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43. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

Si nous cherchons parmi les Modernes de quoi appuyer encore ce sentiment, Rousseau nous dira : « Des fictions la vive liberté, Peint souvent mieux l’austère vérité, Que ne ferait la froideur monacale, D’une lugubre et pesante morale. » Ce n’est pas qu’on prétende ici justifier la Comédie dans toutes ses parties : il est un juste milieu entre deux excès également opposés ; les uns sans aucun examen condamnent absolument ce genre d’écrire comme contraire aux bonnes mœurs.

44. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau ; l’une qu’Alceste est un homme passionné, violent, insociable ; l’autre, que dans sa vertu Molière n’a repris que l’excès. […] Mais cette même probité s’irrite, passe les bornes et tombe dans l’excès. Le Misanthrope déraisonne et devient ridicule, non pas dans sa vertu, mais dans l’excès où elle donne. […] Voilà, dis-je, cet amour dont les excès sont inévitables. […] Cénie, Mélanide, l’Oracle, c’est là, dites-vous, qu’on respire le poison d’un amour dont les excès sont inévitables.

45. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Sertorius, qui est si vivement amoureux de Viriate, quoique dans un âge avancé, et malgré son expérience, n’est rien moins que tranquille dans sa passion : en sorte que je ne trouve pas qu’il y ait une assez grande différence entre ces deux Amants et les Amants ordinaires de Théâtre ; pour que le Poète ait eu lieu de s’excuser dans sa Préface, de n’avoir pas donné dans un excès que l’on aurait peut-être souhaité, en les faisant extravaguer davantage, et en leur prêtant toutes les fadeurs ordinaires aux Amants de Théâtre. […] L’action de la Tragédie de Médée, n’est que la vengeance qu’elle prend de l’insulte que Jason lui a faite, en la renvoyant ; et la catastrophe de l’action est l’excès de son crime ; c’est ce crime qui seul doit attacher les Spectateurs, et faire sur eux une vive impression. […] Il semble d’abord que cette Pièce ne nous présente pas une passion d’amour, telle que nous la demandons pour le Théâtre de la réforme ; c’est-à-dire, une passion qui porte à de si grands excès qu’elle inspire l’horreur, et devienne par là propre à corriger et à instruire : cependant, si on y fait attention, on trouvera que cette première impression n’est pas conforme à la vérité. […] Pour ce qui est de la passion de Jugurtha, on ne peut pas disconvenir qu’elle ne soit infiniment instructive par son excès ; parce que c’est le transport effréné de sa passion, qui donne la mort à son rival, à sa Maîtresse et à sa propre fille, en même temps.

46. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Les malheurs inévitables & communs à toutes les femmes, n’épargne pas plus le théatre que la cour & la ville, ils sont même plus présens & plus certains à toutes les femmes qui se fardent puisque le tard lui-même creuse les rides, ternit le tein, le rend livide & plombé, change les traits, rend la peau dure, & precipite la chûte de la beauté naturelle ; à plus forte raison quand le crime, par le feu des desirs, la vivacité des mouvemens, l’épuisement des forces, l’excès du libertinage, portent à tous les organes des corps mortels. […] Parce que avant l’Evangile, il n’y avoit que l’adultere & la brutalité des excès, de défendus ; excès qui perdirent les compagnons d’Ulysse, mais non la modération qui sauva leur sage Roi, lequel agissoit par un motif d’humanité, qui rendoit sa complaisance nonseulement excusable, mais glorieuse. […] La sagesse prétendue, tant vantée du divin Ulysse consiste, à ne pas perdre la raison, & ruiner la santé par des excès outrés. […] Une année se passe dans cet exercice de vertu, & les excès du vice : on se lasse enfin de tout, même du plaisir.

47. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Les Officiers suivent les Actrices, & tombent dans les mêmes excès. […] Le théatre ne fit-il qu’occasionner ces excès, il seroit un très-grand mal. […] Le reste n’est qu’un pantomîme ordinaire d’une action infame, dont on a supprimé le dernier excès. […] On a beau supprimer les derniers excès de l’aventure, qu’aucun homme de théatre n’ignore, & que l’imagination supplée aussi-tôt. […] Ces monstrueux excès ne sont ils donc que licence d’opinion, luxe d’esprit, abus de la raison ?

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