leurs célibataires sont innombrables, et fort au-dessus du Clergé Romain, non seulement dans les pays Catholiques, où leurs mariages, disent-ils, sont difficiles, quoique les Ministres les épousent dans leurs assemblées, qu’ils tiennent régulièrement, que leur irréligion par des apparences de catholicité trompe tous les jours les Curés, d’ailleurs peu sévères sur les épreuves, et que sans tant de façons plusieurs entretiennent publiquement des concubines, qu’ils disent leurs femmes, mais même dans les pays Protestants, où rien ne les gêne, où leur religion et leurs déclamations contre l’état monastique leur en font un devoir, rien de plus commun que le célibat.
Ceux qui y assistent, disait-il, sans révérence, et qui s’entretiennent dans l’Eglise de choses vaines, et inutiles, ne satisfont pas au précepte, et par conséquent ils pèchent mortellement, et seraient obligés selon les Canons, de jeûner dix jours au pain et à l’eau « Fecisti quod quidam facere solent, dum ad Ecclesiam venerint. […] Je l’ai vu souvent déplorer l’état de ceux qui en retiennent plusieurs, quoique simples, l’un étant suffisant pour les entretenir selon les bornes de la tempérance Ecclésiastique. […] Et pour ce qui regarde les pensions, il faut convenir , dit ce Prince, que la pension étant ce qui reste après la subsistance du Titulaire devrait être employée par lui, s’il en jouissait, à entretenir, et soulager les pauvres, ou à pourvoir aux nécessités de l’Eglise ; et qu’ainsi le pensionnaire ôte aux pauvres, ou à l’Eglise ce secours. […] L’utilité qu’il retirait de ces saintes occupations, lui faisait dire souvent, qu’il n’y a rien qui nous fasse mieux supporter les maux avec patience, et qui entretienne plus fortement la pureté dans nos âmes, que la science du Christianisme. […] « Pourquoi voudrait-on traiter les Poèmes dramatiques « avec plus de rigueur que les autres spectacles de l’antiquité, que les Empereurs Chrétiens ont entretenus longtemps, après leur avoir ôté tout ce qu’ils avaient du Paganisme ?
Tout y estoit mâle, & très propre à entretenir les sentiments guerriers du peuple le plus belliqueux de la terre : jusques là qu’on prétendoit par cette même raison, que les Chrétiens y pouvoient assister, sous prétexte qu’estant d’une profession à estre toujours prêts à mourir, expeditum morti genus, Tert. la vûë de ces combats sanglants & de ces morts généreuses les pouvoit entretenir dans cette courageuse disposition.
Les Chapitres 13 & 14, couvrent de ridicule un des abus de la peinture ; c’est d’adresser la parole à des tableaux, des statues inanimées, comme si c’étoit des personnes vivantes ; tant, il est vrai, que les images entretiennent la passion jusqu’à s’épencher en vains discours, à des actes sans vie, qui ne peuvent ni leur répondre, ni les entendre ; non erubescit loqui cum ille qui est sine animâ, il demande la protection d’un bois mort, pro vila rogat mortuum ; car ils ont des yeux, & ne voient pas ; des oreilles, & n’entendent pas ; des pieds, & ne marchent pas ; des mains, & ne touchent pas ; une bouche, & ne parlent pas. […] Ce n’est donc qu’une passion insensée, qui excitée par son objet, se réalise dans l’imagination, se satisfait réellement, & le plus souvent les entretient en les repaissant de chimeres.
Il y auroit même un grand inconvénient, on auroit la facilité de blâmer le Prince, de satyriser les Ministres, de décrier le gouvernement, d’entretenir le mécontentement du peuple sous le voile de quelques traite historiques ou de quelque négociation. […] Un ballet qui tient à l’action est une espece de scene moins fatiguante, qui entretient l’attention & l’intérêt.