Bernardin se plaint avec feu d’une chose qu’il dit fort commune de son temps en Italie ; ce sont les queues traînantes des robes des femmes. […] Il faut de temps en temps deployer sa robe & avec ses bras étendus, faire comme la roue du Paon, d’où vient le mot se pavaner, s’étaler, se complaire en soi même ; & Bernardin plus severe les compare à la queue des animaux dont parle l’Ecriture ; à la queue du serpent & du scorpion, pleine de venin ; à celles des renards, auxquelles Samson attacha des flambeaux allumés pour bruler la moisson des Philistins ; à celle du dragon de l’Apocalipse, qui en tombant du ciel entraîne avec sa queue la troisieme partie des étoiles, c’est-à-dire, les Anges qu’il a séduit : comme une actrice allume le feu, séduit les cœurs, les entraîne dans ses filets : Va qui trabitis iniquitatem in funiculis. […] Tu voles au gré de tes vœux, l’émail de ces rives fleuries A peine suffit à tes feux ; Comme toi papillon volage, Je n’ai de loi que mes plaisirs, L’amour cause trop de soupirs, Il en faut faire un badinage Par l’inconstance des désirs. […] On voit les queues serpenter sur le théatre, se croiser entr’elles à mesure que les danseurs passent & repassent, suivre ses pas & la mesure, comme une danse de serpens, voltiger galamment quand ils sautent, rouler rapidement & faire la roue quand ils font la cabriole ; & quand on y a attaché des brillans, ce sont des feux folets, des étoiles éteincellantes qui marquent les pas des actrices & leurs entrechats.
BRISARD, en 1758 : Du feu, du feu, bon Vieillard, & vous serez adoré. […] MOLÉ, en 1761 : Pour vous, il faut vous modérer : moins de feu, plus de naturel ; il ne vous manque, pour être un parfait Acteur, que d’exciter plus le sentiment que l’admiration, & d’être moins applaudi. […] SAINVAL, 1767 : Un geste forcé, des grimaces, peu d’organe, point de grâces ; mais du feu, peut-être de l’âme.
Les nouvelles publiques, décembre 1774, disent, le deuil du feu Roi étant fini, les comédiens françois & italiens vont recommencer leurs voyages à la cour, pour jouer devant le Roi & la Famille Royale. […] C’étoit l’unique étude du feu Comte, & l’emploi utile d’une fortune considérable dont il jouissoit, & que Dieu ne lui avoit pas donné pour cet usage. […] Le fonds est très-peu de chose : il a fallu pour fournir trois actes implorer le secours du machiniste, & faire jouer toutes les machines, magiciens, démons, dieux, génies, pluie de feu, foudre, tremblement de terre ; on a même fait venir une épisode des amours de Bacchus & d’Ariadne, qui tient un acte, par une belle entrée triomphante qu’on leur accorde. […] C’est-à-dire, de savourer à longs traits tout ce qui allume le feu de l’impureté ; & cependant encore on dit fierement qu’on suit les loix de la décence, parce qu’on s’abstient de termes grossiers, quoiqu’on fasse les peintures les plus voluptueuses, les descriptions les plus lascives, & qu’on ne perde pas de vue les objets les plus indécens. […] Que signifient ces paroles, l’ame est une étincelle allumée au feu des yeux d’une femme ?
Il est certain que nous n’avons point reçu les yeux pour allumer en nous les feux de la concupiscence, ni les oreilles pour écouter de mauvais discours, ni la langue pour la médisance, ni la bouche pour la gourmandise, ni l’estomac pour la débauche, ni les mains pour dérober, ni les pieds pour courir au crime. […] Au commencement ces livrées n’étaient que de deux couleurs ; l’une blanche qui était consacrée à l’hiver, à cause de la blancheur de la neige : l’autre, couleur de feu qui était consacrée à l’été, à cause des rayons du soleil. […] ce jour où tant de superbes et antiques monuments de l’orgueil humain seront anéantis, et toute la terre avec ses habitants sera consumée par un déluge de feu. […] Ajoutez tant d’orgueilleux philosophes, qui se glorifiaient du nom de sages, maintenant tout couverts de feu en présence de leurs infortunés disciples, à qui ces maîtres insensés tâchaient de persuader, qu’il n’y avait point de providence ; que nos âmes n’étaient rien, ou que jamais elles ne se réuniraient à nos corps. […] C’est alors que les superbes cochers du cirque frapperont davantage notre vue, élevés sur un char de feu, et tout environnés de feu eux-mêmes.
Notre siècle s'attachant à des fables e à de vains amusements, ne prostitue pas seulement les oreilles et le cœur à la vanité ; mais il flatte aussi son oisiveté par les plaisirs des yeux et des oreilles ; et il allume le feu de l'impureté cherchant de toutes parts ce qui est propre à entretenir les vices.