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73. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Comme les troupes de Comédiens ne sont composées que de gens de la lie du peuple, que la misère ou le vice y ont fait entrer, personne n’a intérêt ni de refuser ni de poursuivre de pareils héritages. […] Il quitta enfin l’infâme métier de Comédien, et entra au barreau. […] La Chambre des Comptes n’en fut pas plus contente, elle fit la même difficulté de le recevoir que firent à Lully, son associé, les Secrétaires du Roi, quand il voulut entrer parmi eux : « Il n’est pas, disait-on, de l’honneur d’une compagnie si respectable d’admettre un Comédien. […] Il en fit encore fustiger un autre aussi célèbre, dans sa maison, à la vérité, mais ordonnant que les portes fussent ouvertes, et que tout le monde pût y entrer pour en être témoin.

74. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

N'est-ce pas une preuve bien convaincante, et, quoiqu’il sache bien que, de quelque nature que soient les crimes que nous avons commis, nous devons toujours avoir de la confiance à la miséricorde de Dieu, et par conséquent ne désespérer jamais de notre salut, il soutient qu’il n’entrera jamais dans le paradis, parce qu’il a supposé des sacrilèges et des abominations dans son Festin de Pierre. […] Car vous m’avouerez, quelque scrupuleux que vous soyez, que vous ne trouvez rien à reprendre dans la réception qu’on fait à Monsieur Dimanche : il n’est pas plus tôt entré dans la maison qu’on lui donne le plus beau fauteuil de la salle, et quand il est près de s’en aller, jamais homme ne fut prié de meilleure grâce à souper dans le logis.

75. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Et d’effet la Reine la prit par la main et la fit entrer dans le Palais la baillant en garde à une des anciennes Dames, et dit-on qu'elle la mettra Religieuse en l’un de ces Monastères où elle peut aller de son palais à couvert par des Corridors. […] On tenait que le père et la mère de cette fille iraient se jeter aux pieds du Roi et de la Reine pour demander leur fille qu’ils tenaient pour leur trésor, et qu’ils ne pouvaient se résoudre à la voir entrer dedans un Monastère.

76. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Pour bien comprendre ce que nous venons d’avancer, il ne faut que considérer quelles impressions font sur l’âme les images les moins animées par elles-mêmes, et quel est le sentiment naturel qui accompagne la lecture d’un événement profane, la vue d’une peinture immodeste ou d’une statue indécente : si ces objets, tout inanimés qu’ils sont, se retracent naturellement à l’esprit, si on ne peut même en sentir toute la beauté et toute la force sans entrer dans la pensée de l’auteur ou dans l’idée du peintre, quelle impression ne font pas les spectacles, où ce ne sont pas des personnages morts ou des figures muettes qui agissent, mais des personnages animés, qui parlent aux oreilles, qui, trouvant dans les cœurs une sensibilité qui répond aux mouvements qu’ils ont tâché d’y produire, jettent toute une assemblée dans la langueur et la font brûler des flammes les plus impures ! […] On n’est pas longtemps à chérir ce que l’on voit représenté avec tant d’art ; le cœur ouvert à la séduction reçoit bientôt le trait qui le blesse ; et tel qui était chaste avant d’entrer au spectacle, n’en sort point sans cesser de l’être.

77. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Une précaution des plus essentielles, si l’on veut faire représenter, c’est de n’y faire point entrer la passion de l’amour, quelque honnête et légitime qu’elle puisse paraître. » M. […] La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté. […] Il était réservé à notre siècle de voir de semblables horreurs, et à la Société de les enfanter, etc. » Ce n’est pas à nous assurément à entrer dans les affaires des Jésuites ; nous ne rapportons ce morceau que pour faire voir ce que les Magistrats pensent de la comédie, même des collèges, combien ils la croient opposée au respect dû à la religion, à la pratique des vertus chrétiennes, et à la bonne éducation de la jeunesse.

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