Cher écrivain, de peur qu’en travaillant à vous attirer cette réputation d’homme de bien, vous ne perdiez celle que vous avez d’être fort habile homme et plein d’esprit, je vous conseille en ami de changer de sentiment. […] Nos intérêts nous sont toujours plus chers que ceux d’autrui, et je suis si fort persuadé qu’il est fort peu de gens, dans le siècle où nous sommes, qui n’aidassent au débrisc de leurs plus proches voisins, s’il leur devenait utile ou profitable, que les coups les plus injustes et les plus inhumains ne me surprennent plus. […] Je vous aurais même conseillé de le blâmer fort d’avoir fait crier : « Mes gages, mes gages ! […] En cela je suis pour vous ; je ne me mets jamais si fort dans les intérêts de mes amis que je ne me laisse plutôt guider par la justice que par la passion de les servir. […] Je trouve cette maxime bien conçue et fort spirituelle ; et de plus, le succès m’en paraît infaillible.
Qu’on peut faire de fort belles Tragédies sans amour ; je parle de l’amour tendre et passionné des Amants. […] Cette vertu a des effets bien différents, vous savez ce que des personnes fort sages ont dit il y a longtemps de la lecture des Romansh, dans lesquels aussi bien que dans les Tragédies, on dépeint des Héros fort alangumoureux et fort vertueux. […] Voulez-vous savoir pourquoi les Tragédies Grecques épouvantaient si fort les esprits ? […] Il pourrait désirer la gloire, et être délicat sur sa réputation ; car ces sentiments naturels étant combattus par sa Religion pourraient produire de fort belles choses. […] De quelque manière que vous preniez ce que j’ai dit, vous ne pouvez nier que ce serait une chose fort à souhaiter que l’on pût réussir dans la Tragédie sans Amour.
J'ai connu le marquis, le théatin et le chevalier ; c’étaient de fort bonnes gens qui ne manquaient point de mérite ; le religieux était celui qui semblait en avoir le plus. […] Quoiqu’il ne sût ni grec ni latin, il n’avait pas laissé de faire des pièces fort estimées ; son Ésope à la cour a de grandes beautés. Le poète et le Père étaient fort irrités sans savoir de qui se venger, lorsqu'ils apprirent que la lettre avait été lue tout entière à l’Académie, et que, pour les sentiments autant que pour les expressions, on l’y avait fort critiquée. […] Quoique une compagnie dans laquelle il y a toujours eu des gens de lettres d’un grand mérite ait mis cinquante ans à le faire, il est tombé, dès qu’il parut, dans l’oubli et dans le mépris si fort qu’on n’ose le citer ; aussi dit-on que les illustres n’y avaient pris que peu de part et que c’est l’ouvrage des jetonniers. […] Quoiqu’il fût de l’Académie, loin d’être disposé à venger le dictionnaire, il désapprouvait fort qu’on l’eût mis au jour, et disait que c’était pitié de croire qu’on pût faire honneur d’un ouvrage si médiocre à un corps d’un aussi grand nom.
On ne voit rien de plus fort, de plus rapide, de plus sublime, de mieux soutenu. […] Il y a pourtant un aveu fort singulier dans la Préface. […] Les embrassades sont chez lui fort communes. […] Cette fadeur est ridicule & fort éloignée de la vérité. […] (La distance est pourtant fort grande).
Voilà ce qu’il pense, et c’est ce qu’allégua un jour fort à propos un de vos Confrères, car je ne dis rien de moi-même. C’était chez une personne, qui en ce temps-là était fort de vos amies, elle avait eu beaucoup d’envie d’entendre lire le Tartuffe, et l’on ne s’opposa point à sa curiositéh, on vous avait dit que les Jésuites étaient joués dans cette Comédie, les Jésuites au contraire se flattaient qu’on en voulait aux Jansénistes, mais il n’importe, la Compagnie était assemblée, Molière allait commencer lorsqu’on vit arriver un homme fort échauffé, qui dit tout bas à cette personne : Quoi, Madame, vous entendrez une Comédie, le jour que le Mystère de l’iniquité s’accomplit ? […] Reconnaissez donc, Monsieur, que puisque nos Comédies ressemblent si fort aux vôtres, il faut bien qu’elles ne soient pas si criminelles que vous dites. […] Mais, Messieurs, il n’est pas que M. le Maistre n’ait fait des Préfaces, et vos Préfaces sont fort souvent de fort gros Livres. […] Vous vous étendez fort au long sur celle qu’on a faite de Térence, vous dites que je n’en puis tirer aucun avantage, et que le Traducteur a rendu un grand service à l’Etat, et à l’Eglise, en expliquant un Auteur nécessaire pour apprendre la Langue Latineo.