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53. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Il faut donc que les Evêques et les Magistrats aient de tout temps été convaincus que la profession de Comédien est bien déshonorable et bien criminelle, puisqu’ils ont toujours flêtri ceux qui l’exercent d’un opprobre si honteux. […] tenu en 303. ordonne que si un de ces conducteurs de chariots, ou de ces gesticulateurs veulent embrasser la Foi, ils renoncent à leur métier avant qu’on les reçoive, et promettent de ne l’exercer jamais. […] tenu en 314. ordonne que les Chrétiens qui sont Cochers du Cirque, ou Comédiens, soient séparés de la Communion tandis qu’ils exerceront ce métier. […] qu’on ne peut exercer sans péché, jusqu’à ce qu’ils y aient renoncé comme sont les Magiciens, les Sorciers, les Farceurs.

54. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Il est vrai que le Pape ajoute que ce n’est qu’après avoir exercé pendant un an cette ignominieuse profession : « Si per annum artem illam ignominiosam exarcuerint ». […] Ces trois sources empoisonnées du vice, les trois concupiscences, y jouent continuellement leur rôle, y exercent leur empire sur l’âme. […] L’Eglise refuse de les admettre au nombre des Chrétiens, pendant qu’ils exercent une profession qu’elle déteste ; elle les regarde comme des brebis égarées et des enfants rebelles, qu’elle ne désespère pas de ramener au bercail. » « Les Comédiennes, dit l’autre, sont des séductrices de profession ; elles ne se donnent en spectacle que pour ruiner et déshonorer ceux qui sont assez imprudents pour s’attacher à elles ; elles sont la terreur des pères et des mères. […] Libertins et séducteurs de profession, plus adroits à tromper, plus exercés à l’intrigue, ils s’en feraient moins de scrupule, et en trouveraient plus de moyens.

55. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Notre âme y déploie les décorations, fait jouer les machines, lie les scènes, prononce les paroles, dirige les gestes, trace les danses, compose les chants, habille, exerce, fait agir les Acteurs. […] L'Acteur y ajoute le coloris des gestes, des airs, des inflexions de voix, de la parure, avec un art infini et continuellement exercé, qui met sous nos yeux de la manière la plus pittoresque, ou plutôt réalise toutes ces passions de la manière la plus séduisante, et s'y donne la plus libre carrière. […] Du moins dans une salle d'armes on n'attaque qu'avec le fleuret, et on enseigne à se défendre ; ici l'ennemi seul s'exerce et attaque avec l'épée à deux tranchants la plus acérée : le malheureux spectateur n'apprend qu'à se désarmer et à se livrer avec plaisir au coup mortel. […] des hommes les plus passionnés, les plus licencieux, les plus exercés, en admettre sans discernement, ou plutôt avec empressement, tous les mouvements les plus vifs qu'imagine l'Auteur, qu'exprime l'Acteur, qu'applaudit le spectateur, rassembler contre lui une armée entière, et se réjouir d'en être la proie ?

56. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Cette piéce eut alors un succès universel, & deux ans après Athalie, quoique fort supérieure, & jouée par les mêmes personnes, beaucoup mieux exercées, n’en eut aucun ; ce fut le contraire à Paris, elles demeurerent enfermées dans St. […] Un François à sa place se seroit mis à l’école de Baron, se seroit exercé sur le théatre, auroit traîné avec lui une troupe d’acteurs, leur auroit assuré les plus riches pensions, auroit fait faire à tous ses architectes trente plans de salles de spectacle, auroit bâti la plus suberbe à Petersbourg, & dans les grandes Villes de son Empire, à Moscou, Novogorod, Astracan, &c.

57. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Elle eut bien plus de sujet d’exercer sa patience à l’égard des jeux périlleux, qui ne cessèrent qu’au siècle passé après avoir duré cinq cents ans. […] » Mais l’Eglise eut beau excommunier pendant près de cinq cents ans ceux qui s’exerçaient à ces jeux meurtriers, ils ne cessèrent, que lorsqu’en 1568.

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