Il n’a du goût que pour le vice. […] Il est dans toutes les villes des modeles d’élégance, des oracles de goût, de mode, de parure, à qui tout se pique de ressembler. […] Elles y ont de la dextérité ; le goût de la parure naît & croît avec elles ; on ne neglige rien pour le cultiver. […] Trop heureuses quand elles savent se moderer, & ne pas aller au théatre en entretenir le goût, & chercher les modeles ! […] La simplicité eût été plus du goût du pauvre.
Le goût de la multitude pour les Atellanes & pour les farces des Mimes empêcha la perfection de l’Art dramatique. […] Le goût des Spectacles en fut un qui pénétra dans toutes les Provinces Romaines. […] Le goût des folles fictions, que nous appellons la Romancie, date de loin. […] Le rafinement du goût corrompu des Villes, les maximes scandaleuses de la Cour, l’appareil du luxe & la morale épicurienne. […] Un goût de débauche domine toujours dans le rôle qu’ils leur font jouer….
Les changemens arrivés par tout l’Univers, dans les langues recues, dans les mœurs, dans le goût, ne l’ont point fait oublier. […] La raison qui me le fait croire ést toute simple, c’est qu’ordinairement les Auteurs ne traitent que des sujets analogues au goût de leur tems. […] Dacier, qui fut plutôt d’Athènes que de Paris 3 , a tombé dans la même faute, si toute fois c’en est une ; on doit s’en prendre à l’éxcessive admiration qu’il ressentait pour les ouvrages de notre Philosophe, loin de soupçonner la justesse de son goût : si l’Auteur Grec avait soutenu que le blanc est noir, Dacier & la foule pédantesque des Commentateurs se seraient aussitôt mis à crier la même chose.
« Voilà d’où naît la diversité des spectacles selon le goût des diverses nations. […] « Une bonne conscience éteint le goût des plaisirs frivoles ; c’est le mécontentement de soi-même, c’est le poids de l’oisiveté, c’est l’oubli des goûts simples et naturels qui établissent la prétendue nécessité des spectacles. […] Mais tel est le goût qu’il faut flatter sur la scène ; telles sont les mœurs d’un siècle instruit. […] Ayant à plaire au public, il a consulté le goût le plus général de ceux qui le composent ; sur ce goût il s’est formé un modèle, et sur ce modèle un tableau des défauts contraires, dans lesquels il a pris ces caractères comiques, et dont il a distribué les divers traits dans ses pièces. […] Les continuelles émotions qu’on y ressent nous enivrent, nous affaiblissent, nous rendent plus incapables de résister à nos passions, détruisent l’amour du travail, découragent l’industrie, inspirent le goût de subsister sans rien faire.
L’ordre du collège en souffre, les études sont interrompues, la dissipation s’introduit là où il ne devrait y avoir que du recueillement, et enfin la pompe du théâtre et les déclamations tendres inspirent le goût de la vanité, et viennent à bout d’énerver les mœurs. […] Mais l’inconvénient le plus grand, parce qu’il nuit à la piété et aux mœurs, c’est le danger que ces exercices ne fassent naître dans l’esprit des maîtres et des écoliers, comme cela est naturel, le désir de s’instruire par leurs yeux de la manière dont on déclame au théâtre, de le fréquenter, et de prendre pour la comédie un goût qui peut avoir des suites bien funestes, surtout à cet âge. […] Les pièces, devenues nécessairement très rares par la difficulté de les composer, de les apprendre, de les représenter, ce goût, ou plutôt cette fureur pour le théâtre est alors peu excitée et peu satisfaite. […] La dissipation, l’esprit du monde, l’irréligion, le peu de respect pour les choses saintes, les lectures, les conversations frivoles, qui sont la suite de ce goût, et en éteignent les remords, ont armé leurs ennemis et refroidi leurs amis, et les ont refroidis eux-mêmes et dans les études sérieuses et dans l’amour de la retraite et du recueillement. […] Elle se montre ici avec ce qu’elle a de plus capable de les flatter, traînée sur un char superbe par les vertus, elle surprend les yeux par la magnificence des vêtements, l’odorat par la délicatesse des parfums, les oreilles par l’harmonie du chant, le goût même par les innocents festins qu’elle permet.