prête à la jalousie & à la vengeance ? […] Un homme assiste à la Comédie ; il est témoin de l’oprobre dont on couvre la patience qui supporte les injures.

200. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

si les dieux avaient eu une volonté malfaisante pour les hommes, quel don plus conforme à ce dessein auraient-ils pu leur faire que celui d’une foule de passions, l’injustice, l’intempérance, la luxure, dont la raison n’eût pas été la maîtresse ? […] Le spectacle ne plaît que par la représentation des hommes vicieux. […] Martial se moque agréablement d’un homme sage qu’il a rencontré dans l’amphithéâtre : ce lieu n’étant point le séjour de l’innocence et de la vertu, la sagesse d’un Caton aurait bien de la peine à s’y soutenir. […] Malgré son attachement pour Homère, de la lecture duquel il s’était nourri dès l’enfance, il ne peut se résoudre à faire grâce à cette foule d’hommes tragiques, dont il est le chef et le maître.

201. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXIV.  » pp. 482-483

Le besoin que les hommes ont de se divertir n'est pas de beaucoup si grand que l'on croit, et il consiste plus en imagination ou en accoutumance, qu'en une nécessité réelle. […] Les hommes de ce temps-ci n'ont pas l'esprit autrement fait que ceux du temps de S. […] Un homme qui a bien travaillé est satisfait quand il cesse de travailler, et il se divertit à ce qui le désoccupe.

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