Ce feu toujours couvert d’une trompeuse cendre, S’allume au moindre souffle et cherche à se répandre.
Ce feu toujours couvert d’une trompeuse cendre, S’allume au moindre souffle, et cherche à se répandre. […] Combien de jeunes gens, s’ils voulaient être sincères, avoueraient que sans le secours des spectacles, ils n’auraient pas si tôt perdu une certaine retenue qui tient en garde contre les premières atteintes de cette passion ; que c’est la Comédie qui leur en a développé tous les mystères ; que c’est là qu’ils ont pris leurs premières leçons de galanterie, et qu’ils y ont appris l’art de faire parler des feux, inspirés, il est vrai, par la nature ; mais que leur simplicité ne pénétrait pas, ou que leur timidité n’osait faire éclore. […] Poète par goût, plus que par étude, ce fut un feu de jeunesse, non la malignité de la fortune qui le fit Comédien.
On trouve dans toutes les Vies de Moliere, que ce Comique avoit fait la traduction du poëme de Lucrece, de Rerum Naturâ ; que son valet-de-chambre ayant trouvé le manuscrit sur sa table, & ne sachant ce que c’étoit, l’avoit déchiré pour en foire des papillotes à son maître, & eu allumer le feu.
Quelquefois le Public se laisse trop séduire, sans doute, à l’art des Acteurs, à la pompe, à l’illusion de la représentation ; des Vers faibles, traînans ou montés sur de grands mots, lui paraissent admirables au Théâtre, parce qu’ils sont prononcés avec force & avec le feu du sentiment.
Desmarets, pourvu « qu’il ne lui porte point de coups qui puissent retomber sur les autres » (car c’est là ce qui vous tient au cœur), et qu’il vous laisse jouir en paix de cette « petite étincelle du feu qui échauffa autrefois les grands génies de l’antiquité », qui vous est tombée en partage.