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196. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Mais puisqu’elles sont si évidentes, que leurs ennemis mêmes ne peuvent les révoquer en doute, que penser de ces lieux, où les mots d’honneur & de vertu 8, sont devenus si étrangers, ou plutôt si ridicules, qu’ils excitent la risée & les huées de la populace, toutes les fois qu’on les prononce sur la Scene ? […] L’aveuglement qui a toujours été en augmentant depuis cette malheureuse époque, est aujourd’hui à son comble, de sorte que les Ouvrages des Peres du Théatre, excitent à peine un léger sourire. […] Oui, Monsieur, & les Piéces de nos grands Maîtres, & le jeu de nos meilleurs Acteurs n’excitent à présent, pour me servir des expressions du célebre Citoyen de Genêve11, que des mouvemens stériles & passagers sur nos esprits & dans nos cœurs. […] les richesses sont le souverain bonheur du genre humain, & c’est avec raison qu’elles excitent l’admiration des Dieux & des hommes  ? […] Troisiemement, je conviens avec mes antagonistes, qu’il faut des Spectacles pour les gens oisifs, je leur accorde encore qu’il en faut pour le menu Peuples, mais je suis bien éloigné de convenir que ces Spectacles, d’un genre borné, comme ils les demandent, que ces Pieces écrites en style trivial, doivent contenir des obscénités, qui réveillent les appétits blasés des uns & excitent la grosse gayeté des autres.

197. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Ces Poëtes Tragiques alloient donc directement à la fin de leur Art, ne songeant qu’à exciter une grande émotion, le véritable plaisir de la Tragédie ; parce que notre Ame, comme je l’ai dit, n’est jamais si contente, que quand elle est dans l’émotion.

198. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

L’impudence ne peut exciter que la honte et la colère dans le cœur d’un honnête homme, il n’est pas besoin d’être un Saint ni même un Chrétien, pour penser comme S. 

199. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

L’esclavage de la presse en ménageant des triomphes aux jésuites, pourrait exciter l’anarchie, et les ministres doivent craindre et prévenir également, l’anarchie populaire, ainsi que l’anarchie religieuse.

200. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Saint Thomas en ces endroits parle seulement de certains jeux de théatre, qui sont en quelque façon utiles & même nécessaires pour l’honnête récréation du monde, par maniére de délassement d’esprit ; tels que sont les piéces qu’on représente en nos tragédies, des révolutions de Régnes & d’Empires par le sort des armes ; des histoires tragiques & surprenantes, qui n’excitent que des passions nobles, comme l’admiration, par la singularité des glorieux événemens & de quelques faits prodigieux ; la compassion, par la fatale destinée de quelques illustres malheureux que le sort a outragés nonobstant leur vertu ; tantôt la joie, quelques momens après la tristesse & la douleur ; tous ces mouvemens opposés d’espérance, de force ou de crainte, dont la variété plaît & réjouit innocemment l’esprit sans corrompre le cœur, parceque les mœurs n’y sont aucunement intéressés. […] Mais quand ce saint Docteur parle de la comédie, telle que les Conciles & les Peres l’ont condamnée, & qu’on la représente aujourd’hui, je veux dire de ces piéces comiques & bouffonnes qu’on joue sur le théatre, où par mille artifices séduisans on excite les passions les plus déreglées, il la condamne formellement aussi.

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