C’est à tout prendre un ouvrage médiocre, & sans le goût du libertinage & de l’irréligion qui a fait sa fortune, elle ne seroit pas sortie de la foule de trente autres poëmes qui ont autant & mieux mérité les lauriers poëtiques sans les obtenir. […] Le théatre a beau rire, il ne justifiera jamais les nudités, le fard, les parures recherchées ; il perdra les ames en inspirant ce goût, s’en faisant un jeu, un honneur, un agrément nécessaire : Quiconque à son mari veut plaire seulement, Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement. […] Sachez que d’une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu ; Que le dessein d’y vivre en honnête personne Dépend des qualités du mari qu’on lui donne, Et que ceux dont partout on montre au doigt le front, Font leurs femmes souvent ce qu’on voit qu’elles sont.
Un Auteur qui voudrait heurter le goût général, composerait bientôt pour lui seul. […] Si l’on entend, corrompre le cœur, inspirer le goût de la débauche ; cet effet ne peut résulter que de quelques Pièces, proscrites par le Plan de Réforme. […] ne voit-on pas que faire contraster le goût, les amusemens, les plaisirs d’un Peuple avec sa Religion & ses Loix, c’est chercher à détruire ces dernières ? […] Si ce goût me prenait, ne le regarderiez-vous pas comme innocent ? […] Cela se prouve par les Farces dans le goût de celle de Genest, communes à Rome sous Dioclétien.
Quel cas ne devons nous pas faire de notre Opéra qui veut bien conserver le goût du simple & du vrai, au milieu de la dépravation générale ?
Ma sœur, il ne manque peut-être à plusieurs que le goût du travail : notre siècle est celui de la paresse ; ce vice gagne tous les états : on veut jouir tout-d’un-coup, & se reposer avant de s’être lassé.
J’ai voulu me frayer un chemin et pressentir en quelque sorte le goût du Public, avant que de m’expliquer ouvertement ; et c’est dans cette vue que j’ai donné mes Observations sur la Comédie et sur le génie de Molière b : On a paru n’être pas mécontent des réflexions semées dans cet Ouvrage, et on a bien voulu me tenir compte d’avoir choisi Molière pour modèle des préceptes que j’ose y donner.